J'aime les hommes et alors ?

Il s'appelait Luke. Je m'en souviens parce qu'il portait le même nom que mon chien décédé la veille de notre rencontre. Sur le coup ça m'avait provoqué un choc, comme si les fantômes du passé revenaient me hanter. Je n'ai compris que plus tard que le sentiment, cet électro-choque, celui que j'avais ressenti ce jour-là, portait un nom bien précis. Ce que le commun des mortels appelait "coup de foudre". J'aimais les hommes et je ne l'assumais pas. J'avais peur de la réaction des autres et qu'on finisse par me rejeter comme on jette un papier froissé à la poubelle. Ma plus grande frayeur fut de me retrouver à la rue quand mes parents apprendraient la vérité. Du jour au lendemain, prisonnier de ma chrysalide, je me suis rendu compte que dans ma peur du jugement des autres, j'avais fini par m'isoler. Ce n'est que par la présence de ma meilleure amie que j'ai réussi à m'en tirer. J'étais gay et elle s'en fichait. Elle m'aimait pour tout ce que je lui avais apporté dans sa vie et je ne l'ai jamais assez remercié pour ça. C'est grâce à elle que j'ai réussi à m'accepter tel je suis et à avouer à mes parents ce que j'étais vraiment. S'ils furent déçus, ils ne le montrèrent pas et encensait la nouvelle du mieux qu'ils pouvaient. Au final, je leur doit tout malgré le fait que mes sentiments pour Luke ne furent qu'un amour à sens unique. Aujourd'hui, je suis marié et j'ai deux beaux enfants, ma vie ne pourrait pas être meilleur...

"Je m'en fiche que tu sois gay, hétéro, noir ou blanc. Je t'aime pour ce que tu es à l'intérieur, le reste a autant d'importance à mes yeux que d'apprendre que tel ou tel personne a été éliminé de Secret Story."