J'aime quand

Emile Ajar

J'aime quand ça tourne dans la tête,

J'aime cet état de bien être,

J'aime quand je ne marche plus droit,

Et que je m'accroche à ton bras.


J'aime quand mes paroles sont des sons,

Deviennent des cris de guérison,

Quand tout en moi devient chanson,

Qu'il n'y a plus que l'Abstraction.


J'aime cette euphorie, cette plénitude,

Dans laquelle je suis plongée,

J'aime qu'il n'y ait plus de limite,

Jouir, rire, faire rire,

Et transgresser choses interdites.

J'aime ce drôle de rituel,

Quand je quitte sans pitié le réel.


J'aime aussi, quand au lieu de la joie,

Et de l'excitation,

L'état second devient l'inaction.

Le vide,

Et son immensité.

La tristesse, sans cesse,

La nostalgie, aussi.

J'aime que cette soirée,

Me replonge dans mes pensées,

Les plus sombres,

Et les plus compliquées.


Ça y est, la fumée entre en mes poumons.

Elle débouche toutes les alvéoles,

Dévoile des endroits secrets,

Sécrète un plaisir discret.

Je te vois en double,

Je double le débit de ma voix,

Je drible la cadence de tes pas.


Ça y est, mon cerveau se met en action,

Je fais des liens, des connexions, des théories, des abstractions,

Je réfléchis,

Je m'abandonne à mes pensées qui se façonnent.

Je me sens surpuissante,

Quand la fumée sucrée entre dans ma bouche,

Je me sens plus forte que Georges W. Bush.


Le discours s'enchaîne,

Les paroles se déchaînent,

Et l'absurde nous mène,

Vers des terrains obscurs,

Qu'avec plaisir ou explore, on creuse, on parcourt sans détour.

Ma capacité de réflexion m'impressionne,

L'écho de ma pensée dans mon cerveau résonne,

Elle est confuse mais riche,

Je dois vite démêler tous les fils, les remettre un peu en ordre,

Garder ces idées géniales, qui me viennent quand je plane.

Quitter un peu ce monde foireux,

Fumer à deux, fermant les yeux.

L'esprit tranquille,

Je quitte la spirale infernale

De l'existence qui s'emballe.

Je délaisse les tourments contre la simplicité du moment.

Il n'y a personne, juste toi et moi,

Nos deux êtres qui s'adonnent aux plaisirs éphémères

Dans le silence qui sonne, dans l'atmosphère particulière...

Mes lèvres, sous l'effet de mon souffle apaisé, frissonnent…

Il y a un nuage autour de moi.


Ça y est, je vais m'envoler, légère comme la fumée.

Je plongerai dans le moelleux du nuage,

Je m'imprégnerai de son odeur délicieuse,

Je flotterai dans les airs,

Je glisserai sur cet air…


Je m'immiscerai, vicieuse aventureuse,

Entre tes cheveux embaumés, parfumés.

Je te regarderais d'en haut, adossée au lampadaire,

Je t'écouterai un peu,

Et je nous ferai taire.


(J'aime quand ça tourne dans la tête,

J'aime cet état de bien être,

J'aime quand je ne marche plus droit,

Et que je m'accroche à ton bras)

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