James Band
claire-fontaine
Virginie retira ses escarpins, puis sa culotte. Elle aimait se mettre à l’aise lorsqu’elle rentrait chez elle. La caresse de sa jupe en soie sur ses fesses, c’était tout ce qu’elle demandait. Elle en avait besoin, cela avait encore été une longue journée. Elle passa dans la cuisine, mit à réchauffer les aiguillettes de canard aux figues qu’elle avait elle-même cuisinés la veille, et se servit un verre de Cahors, un château Gautoul qu’elle avait acquis pour respirer de plus près le beau sommelier qui lui avait servi cet été. Il l’avait prise contre le mur de la cave. Elle avait aimé sa sueur, et la chaleur du sperme dans son cul quand il avait giclé.
Virginie regarda sans les voir les lumières de la ville scintiller à travers sa baie vitrée. Elle se sentait seule. Seule à en crever.
Elle décida de se connecter. Ses mains, qui commençaient à être brunies par les ans malgré les crèmes, restaient fines et souples sur le clavier. Elle entra son mot de passe. Mot de passe, ça l’avait toujours amusé. Mais le sourire passait.
Elle s’était créé un faux profil sur Facebook, uniquement dans l’intention de baiser. Et ça marchait.
Virginie but une gorgée et soupira d’aise. Le vin lui faisait du bien. Les lettres d’admirateurs, les regards des hommes s’allumant au simple énoncé de son nom, tout cela la fatiguait. Les hommes ne supportaient pas le pouvoir qu’elle exerçait. Tous le voulaient, pour eux. Ils se vautraient sur elle, pensant s’imprégner de son succès, puis ils décampaient, leur minuscule bite entre les jambes, après avoir dégorgé dans son ventre.
Virginie avait froid. Elle ôta son chemisier vermillon, celui qui lui redonnait la pêche quand elle en manquait, ôta son soutien-gorge La Perla, et fit glisser sur ses seins dénudés un pull en mohair couleur caramel, qui faisait ressortir le vert de ses yeux. Elle regarda le reflet de son cul dans la vitre. Il tendait gentiment le tissu. Bien cambré. Ferme et étroit, il lui plaisait. Elle reporta son attention sur l’écran de l’ordinateur. Taper son mot de passe sur son Mac, ça aussi l’amusait. Taper, tapiner. C’était un peu ce qu’elle faisait. Peut-être devrait-elle se faire payer.
Elle avait été pokée 8 fois. Un petit jour. Elle s’introduisit un doigt. Elle était mouillée et elle aimait ça. Les années passaient, mais ça, ça ne changeait pas.
Sur Facebook, elle s’appelait Pénélope. Elle aimait mettre des photos d’elle, de parties d’elle-même, une cheville, un sein. Sa photo du profil la montrait de dos, à contre jour dans l’encadrement de sa fenêtre. Elle était nue, ses cheveux relevés découvraient sa nuque, et la lumière laissait juste deviner ce qu’il fallait de peau. Elle avait deux demandes d’amis. Fabien Etcheverry, et James Band. Virginie cliqua deux fois sur accepter. Fabien était un beau brun au regard charmeur, la quarantaine.
La photo de profil de James Band représentait un revolver à eau qui giclait sur l’herbe.
Virginie délaissa un instant l’écran pour aller couper le gaz sous son plat. Son ordinateur fit un petit bruit. James Band la contactait via la messagerie instantanée.
JB : Bonsoir.
Virginie ne tenait pas tellement à répondre. Elle préférait attendre. Voir ce qu’il voulait.
JB : Envie de baiser ?
Là, c’était clair. Virginie n’étant pas du genre à s’embarrasser de fioritures, elle apprécia cette entrée en matière. Et, oui, elle avait envie de baiser.
V : tu es bien outillé ?
JB : Un rêve. Et ma langue est agile. J’ai très envie de te lécher.
Virginie décida que son repas attendrait. Elle commença à se toucher.
V : mets moi ta langue. J’ai les cuisses bien ouvertes.
JB : tu m’excites. Je bande. Je m’agenouille devant toi. Ton sexe ouvert m’enchante.
Je sors ma langue. Sa pointe caresse ton capuchon. A petits coups, je le fouette avec ma langue.
V : Oui, continue
JB: Je le suce, je sens qu’il gonfle
V : Salaud, viens dans mon con
JB : J’avale ta chatte, la titille entre mes dents
V : Oui...
JB : Je lèche l’intérieur de ton con. C’est chaud. Ton odeur est forte. Je libère mon sexe
Virginie s’activa sur son siège, se frotta contre le cuir. Le trempa.
V : glisses-toi en moi, viens profond
JB : Ma langue te fouille.
V : ...
JB : Je m’enfouis en toi. Ma langue est entièrement en toi. Elle te remplie. Ma main coulisse sur mon sexe. Je vais jouir.
V : Reste en moi
JB : je me retiens encore.Te lappe comme un chien
V : Oui, suces moi!
JB : J’avale ta mouille, je te suce
V : Suce fort!!
JB : Mon sexe est tendu, il va exploser
V : Suce encore!
JB : Je lèche ta chatte, par à coups, de ton bouton jusqu’à ton trou...je jouis!
Virginie coupa la messagerie.
Elle resta sur son siège, la chatte encore chaude et gonflée. Elle aussi avait joui. Mais cela ne regardait qu’elle. Elle laissa reposer sa main entre ses jambes encore un peu, pour profiter de la chaleur, puis elle se leva. Elle avait faim.
Virginie pensa à James toute la nuit et la journée qui suivit. Elle était distraite, ça ne lui ressemblait pas. Elle se targuait d’être une grande professionnelle. Et voilà qu’à cause d’un petit con qui l’avait léchée sur internet, elle avait passé sa journée aux toilettes à se branler.
Elle avait un diner ce soir là, pour fêter l’anniversaire d’un collègue. Elle savait qu’ils la considéraient comme une chieuse, mais son aura était telle qu’il était impensable de ne pas l’inviter. Chacun pensait en secret pouvoir la raccompagner et se la faire...
Elle rentra seule. Elle se déshabilla entièrement, et déambula nue dans son appartement. Elle avait une démarche de danseuse, dû à des années de pratique avant de se lancer dans le journalisme et d’y consacrer tout son temps. Elle était restée mince, et souple, ce qu’appréciaient ses amants.
L’ordinateur était en veille. Il suffit à Virginie de relever le capot pour qu’il s’allume. La page d’accueil de son profil social apparu à l’écran. Les mots échangés hier soir y étaient encore inscrits, ornés à la fin d’un point d’interrogation. Aussitôt, d’autres mots apparurent.
JB : Où étais-tu ? J’ai envie de toi.
Virginie s’assit devant l’écran. Elle ne répondit pas tout de suite. Sa main gauche commença à jouer distraitement avec son téton. Il en voulait encore. Mais elle ? En avait-t’elle envie ?
Elle avait joui hier, et bien joui. C’est vrai qu’il avait su trouver les mots pour l’exciter, qu’il était attentif. Elle se cala dans le fauteuil, ses jambes serrées l’une contre l’autre. Puis elle tapa sur le clavier.
V : Je suis là.
JB : Si on baisait en vrai ?
Elle stoppa net. Jamais encore elle n’avait retrouvé une de ses conquêtes du net. Ils la reconnaîtraient, et fini l’anonymat. Fini de faire la salope. Mais celui-ci la tentait.
Elle commença à se caresser. Ça la rassurait, et l’aidait à réfléchir.
Virginie se décida rapidement. Elle savait où l’emmener.
V : C’est oui. C’est maintenant. Et c’est à mes conditions.
JB : C’est partit, chérie
Le club privé où Virginie avait choisit de donner son rendez-vous était derrière les Champs, à deux pas de chez elle. L’alcôve était tendue de velours de couleur rouge sombre. Une lumière tamisée la baignait avec discrétion, et la moquette, rouge elle aussi, était douce sous les pieds.
L’hôte, un homme asiatique d’une trentaine d’années au sourire sans ostentation accueillit James, l’amena dans l’antichambre et lui demanda de se déshabiller. Un fois nu, il lui banda les yeux et le fit pénétrer dans l’alcôve, s’asseoir sur le lit. Il les laissa seuls.
Virginie sentait monter l’excitation. James était bel homme. Bien plus grand qu’elle et son petit mètre soixante-trois. Trapu, épaules carrées, torse poilu, mains larges, il bandait. Sa queue était superbe. Courte et épaisse, à bien la remplir.
Elle l’approcha, lui dit de ne pas bouger, de se laisser faire. Elle le chevaucha, s’assit sur le bas de son ventre, lui frôla le visage avec ses seins, petits et légers, et referma sur ses poignets les menottes qu’elle avait apportées. Oui, ils allaient baiser. Elle, allait le baiser.
Sa vulve englouti d’un coup le pénis dressé. Virginie joua de son vagin le long de ce chibre qu’elle avait envie de traire de toute ses forces. Elle se sentait animale, son envie la consumait, elle se sentait tellement femme en coulissant autour de cette verge qui ne demandait qu’à se laisser baiser.
Le rapport fut bref. La bite explosa rapidement. Virginie jouit presque en même-temps.
Elle se dégagea, et partit, le laissant attaché, la capote sur sa verge encore ferme. A lui de se débrouiller.
Le week-end, Virginie ne travaillait pas. Elle en profita pour rejoindre une amie à Milan, redevenu calme après l’époque des défilés. Le lundi elle était de retour. Sur son écran, James l’attendait. Il voulait recommencer, lui avait laissé des dizaines de messages. Bizarrement, cela l’a toucha. Elle dit oui, même endroit. Cette fois, il n’aurait pas les yeux bandés. Elle porterait un masque. Il n’aurait que son corps, pas de baisers, seulement de la jouissance. La tendresse, elle n’avait pas de temps pour ça.
Virginie arriva en retard, elle avait envie de le faire attendre, envie de jouer. Entièrement nue, seul un masque blanc lui cachait le visage. Quelques mèches blondes, mi-courtes et bouclées, s’échappaient de son chignon, créant un halo autour de sa nuque. Ses jambes, fines et musclées, lui donnaient une allure de déesse. La légèreté de ses seins, le galbe de ses reins, firent tourner la tête de celui qui se faisait appeler James Band. Virginie le vit s’effondrer sur le lit, fermer les yeux. Trois fois, il haleta. Deux minutes après, il cessa de respirer.
Virginie, s’assit au pied du lit pour le contempler. Puis, ses lèvres formèrent son oraison : «James Band à la con».
FIN
Claire Fontaine