Jan et Morrisson -14-

aile68

Jim est à deux pas de moi, je le regarde comme si j'allais le buter. A son air, je pense qu'il m'a reconnue, et puis y a Morrisson aussi qui n'a pas changé d'un pouce, et qu'il regarde comme s'il avait vu un fantôme. Il a pâli, garde  la bouche ouverte, sans doute qu'il ne peut pas parler.

"Bonjour Jim commence Morrisson. On voulait te parler. Inutile de faire les présentations. Tu nous as reconnus.

- Laissez-moi je ne veux pas vous parler dit Jim en se dégageant.

- Allons tu vas être bien sage c'est nous qui avons des choses à te dire. Tu n'auras qu'à écouter et puis t'excuser.

- M'excuser de quoi? C'est de l'histoire ancienne!

- Pas du tout, ça me hante jour et nuit, c'est d'actualité justement je poursuis froidement alors que ça bout en moi.

- Allons dans ce bar. ça fait désordre de rester debout comme ça ordonne Morrisson.

- Qu'est-ce que vous me voulez? demande Jim mécontent.

- Jan, t'y penses encore? je lance de but en blanc.

- C'est du passé! Laissez-moi tranquille avec ça!

- Allez calme-toi dit Morrisson en le poussant vers le bar en question.

Nous essayons d'entrer le plus discrètement possible et nous nous installons à une table.

- Alors Jim, ça va plutôt bien pour toi on dirait. Qu'est-ce que tu commandes? Un café? Va pour un café dit Morrisson sans même attendre sa réponse.

- Qu'est-ce que vous me voulez? murmure Jim qui ne veut pas se faire remarquer.

- On te l'a dit on veut parler je dis. De cet "accident", comme tu sais ou plutôt de ce meurtre.

- J'étais ivre se défend Jim.

- C'est justement ce que tout le monde t'a reproché dans le temps quant à moi je ne te pardonnerai jamais je lui dis en le regardant bien dans les yeux.

- Ah oui et après?

- Briser la vie des gens, ça te laisse indifférent on dirait! je hausse le ton.

- Calme-toi Paula me dit Morrisson.

- La nuit, le jour je vois encore ces images horribles, toi qui fonces sur Jan je dis en serrant les dents. Tu as tué un jeune Jim. Un jeune qui était brillant de surcroît pas une pourriture comme toi.

- Et pour qui tu en pinçais dit Jim avec un rictus sur les lèvres qui me fait le revoir dix ans plus tôt.

- Ne change pas de sujet.

- Elle a raison Jim ajoute Morrisson.

- Vous voulez mes excuses? C'est ça que vous voulez? J'ai payé pour cet accident, c'est une erreur de jeunesse, rien de plus.

- C'est faux tu le sais très bien je dis en m'emportant. Tu t'en es bien tiré espèce de ...

- C'est bon Paula me dit Morrisson en me prenant le bras. Tu vois qu'il n'a pas changé, tu n'en tireras rien, allons-y".

J'ai envie de gifler cette crapule avec son rictus insolent. Non il n'a pas changé, il ne fait même semblant d'éprouver des remords. ça me fait rager! Quand je pense que j'ai eu des scrupules à lui parler en apprenant qu'il avait une femme et une fille. Tu parles! Morrisson a raison, on ferait mieux d'y aller. J'espérais trouver une autre personne en Jim dix ans plus tard, à moins qu'il ait un autre comportement avec son entourage, je n'en sais rien et je ne veux pas en savoir plus de ce meurtrier. J'ai juste envie d'une chose, une seule, lui cracher à la figure, ce que je fais à la surprise de Jim et Morrisson et de quelques clients qui ne savent qui regarder en premier de lui ou de moi. Sur ce je m'en vais indignée.

Une fois dehors j'ai la satisfaction de m'être ôtée un sacré poids de mes épaules, je ne peux même m'empêcher de sourire.

(à suivre)

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