Je marche et je pense...

jones

Moi, je ne regarde jamais les gens, je marche et je pense. Parce que les gens quand tu croises leur regard, ils savent qui tu es. C’est dingue mais c’est comme s’il y avait des flèches au-dessus de ma tête ou comme si c’était marqué sur mon front. Ils me demandent toujours une clope, de l’argent ou même ne serait-ce que leur chemin. Mais moi, je ne leur réponds pas, je marche et je pense, c’est tout. Je marche et je pense. Je croise des gens que je ne regarde pas. Le jour comme la nuit. Les affiches arrachées, les tags sur les murs, les larges trottoirs de la vie, c’est ça que je vois quand je marche et je pense.

Sinon je reste chez moi et je fume, et je bois. Je fume et je bois. Chez moi. Mais quand je sors, je marche et je pense. Une pensée titubée, informe. Un pas devant l’autre, je n’attends personne. J’aime ça.

A quoi, je pense ? Je ne sais pas ! Je marche et je pense, c’est tout. Ça fait longtemps que je fais ça ! Avant, j’attendais. J’attendais que d’autres fassent comme moi, mais ce n’est jamais venu. Alors, j’ai continué à faire ça. Tout seul. De toute façon, on est toujours tout seul, non ??

La journée, je sors de chez moi, je bois un peu avant et je marche sans vraiment savoir où je vais, ce que je vais voir. Je vous dis, je marche et je pense. C’est tout. Y’à dix milles pensées qui me viennent comme ça. Pourquoi ? Je ne sais pas. Les enfants, la mer, la musique, les histoires de ma vie, mes parents, les limites du monde, je ne sais pas, des tas de trucs qui me font penser à d’autres trucs. Voilà ! Je cherche pas à comprendre, je marche et je pense, c’est tout. Ça me fait du bien , je crois.

La nuit, c’est pareil. Je marche, je pense. C’est comme une obligation, je ne peux pas m’arrêter. Je regarde tout mais je ne vois rien vraiment. Je suis en alerte mais dans ma bulle. Non, je ne vois rien, c’est comme si je chantais une chanson. Je sais que c’est au refrain que tout doit se jouer mais avant je dois passer par le couplet. Oui, c’est ça, je marche, je pense, et je chante, et je dois rentrer. Parce que tout est dit.

Je pense aux 4 marches avant chez moi. Et je monte les marches. Je suis chez moi. Je fume, je bois et je vais me coucher. 

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