Je ne dirais rien.

clemstonem

On m'a toujours dis que c'était pas bien de mentir. C'est faux. Parfois, l'ignorance vaut mieux que la connaissance. On appelle ces entorses a la règle : les secrets de famille. Ils sont douloureux et violents. Dire que celui-là m'a choqué serait un euphémisme. Il m'a emplit d'une profonde colère et d'un millier de questions cinglantes qui n'attendent que d'être bombardés. J'ai envie de crier, de hurler jusqu'à que ma voix se brise. J'ai envie de comprendre puis d'oublier.

J'ai fais ce sourire crispé quand on m'a demandé si je voulais en parler.

J'ai rien à dire.

Le dégoût et la haine prolifèrent de seconde en seconde. Le pardon n'est pas une solution envisageable. Comment est-ce possible ? Incompréhension. Comment ont-t'ils pu me le cacher pendant plus de 8 ans ? J'essaie de me raisonner, mais mes poings se serrent. Pas d'excuses. Pas de rédemption. Dieu ? Mon Dieu ? Ou es-tu ? La tolérance est un luxe que je ne me paierais pas. J'assumerais de savoir et, à mon tour, je m'efforcerais de l'étouffer.

Pourtant, c'est arrivé. C'est arrivé à ma famille. Le déni n'est plus possible à ce stade. La condamnation, ma seule réaction. Il va falloir que je porte le fardeau de la connaissance. Ma conscience s'alarme, perdue. Bienvenue dans le monde des adultes. Faire semblant pour protéger. Mentir pour préserver. Je n'oublierais jamais que derrière les façades ensoleillées, il y a les orages dévastateurs. Que sous les maisons de famille, les secrets sont enterrés et bien gardés. Pourtant, le corps noyés finit toujours par remonter à la surface. Chut. Je n'ai rien a dire. 

Signaler ce texte