Je ne sais pas

Mitaine Crocq

Il ne m'a pas appris à marcher

Il ne m'a pas appris à chiquer

Il ne m'a pas montré comment mes tennis lacer

Ni même comment me raser

Il ne m'a pas inculquer, comment, comme un homme marcher

A la John Wayne me déhancher

Il ne m'a pas révélé son secret avec les femmes

Ou comment jouer de mon, de son charme

Il ne m'a pas appris la baston

Ni transmis la jouissance qu'on peut tirer du plomb

Pas plus que le goût d'une bagnole

Lancée à toute blinde dans un col

Il ne m'a pas aider à rendre mes mains calleuses

Ni même à me saisir d'une tronçonneuse

Il ne m'a pas transmis le goût du cambouis

Où comment dans un garage jouer au mécano toute une après-midi

Pourtant aujourd'hui, malgré ça

De la marche je suis le roi

De jour, de nuit

Avec, sans bruit

Seul, accompagné

D'une paire de pieds

Et même si mes pieds je peux emmêler

Ou sur des oeufs parfois marcher

La marche de l'empereur je peux endurer

Aujourd'hui enfin, je crache droit

Et ne tousse plus, une clope aux doigts

Je ne me rase toujours pas comme lui

Mais le mal rasé aujourd'hui, c'est funky

Les lacets, j'en fais le deuil

Mes Converse sont leur cercueil

Le cambouis, abandonné

Je préfère d'encre me barbouiller

Les bagnoles, m'en cogne

Je préfère sur une Buick le soleil qui donne

Capote ouverte, cheveux aux vents et grands espaces

Thelma et Louise, si vous avez de la place...

Mes mains restent douces malgré leur labeur

En témoigne la bosse sur mon majeur

Avec les femmes, toujours pas Connoisseur

Alors face à l'Homme partout je leurre

Il m'a appris comment partir

De la rancune se dévêtir

Du passé se délester

Sous les graviers s'installer, apaisé

Quand mes cahiers seront usés

Moi aussi, je partirai

La voie il a tracée

Enfin une chose qu'il m'a légué.

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