Je ne suis plus une fille en colère

laura-sg

La colère a longtemps été mon seul moteur. En serrant les dents, on sent moins les coups bas, les désillusions, les abandons.

En fait, j’étais triste plus qu’autre chose. Sans pouvoir trouver d’autre responsable que moi-même, parce qu’au fond, c’était certain, je devais bien y être pour quelque chose. Sinon, rien de tout cela ne serait arrivé, puisque ce n’était ni juste, ni justifié.

Être triste, ça craint. Ça fait faiblard, ça rend vulnérable. J’ai choisi d’être en colère, parce que je ne connaissais que ce mode de survie et que jusque là, ça ne m’avait pas trop mal réussi. Jeune et conne quoi.

À force d’être en colère, tout le temps, contre tout et tout le monde, pour continuer d’avancer et surtout garder la tête haute, j’en ai oublié les causes, j’ai confondu les visages.
Le seul qui restait reconnaissable, c’était mon propre reflet dans le miroir.
Culpabilité, doute, peur, pleurs.

Et puis, la colère reprenait le dessus. Contre qui, contre quoi, on s’en balance, ça me permettait de me lever le matin. J’étais vivante même si le néant me servait de corps.
La colère me nourrissait. Elle me nourrissait au-delà de ce que je pouvais avaler. Forcément, mon cœur est devenu boulimique. Et il a vomi tripes et boyaux.
Plus la force de haïr, plus la foi de me battre. Contre quoi déjà ? Il ne me restait que du vide. Plus de sens à rien, personne dans le coin à part mon chien.
Mes meilleures armes avaient disparu, j’étais nue, me sentais nulle. Et bordel j’avais mal au cœur bien qu’ayant a priori tout fait pour ne plus en avoir.

Bienvenue au 36ème dessous.
Petit 1 : personne n’a remarqué ma descente alors petit 2, va falloir se la jouer solo pour sortir du ghetto.

Et pour la première fois de ma vie, j’ai lâché les armes. J’étais épuisée. J’ai pris le temps de regarder le plan de bataille, c’était pas ma guerre comme dirait Sylvester. Alors qu’est-ce que je foutais encore là ?
Je ne savais pas. Je ne savais plus. Enfin si, je savais. Mais aveuglée par la colère qui m’avait conduite jusque là, j’avais complètement oublié d’écouter la voix de la dame de mon GPS personnel. Il suffisait que je reprenne la route. C’était juste un détour.

J’ai souvent cru que la lâcheté avait remplacé ma colère. Et puis j’ai réalisé que je mélangeais tout.
En fait, je suis une fille bien. Mais ça, je l’ai toujours su.

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