Je pense.

kelen

C'est un pacte de non-agression

Tu fermes ta gueule, tu brûles ton âme

Et en échange , j't'éclate pas sur le macadam

C'est un pacte pour une paix entre eux et nous

Tu dis pas que c'est moi qui t'es menacé

Et j'dirais pas qu't'as déjà abdiqué.

Voilà, c'est ça qu'on a tous signé.

Parce qu'on a pas l'courage de dire stop

Parce qu'on est tous des cloportes

Parce qu'à aucun moment on s'est posé des questions

Parce qu'à ton patron, tu sauras pas dire non.

On est tous des victimes consentantes de l'état providence

On s'accroche à des acquis sociaux qui désossent les évidences

Et on émet de simples râles quand on nous rosse

Vas y t'es pas cendrillon , remballe le carosse.

Après on s'étonne de tous ceux qui sont dans l'noir

Mais putain tu sais c'que ça fait d'se prendre le trottoir?

Tu sais à quel point ca traumatise le ciment ?

Ces gens là sont pas fous, ils sont juste conscients.

Conscients qu'c'est pas une manif de plus qui va faire briller leur ciel

Conscients qu'c'est pas une chaîne de moins qui va leur donner des ailes

Conscients qu'y'a rien à espérer ici ou ailleurs

Conscients qu'ton discours social, c'est qu'une feuille

Une feuille que tu vas griffonner cent fois

Une feuille qui donnera jamaix voix au chapitre aux sans voix.

Une feuille qui s'envole. Une feuille qui se brûle.

C'est pas tes mots qui vont fracasser l'enclume.

Alors oui. Reproche moi de ne pas te faire confiance.

Reproche moi tout et rien.

Mon manque d'assurance.

Mon manque de destin.

Reproche moi de ne pas savoir écrire des phases qui claquent

Mais quand t'as rien,

C'est pas avec plus d'emphase que tu tiens.

Laisse moi craquer à minuit ou au réveil

Laisse moi te dire que j'te maudis toi et ton oseille

Tu me reproches de ne pas sortir mes griffes

De ne pas courir droit devant ?

Mais j'ai juste peur que si j'te gifle

J'fasse orphelins tes enfants

J'ai peur de moi. De ce que j'peux contenir dans ma paume

J'ai peur que si j'explose, je viole tous les psaumes

J'veux pas prôner la haine,

Mais c'est ce qui coule dans mes veines

Explique moi juste comment tu veux que je tienne?

Engage toi? Rebelle toi ? Amuse toi ?

Quand je me suis engagée,

On m'a dit de mettre mon intégrité au mont de piété

Quand je me suis rebellée,

On m'a embarquée dans le comico pour contrôle d'identité

Quand je me suis amusée,

J'ai vu à quel point se monde était sclérosé.

Regarde les s'étourdir pour ne plus se voir crever

Dans les soirées, les gens cherchent juste à s'oublier

Les filles collectionnent les numéros de tel comme des trophées

Mais vous vous plantez !

De la chair à canon sur talon aiguilles dans des ptits débardeurs

Voilà ce qu'elles sont pour tous ces soldats déserteurs

Jusqu'ou est ce que vous allez vous pervertir pour exister ?

Est ce que t'as vraiment besoin d'faire des orgies

Pour être respectée et obtenir le statut d'humain formaté?

Parce que c'est ça qu'on te vend !

Sois belle et ferme ta gueule !

Consomme et ferme ta gueule !

Jouis et ferme ta gueule !

Engage toi et ferme ta gueule !

On te vend des espaces de libertés dans des cages dorées

Et toi tu te dis que parce que tu peux te taper toutes les positions du kama sutra

T'es libre dans ton corps et tu peux hausser la voix ?

Oui tu peux crier, à t'en rompre les cordes vocales !

Oui tu peux crier, mais dans les backrooms ta voix, c'est qu'un râle.

Moi j'ai peur de ce que j'écris.

Parce que les mots ont un sens.

Parce que j'sais plus dans quel sens le vent me plie.

Peut être que je me suis cassée la colonne vertébrale.

Peut être que j'me sens juste perdue dans un dédale.

Alors je pose des mots et j'forme mon univers

Je verse ma haine dans un pot que j'désinfecte à l'éther

Je ferme les yeux. Et je construis.

Un pavage de mots peuplé d'orties.

Vous vous piquez, mais moi j'avance.

Car quand vous dormez tous,

Moi, je pense.

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