Je pense.

compteclos


Je ne sais pas par où commencer.. A vrai dire je n'ai jamais su trouver les bons mots. Peut-être que je suis ainsi. Peut-être que ma sauvagerie me consumera toujours. Mon vice, ma vertu, mes drogues, ma vodka. Je vois défiler sur les trottoirs, des femmes en petite tenue. Et ça m'fait mal au cœur. De savoir que lorsque je fermerai les paupières, certains se feront un dernier fixe d'héro, mourant d'une overdose vingt minutes plus tard. Que de l'autre côté de la Terre, un petit africain meurt de faim, de soif, de vie. Que cette fille de joie se fera voler l'argent qu'elle a « gagné » ce soir. Que cette maman verra son nourrisson s'éteindre dans ses bras en attendant aux urgences. Que cet homme seul au bar finira ivre mort sur le trottoir, essayant de décuver l'alcool et sa solitude en repensant à ses gosses et à sa femme qui ne l'attend même plus le soir à force de l'avoir trop attendu, elle se sera lassée. Je pense à ce SDF qui essaiera de se caler entre deux poubelles, essayant de trouver de la chaleur dans sa dernière goutte de liqueur violette. Je pense à ceux qui sont en soirée, qui s'amusent, l'insouciance dans la tête et la liberté au bout des doigts. Je pense à ceux qui ne rentreront pas chez eux ce soir, car ils sont sur le front, en train de combattre ce que des propres humains osent appeler «  ennemis ». Ceux qui se feront tués ce soir même, sur ce même champs de bataille. Je pense à ceux qui souffrent, en sanglotant, dans leurs lits. Seuls, désemparés, mal dans leur peau, qui continuent à sourire à chaque lever de soleil qui se lève. Je pense à toutes ces familles vivant dans la misère, la pénurie, le manque d'argent, mais qui ne manqueront jamais d'amour l'un envers l'autre. Je pense à ceux qui font l'amour, amoureux ou non, ensemble ou non, dans la fidélité ou dans le vice, je pense à leur jouissance ultime, à leur orgasme refoulé, bien trop occupé à penser à autre chose. Je pense à ceux qui combattent la maladie, avec force et rage. Je pense à ceux, heureux, qui ne penseront jamais à moi.

Je pense à vous, à nous, à eux. A ces femmes qui découvrent leur mari dans le lit conjugal avec une autre femme. Je pense à cet homme qui se fait quitter par sa bien-aimée pour son meilleur ami. Je pense à cet homme qui bat sa femme tous les soirs, devant sa lâcheté, elle pleure, elle hurle, elle rage de ses poings qui se briseront dans son miroir lorsqu'elle regardera ses yeux marqués de noir.

Je pense à nos idéaux, à cette société qui nous consomme, que nous consumons, sans nous en rendre compte, nous courrons à notre propre perte.

Je pense à ces animaux errants qui ne trouvent pas de refuges, qui finiront écrasés comme de vulgaires feuilles d'arbres que nous ne respectons même plus, que nous ne prenons plus la peine d'admirer, que nous ne nous disons toujours pas qu'ils sont l'air que nous respirons.

Je pense à la vie, à ses bienfaits, à ses erreurs, à ses peines profondes, à sa renaissance, à son bonheur, à sa souffrance.

Je pense à la mort, le vide, le néant, l'absence, les pleurs, une tombe.

Je pense à toi, qui te lèvera demain matin pour t'engrainer dans cette société qui ne te convient plus mais dont tu fais quand même le travail, car, qui le fera à ta place ?

Signaler ce texte