Je perds le nord lorsque tu regagnes le sud

Mon esprit s'est éveillé avant mon corps, ce matin-là. 

« Elle n'est plus là », s'alarmait-il. 

Les yeux clos, j'ai posé une main à ma gauche, j'ai agrippé le vide qui somnolait à ta place.

J'ai allumé la lumière, sans pour autant être éclairée. Je n'avais pas encore salué le reflet du miroir, je n'en avais pas besoin pour me deviner terne et partiellement éteinte. Je me suis confrontée à la vision de ce lit vide, je me suis demandé si j'avais rêvé. J'ai dit à ma mémoire qu'elle était folle, d'avoir créé une telle créature. Divine... Elle s'est offusquée, me jurant qu'elle n'avait rien inventé. 

M'endormir est terrifiant, lorsque je sais que tu ne seras pas près de moi à l'aube.

« Si elle est réelle, où est-elle ? »

Mon esprit n'a pas voulu me répondre. J'imagine qu'il voulait m'épargner le nombre exact de kilomètres. J'ai recouvert l'endroit où tu dormais, si belle, hier encore. On pourrait se dire que c'est comme recouvrir un mort, ce drap qui s'abat sur nos instants, pour qu'ils ne s'échappent ni ne prennent froid. Pour m'y blottir le soir venu. Lorsque la nuit s'abattra. Lorsque tu verras le même ciel que moi. 

J'en ai voulu à l'espace-temps. Je lui en voudrai, indéfiniment.

De te rendre si lointaine, si longtemps. 

Le bonheur tarit l'inspiration. 

Je n'ai qu'à te dire avec les yeux ce que je pourrais écrire de mieux.

Le chagrin l'invite.

Il lui ouvre son antre et lui demande de mettre des mots sur des larmes. Sur chacune de celles qui perlent sur mes tempes. 

Lorsque tu me manques.