Je sais pas. Puisque tu regardes parfois

charlinette

Il a pas eu de chance, lui aussi.

Ce rêve m'a faite comprendre une chose : il a eu autant de malheurs que moi et des combats similaires aux miens. 

Quête de père, quête d'accomplissement, défaut de perception sans discuter, intelligence extraordinairement bien développée, pertes sportives sur une blessure qui survient comme ça, un jour ou on ne s'y attend pas, recherche de création : chants, histoires, récits. Recherches de dons de soi : handicap ou enfants hospitalisés... 

Je ne le connais pas, mais se peut-il que parfois, des personnes aient connues les mêmes peines et les mêmes difficultés que nous ? Ce peut-il qu'en regardant leur vie, on puisse se dire, finalement, est-ce que je ne suis pas exactement pareille que lui ? 

J'ai perdu mon père parce qu'il ne m'a jamais élevée. J'avais moi aussi pour seule porte de sortie dans cet Enfer, mes grands-parents. J'ai cherché des échappatoires, des sorties à ces prisons diverses : le sport. J'ai mené un très gros combat contre la maladie et j'ai grandie dedans. J'étais en rage contre les hôpitaux, les malades d'une façon générale et l'ensemble du corps médical et quelque part, ça n'a pas changé. ( Je les haïs toujours autant). J'ai toujours été dans ce paradoxe de sentiments comme dirait Shekspear, être ou ne pas être, telle est la question : être et souffrir ? Ou mourir en soi pour s'assurer d'aller bien ? J'ai revendiqué très jeune et très tôt les mêmes valeurs que lui : la quête de soi et de rester soi même quitte à ce que cela ne plaise pas. Ne pas changer pour plaire à quelqu'un. Reconnaître dans les pas de chacun les talents et potentiels sportifs parce que j'ai vite eu une vision de coach sportive et notamment en escalade. Moi aussi, j'ai tout perdu sur une blessure : mes études, ma vie d'avant, ma famille, mes amies, ma Savoie et mon indépendance ( le truc le plus important). Moi aussi, j'ai eu besoin de me rattacher au handicap dans le sport parce que je savais ce qu'il en coûtait de vivre aux côtés de proches ou de parents malades et dans l'incapacité de faire du sport. La chose la plus dure pour moi a été de faire du sport en sachant que le père qui m'élevait, ne pouvait pas et n'était pas en capacité d'en faire avec moi. Moi aussi, j'ai eu besoin de m'écrire pour ne pas sombrer définitivement et créer une chose nouvelles, à partir de mes expériences, de ma vie, de mon passé. C'était pour raconter, me libérer, savoir où je mettais les pieds dans ce maudit Monde, avec ces maudites personnes par moments. Je voulais écrire l'amour, l'humour, la dureté de cette vie et me consoler auprès de mon grand frère, Sylvain, celui qui en réalité, ne veut fondamentalement pas de moi, tout comme mon véritable père, d'ailleurs. 

Moi aussi, j'ai manqué d'un père. 

Et je crois que le plus gros combat de ma vie, c'est celui-là. 

Accepter qu'il est parti et ne reviendra pas. 

- parce qu'il est plus con que la moyenne internationale

Alors des fois j'me dis juste, un numéro de téléphone, c'est quoi ? Peut-être réparation. Parce que je comprends pas comment on peut prétendre donner du temps, quand on vole des droits aux autres. L'avoir, ce numéro, c'est mon droit, c'est légitime. Mais faut croire que certains hommes ne tirent jamais leçons de leur propre vie et refont les mêmes conneries avec plus jeunes qu'eux. Je trouve ça dommage, stupide et surtout, ça soulève une incompréhension totale et complète chez moi. 

Oui, c'est paradoxal.

Oui, c'est contradictoire.

Non, je ne comprends absolument pas.

C'est juste que je les connais ces Hommes-là, le père qui m'a élevée à fait pareil avec moi : toute son histoire, il l'a répété. Toutes ses souffrances, je les ai endurées. Parce qu'il a oublié sa vie et n'en a jamais tiré profit. Alors bon... je suis jeune, j'ai pas de leçons à donner. C'est juste que c'est bête d'être ce que l'on déteste au fond de soi... surtout quand on a la possibilité de s'aimer.



  • Un texte vraiment poignant !

    · Il y a environ 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

  • Texte sensible ! Mais rassures-toi, tout le monde ne réagit pas de la même façon, chacun, sa personnalité, sa sensibilité. Mon père a quitté ma mère à ma naissance et je peux dire sereinement qu’il ne m’a jamais manqué, ne serait-ce qu’une seconde. :o))

    · Il y a environ 5 ans ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Bah moi il me manque

      · Il y a environ 5 ans ·
      Default user

      charlinette

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