Je suis un dieu.

Christophe Hulé

Je suis un dieu.

Dit comme ça je tends la perche, je connais par cœur hélas.

Mais je dois m'en persuader et ne pas attendre bêtement que quelqu'un me le dise.

Je suis un dieu honni, humilié, brisé sans doute, mais un dieu quand même.

Je n'ai aucun pouvoir en ce bas monde, ou cet outre-monde qui existe peut-être, à ce jour personne n'a pu le prouver, ou n'a pu en revenir.

Je ne peux pas voler, et pourtant je peux me téléporter à des milliers de kilomètres dans des lieux exotiques que j'ai eu la chance de voir.

Pas de taxe carbone, ni d'attente interminable dans des aéroports aux allures de galerie marchande dont on ne peut sortir. Sans parler du calvaire pour les fumeurs comme moi.

Je façonne autrui à ma façon, remarquez la faute de style, enfin bref, ça ne marche jamais !

Peu importe à vrai dire, et qu'ai-je à faire d'autrui ?

On nous a créé avec cette petite coquille ridicule, plus ou moins lourde, plus ou moins solide.

Être un dieu c'est accepter ce que l'on est pas.

Si j'écoute de la musique sur la terrasse en lisant un livre, pourquoi vouloir être ailleurs ou quelqu'un d'autre ?

Pour être un dieu, il faut bien accepter d'être ce que l'on est.

Bon mais je crâne un peu, car je sais que c'est loin d'être facile.

Être un dieu n'est pas donné à tout le monde, aurait dit ma grand-mère.

Et pourtant, en réfléchissant bien, se débarrasser des contingences et surtout, excusez du peu, d'autrui, pourquoi ne pas envisager que la chose est possible ?

Aujourd'hui c'est décidé, je vais rédiger des évangiles pour moi-même.

Pas d'apôtres ni de bonne parole à transmettre, rien que pour moi !

Que ma volonté soit, je remplacerai la croix par un doigt d'honneur.

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