Je te préfère

sandrine-p

Ma préférence à moi...

C'est vrai que c'est si beau le soleil sur la mer,

Quand le jour fatigué agonise de lumière.

Et les pivoines de mai, sublimes éphémères 

Le printemps les cajole du doux du fond de l'air,

Comme c'est bon la cerise cueillie au creux du vert

Et le temps assoupi sur une heure ordinaire.

Mais à ci ou à ça c'est toi que je préfère.

Je te préfère au ciel tout autant qu'à la terre

Je te préfère au miel et au vin de mon verre.

Aux larmes versées parfois sur une page dernière 

Ou sur le clair obscur du pinceau de Vermeer.

Je me suis abreuvée à l'encre de Baudelaire 

Mais même à ces frissons, c'est toi que je préfère.

Je te préfère aux foules et aux heures solitaires 

Je te préfère aux mots, aux notes et aux mystères 

Du monde comme il va, à tout et son contraire.

J'ai soulagé parfois mon âme singulière 

Dans des reflets volés à des eaux de colère 

Pour détourner le mal du lit de la rivière 

Mais à ces simagrées, à ces fleurs de misère

À ces ruses négociées au sel de mes paupières,

Aux miracles arrachés au ciel de mes prières

Il n'y a rien à douter, c'est toi que je préfère.

Je te préfère à l'eau au milieu du désert

Je te préfère au feu qui console de l'hiver

Et même aux brises câlines des soirs caniculaires.

J'ai accosté des îles plus précieuses que des pierres

Languissantes au couchant comme le fleuve dans l'estuaire

J'ai vu des nuits sans lune devenir presque claires

À force de vouloir faire cesser cette guerre

De la nuit et du jour, ennemis légendaires.

J'ai entendu le chant des hommes sur les galères 

Qui espéraient encore que leur vie de poussière

Les ramènerait un soir à l'âtre de leur mère.

Mais à toutes ces errances, à toutes ces chimères

De tous les firmaments, c'est toi que je préfère.

Je te préfère au Sud, au Nord, au paradis 

Je te préfère à tout, des rêves ou de la vie.

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