Je te quitte et c'est définitif!

Cathy Galliègue

Ils me disent tous que tu es belle, que tu as été généreuse avec moi, que je n'ai aucune raison de me détourner de toi, que je dois apprendre à t'aimer parce que c'est ainsi, parce que tu t'es offerte à moi comme le plus merveilleux des cadeaux et que bien sûr, tout le monde le sait, il n'est pas facile tous les jours de te suivre, mais que je pourrais faire preuve d'un peu de bonne volonté.

Voilà ce qu'ils me rabâchent. Ces cons!

Aujourd'hui, c'est décidé, je vais leur écrire une belle lettre et je vais te regarder en face, je vais vous expliquer une fois pour toutes combien tu n'es belle qu'à leurs yeux, combien tu es gluante et étouffante pour moi, combien ta beauté ne fait pas le poids face à ta présence bien trop encombrante.

J'ai tout essayé. J'ai fait semblant.

J'ai souri, dansé, je me suis habillé pour te plaire et tu m'as regardé plaire à tous, fière de ton oeuvre. Ensemble, nous avons même été populaires. Ils voulaient tous être dans notre périmètre, profiter de notre aura, mais au petit matin nous nous couchions et au pied du lit, notre masque d'illusion lassait la place au vide insondable de notre misère.

Alors c'est décidé.

C'est finalement plus joyeux que douloureux et même si mes yeux dégueulent jusque dans ma bouche, si je tourne en parlant seul dans ce cloaque en m'abreuvant de gin, si je cherche l'ultime courage de me détruire encore une fois dans l'espoir vain de te dégouter et que tu foutes le camp de ton plein gré, je te le dis, non, je te le gueule, ce soir je serai le plus fort!

C'est fini.

Tu vas me quitter parce que je vais ta bâillonner, t'étouffer, je vais te serrer plus fort que tu ne l'as jamais espéré, je vais te crever, salope!

Le beau, l'intelligent, le mystérieux Guillaume, celui qui a tout pour être heureux, cet ingrat, va se débarrasser de toi.

Tu n'es qu'un mirage, je le sais! C'est fini, je ne te nourri plus, je ne suis plus ta marionnette, je ne t'héberge plus.

Ne t'inquiète pas, tellement d'autres te veulent, se battent, luttent, pactisent même avec le diable pour t'avoir même un petit peu, même à moitié, tu n'as pas fini de répandre ton instinct poisseux sur l'humanité tout entière. Donne toi à eux puisqu'ils te veulent.

Je te couche sur mon testament, je te lègue, je te donne et j'offre ma gratitude en prime. Pour moi, tu n'as pas été un cadeau et ce n'est pas ta faute.

Entre toi et moi, ma vie, mon poison douloureux, ce soir c'est fini.

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