J'en crèverais

sesortirlesdoigtsducoeur

Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai mal. Ni à quel point l'été de ma vie est hivernal.

Tu ne t'étonneras pas que je pleure en écrivant ces lignes. Tu ne t'étonneras pas non plus de me voir serrer dans la paume de ma main le collier que tu m'as donné. Tu n'en seras pas étonné parce que que tu ne le sauras jamais. Parce que plus jamais je ne saurai te dire ces choses là. Plus jamais je ne saurai te dire à quel point je souffre sans toi. Non, plus jamais je ne pourrai te dire que je t'aime.
 

Toi tu ne sais pas tout ça, mais moi je sais que je suis incapable de contrôler mes larmes quand je pense à toi, quand je repense à nous. C'est pourtant bel et bien fini. Mais dans mes rêves, dans mes plus abstraits espoirs, c'est bien toi que je serre tout contre moi. 

Je ne ressens plus rien. Je ne peux plus. Je suis un cœur de glace, un cœur sans espace. Tu ne te demandes pas pourquoi j'ai toujours l'air d'aller si bien. Tu ne te demandes jamais pourquoi j'ai toujours tant de belles histoires à te raconter. C'est pourtant clair, je ne vais pas bien et aucune de ces merveilleuses choses ne m'est arrivée. Tu me racontes à quel point la fille que tu viens de rencontrer est parfaite, à quel point tu te sens vivant. Moi je ne peux dire à personne à quel point le seul homme parfait pour moi c'était toi, ni à quel point je me sens morte à l'intérieur. Ces gens me prendraient pour une dépressive, une folle, une acharnée. Ils n'auraient pas tort. Oui je pleure parce que mes journées sont trop difficiles. Oui je dis des bêtises et parfois pense à l'impensable. Oui je m'acharne à croire qu'un jour je te reverrai, et j'admets que mes yeux sont restés dans les tiens.
 
Tu ne peux pas savoir à quel point j'ai mal. Ni à quel point l'été de ma vie est hivernal. Je confonds le réel et l'irréel, le mortel et l'immortel, je confonds mes rêves avec ma vie et mes espoirs avec mes peines. Est-ce que tu te demandes ce que nous aurions pu devenir si la vie ne nous avait pas séparés ? Moi j'y pense tous mes pauvres jours. Si des océans ne séparaient pas les terres, si des frontières ne séparaient pas les gens, et surtout si l'argent ne séparait pas les êtres chers, nous serions, j'en suis sûre, heureux et amoureux. Et tu sais quoi ? Non, tu ne le sauras pas... Mais c'est ça qui fait le plus mal. C'est de me dire que si la chance avait été de notre côté, je n'aurais pas à être seule ; je n'aurais jamais eu à cacher mes hurlements de douleur. Je ne peux plus aimer, je ne peux plus espérer. Tu étais celui qu'il me fallait. En tous points, tu étais celui qui me correspondait. De A à Z, de la tête aux pieds, du début à la fin. Je ne croyais pas aux âmes sœurs. Et un jour je t'ai rencontré. Poussés par les mêmes ambitions, portés par les mêmes passions, forgés par les mêmes convictions, regards tournés dans la même direction. Je me suis sentie pousser des ailes. Je me suis enfin crue sortie de l'enfer. Je pensais enfin avoir échappé aux pleurs et à mes peurs. Quelle erreur... 

Je ne pouvais nier l'évidence. Tu étais la moitié, ma moitié. Tu as su m'offrir les ailes dont j'avais besoin pour m'envoler, la clé pour ouvrir ma cage dorée. Comment pourrais-je décemment trouver quelqu'un comme toi, quelqu'un qui se complète tellement avec moi. Ça me brûle à l'intérieur, ça me détruit à l'intérieur. Je m'étouffe dans mes sanglots, je ne trouve plus mes mots... Ils ne sont pas assez forts. Tu étais mon trésor. Quand je pense enfin tourner la page, tout me rappelle à ton image. Et le pire est de croire à une phrase aussi stupide que " quand deux âmes sœurs se sont rencontrées, bien qu'elles soient séparées, elles finiront toujours par se retrouver ". Oui, je suis faible. Oui je me dis qu'un jour, le destin le voulant, nous nous retrouverons. C'est idiot, hein... Mais tu ne le sauras jamais. Parce que je ne peux pas te le dire. Parce que ça ne servirait strictement à rien de te le dire. Je ne peux même pas te demander si encore tu penses à moi, si toujours tu gardes en mémoire cet amour que l'on se portait. Je ne peux même pas savoir ce que tu en pensais.

Mais la seule chose que je pourrai savoir, c'est si tu viens à m'oublier. Et ça, si cela doit arriver, je ne veux pas le savoir. 

J'en crèverais.

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