J'espérais...

J'espérais que ça irait mieux, que tu irais mieux. Mais j'me suis trompée. J'espérais qu'ils avaient enfin trouvé la solution. J'espérais peut-être trop. Sûrement. Ça fait plus de deux ans que tu te trimballes avec cette merde, comme un boulet accroché à ton pied. Elle t'empêche de vivre, elle fait chier le monde ! J'me plains, mais c'est toi qui est le plus à plaindre. Et pourtant tu dis rien, tu souffres en silence.  J'dis rien non plus, mais ça me bouffe de te voir comme ça ! Ça me tue ! Tu rentres le soir, crevée. T'as tes lunettes de soleil sur le nez alors qu'il fait nuit, mais les phares des voitures te déglinguent les yeux.  Puis tu poses tes affaires, tu viens nous faire un bisou, et tu t'allonges sur le canapé. Tu mets le plaid au-dessus de ta tête, car la lumière de la télé tu ne la supportes plus. Et tu restes là, sans bouger. Tu ne viens pas manger avec nous parce que tu n'as pas faim. Parce que y a ce marteau dans ton crâne qui tambourine encore et encore. Et le matin au p'tit déj, on allume juste la lumière de la hotte, parce que celle de la cuisine est trop forte. Et on mange en silence.

Ils avaient trouvé la solution, depuis quelques semaines tu allais mieux. On avait retrouvé notre vie d'avant, celle où on peut éclater de rire sans se soucier de ce truc qui te colle à la peau et qui fait parti de toi. Mais maintenant ça recommence ! La solution qu'ils ont trouvé n'a été que temporaire ! Et tous les soirs je souhaite que tu ailles mieux, que tout ça soit fini pour de bon ! Mais jusqu'à maintenant, j'me suis nourrie de faux espoirs. J'espérais...