JESSIE . Chapitre 1 . Bonjour je me présente je m'appelle Jessie.

Jp Scriblerus

Note de présentation. JESSIE, ou Un ETE DEUX MILLE ONZE, est un roman de moeurs contemporaines. Le sexe, l'amour et Dieu. - Roman rejeté il y a quelques mois par un jury littéraire du net

Chapitre 1

Bonjour je me présente je m'appelle Jessie.

   Bonjour. Je m'appelle Jessie. Je suis une fille. Je me demande pourquoi je crois devoir le préciser. Je suis une étudiante en Lettres et, pour payer la location de mon T2 ( quarante mètres carrés, six-cents euros moins deux cents euros d'alloc. ) ma bouffe et mes études, bien que mon papa et ma maman y pourvoient quelque peu, et parce qu'aussi je veux être autonome et parce qu'enfin je veux vivre à mon aise, alors je monnaye mon corps.

   Je monnaye mon corps. Mon corps a bon air bonne mine, certes grassouillet mais comme il sied pour plaire aux hommes. J'ai la jambe longue et harmonieuse, les seins joliment ronds, et la croupe troublante. Oui je monnaye mon corps et après, ça vous dérange ? Oh ma démarche n'est pas originale aujourd'hui beaucoup de filles l'entreprennent. Nous sommes les nouvelles muses vénales de ce début de XXI ème siècle.

   Ma clef d'entrée dans ce monde du sexe, c'est Internet, l'approche y est simple, directe, conviviale, immédiate. Je puise dans le vivier des hommes et des femmes de cinquante, soixante-dix ans, oisifs et laissés pour compte ou frustrés de l'amour. A chacun ses goûts et ses facilités. Je sélectionne à partir de courts échanges en webcam et par mails.

   Une tête vulgaire, un ventre en avalanche, des fautes d'orthographe et je ne prends pas. Les jeunes je me les garde pour la vraie vie, je ne dirai pas pour l'amour, sait-on ce que veut dire l'amour aujourd'hui, mais j'aspire à l'approcher, curieuse de découvrir la tête que l'amour peut avoir.

   D'ailleurs je fraie avec un amour potentiel, un peu compliqué à gérer, mais c'est une autre histoire, j'y reviendrai d'ailleurs très vite.

     Quant aux impétrants à la pratique intensive et sans tabou du sexe, il y a foule. On se bouscule au portillon du vice. Le sexe est la nouvelle faim du siècle et la foule des affamés est innombrable, ça streame fort sur les chatroulettes. Il ne sera pas utile que Lucifer multiplie les sexes comme Jésus multipliait les pains pour satisfaire le troupeau des dépravés, il y en a pour tout le monde et partout, en veux-tu en voilà, ça grouille, ça pullule. Quand je vais à la pêche sur les sites où ils sont parqués, tout en même temps que je m'informe sur le postulant ou la postulante, je m'exhibe un tant soit peu devant la webcam pour vanter la marchandise. Je dénude un sein, je glisse une main dans le slip, je feins un semblant de masturbation, je me tourne et offre un aperçu de mes fesses stringuées.

    Et alors c'est le signal de la grande désinhibition, du grand show, du grand débraguetage chez les hommes, ils la sortent, ils la branlent, ils se pétrissent les testicules, offrent leur cul, l'écartent. Je me repais de la vue d'éjaculations précoces que je ne sollicite pas et de suffocations qui parfois me font craindre le pire. Et là je dis stop, je siffle la fin de la récréation sur la webcam, et je leur demande votre adresse, vos créneaux horaires, quel jour, je leur fixe le tarif, c'est cinquante euros l'heure, je leur expose la prestation, je les masturbe mais je ne leur fais pas de pipe, et vous ne rentrerez pas chez moi, ni dans ma bouche, ni dans mes antres.

   Là, ils ne comprennent pas toujours, alors je leur explique ; Votre queue n'entrera ni dans ma bouche, ni dans mon sexe, ni dans mon cul, et à fortiori ne s'y lâchera pas, ainsi je les réfrène. Mais ils peuvent m'étreindre, me mouiller les lèvres, je leur concède un peu de langue et leurs doigts dans ma raie. Je le leur dis, ça les excite. Ben oui je ne suis pas l'escort-girl à deux cents euros l'heure. J'pourrais, mais j'veux point. Les femmes c'est autre chose, elles me transportent, je suis à l'Opéra, c'est du bel canto sexuel, pour elles j'écarte les cuisses et je me masturbe la chatte et me lime le clitoris. Alors très vite subjuguées, affolées elles font tomber le slip et s'astiquent frénétiques dans une suite de gémissements, vagissements, hululements, hennissements et pâmoisons ultimes. Trilles, roulades, notes piquées, c'est du Monica Seles, la joueuse de tennis, du temps où elle sévissait sur les courts de tennis au point que j'en arrive moi-même à éprouver du plaisir et à jouir intensément.

    Je suis très ouverte, je veux dire que j'accepte toutes les religions, toutes les races. Avec les hommes c'est toujours un peu compliqué, et comme je ne veux pas de " ça " chez moi - allez comprendre ! - que je ne veux pas le faire à l'hôtel, je vais chez eux, alors il faut jongler avec les absences présumées de leur bonne femme car la plupart des demandes émanent d'hommes mariés.

     Une fois chez eux, j'expose de nouveau le profil de mes prestations; “ Que la pointe de la langue dans la bouche, pas de pipe, pas de sodo. " tout en me dévêtant avec art en un petit strip-tease, sortant mes seins l'un après l'autre du sous-tif, et baissant le slip avec lenteur. J'exige l'argent en liquide dans une enveloppe, on parle un peu, un peu de préliminaires, puis on baise. Je fais aussi des séances avec des couples, là je m'abandonne délibérément avec capote mais pas de sado-maso, eux c'est deux cents euros les deux heures.

     Voilà qui est Jessie l'étudiante en Lettres et qui en ce mois de mai deux mille onze prépare sa séquence de partielles. Je reconnais que je bâcle les préliminaires. Je leur simule un sourire, et leur mîme une caresse, je suis plus tendre, plus vraie, plus jouisseuse avec les femmes. Dès le début de la séance j'invite les hommes à se mettre nus, et ce n'est qu'alors que je fais mon strip-tease, j'ai au moins ce bonheur de voir la queue-limace du bonhomme, leur quenelle, se métamorphoser en barreau de chair que je m'empresse de flatter d'une poignée de main. Le type rougit souvent et gémit concupiscent. Puis j'y vais et je le branle, tandis qu'il me prend la chatte le plus souvent sans aménité et que ses doigts essaient de me fouiller la vulve et de me forcer la rondelle. Je les branle moi avec douceur, vigueur, et sauvagerie, ils aiment, jusqu'à ce qu'ils crachent leur jus dans ce râle mugissant qui les achève, les défait et me libère. Alors qu'ils sont encore en train de se la tenir, bavant, les doigts gluants, un peu honteux, je suis déjà rhabillée. Je fais en sorte de durer au prorata du temps convenu et rémunéré.

     Certains élèvent alors le ton et trouve saumâtre d'avoir payé si cher, à leur sens, l'absence d'une pipe et d'une vidange normalisée, qu'ils auraient pu s'offrir eux-mêmes en une masturbation solitaire.

   Un jour un vieux sénile qu'il serait malhonnête de ma part de qualifier de bête de sexe immonde, après tout j'en suis une, en a voulu pour son argent. Il m'a saisi d'une main durement la nuque et ma collé ses lèvres sur les miennes essayant de sa langue lécheuse sur fond d'haleine de poney puante d'ouvrir les miennes. Son autre main me coiffait la chatte, son pouce me perçait le vagin sans ménagement, un autre doigt rôdait autour de l'anus, alors je lui ai pris les testicules et les lui ai carrément tordues, il a hurlé et a tout lâché, j'ai sauté du lit, j'ai couru ouvrir une fenêtre et lui ai dit de me laisser filer sinon j'ameutais l'immeuble. Tandis qu'il tournait comme une toupie sur la moquette, se mordant les lèvres jusqu'au sang, la main sur ses couilles brûlantes de douleur, j'ai pris le temps de me remettre et ai filé comme une comète.

. 15042013

     A suivre.

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