JESSIE . Chapitre 6
Jp Scriblerus
Chapitre 6
Arlette Villepou m'agrée.
Elle est bien en définitive madame Villepou, la mère de mon promis Sébastien - Promis ! ça fait quand même drôle, ça fait très bourge-catho. - Elle semble bien se remettre de mes excentricités trash.
Elle doit être un peu refoulée et je la soupçonne de trouver en moi quelque compensation glauque. Mais je suis étudiante en Lettres et non en Psychologie pourtant Emilie Brontë affirmait qu'il y a une part obscure dans l'homme, une violence.
Sans doute y intégrait-elle la femme, je partage sa perception, elle ajoutait que cette part obscure pouvait aboutir aux pires désastres.
" Appelez-moi Arlette " m'a t-elle dit, c'est plus cool et ça peut signifier qu'elle m'accepte. Je l'ai déjà affirmé je suis une petite pute, une grosse pute n'hésitons pas, une grosse salope quoi ! le pressent-elle ?
Nous avons toujours peur des mots parce que nous avons peur qu'ils nous définissent précisément et que nous n'aimons pas nous reconnaître dans le mot qui nous qualifie quand il nous qualifie exactement et que nous admettons qu'il est le mot exact. Nous ne voulons pas l'entendre dès lors que celui-ci nous dévalue et nous remet à notre juste place et nous jette à la figure notre vérité, celle que nous récusons.
Ce que je ne vous ai pas dit c'est que je travaille sur un mémoire ayant pour objet : “ L'image de la femme de ménage dans la littérature française du XVIIIème siècle à nos jours. "
Vaste mais passionnant sujet. “. Le directeur de mémoire a approuvé le thème dès septembre deux mille-dix alors que comme l'ensemble de la planète nous étions à des années-lumière du séisme strauss-kahnien et que je ne m'étais pas encore lancée dans la carrière d'étudiante-baiseuse.
Mais j'avais déjà relevé la manière dont les femmes de ménage étaient racontées dans la littérature française. Oui l'affaire Strauss-Kahn n'était sur le fond comme l'avait plaisanté l'autre Kahn, Jean-François ; " ... qu'une affaire de troussage de domestique, c'est pas bien mais voilà ! " une affaire de domestique.
Une femme de ménage, alias une domestique, alias une boniche est une femme à tout faire, à tout faire même l'amour. La femme de ménage est une femme qui cristallise tous les fantasmes, qui suggère toutes les permissivités à commencer par le regard de la maîtresse qui la reçoit, la jauge, l'évalue, la pèse, la soupèse, puis l'engage, lui ordonne, lui impose, l'admoneste, la toise, signe son chèque mensuel tandis que le maître de maison avec parfois la complicité de son fils, la reluque, la déshabille, l'enveloppe, la transparence.
La femme de ménage, cette domestique, cette boniche, est le ferment des désirs sombres, des permissivités qui sont écrits dans les clauses de la prestation contractuelle à l'encre sympathique. Et le maître, le mari l'amant potentiel, quand ce n'est pas le fils de la maison, dont les regards s'appesantissent sur les seins, la croupe de la servante au grand coeur, dans l'étroitesse des vestibules, dans l'exiguïté des cuisines, les chassés-croisés dans les différentes pièces de la maison ou de l'appartement, la frôlent, l'effleurent, la bousculent un peu, comme par inadvertance, oh pardon, je ne vous avais pas entendue venir vous êtes si discrète, ces amants potentiels père et fils la testent ce faisant, et ne rêvent que d'user de cette chair à plaisir, convaincus qu'ils sont que cette chair est d'emblée consentante, la fonction fait la Messaline impératrice des sens.
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A Suivre
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