JESSIE . Chapitre 4
Jp Scriblerus
Chapitre 4
Le triste flop des samedis soir.
Retrouvailles du vendredi soir - Rapprochements des corps - Amertumes.
Mais revenons à Sébastien Villepou. Le fiancé, mon fiancé. Je pouffe.
Que je vous esquisse quand même le profil-type de nos week-ends. Sébastien et moi on ne couche pas. Si coucher veut dire copuler on ne couche pas car on ne copule pas.
Je le disais, une fois par mois, deux nuits par mois, il vient dans mon stud passer le week-end au cours duquel il se fourre dans mon lit les nuits donc du vendredi et du samedi, et le dimanche une fois par mois l'on déjeune alternativement chez les parents de l'un et de l'autre puis on y passe l'après-midi avant qu'il reprenne le train de vingt-heures pour la gare Montparnasse.
Lorsque nous nous retrouvons dès le vendredi soir de notre week-end, l'on n'allume pas la télé, l'on cause à table, puis l'on s'approche sur le canapé, là on se lèvre et caresse, en guise d'intro, puis il me dit : " Et si on y allait Chérie … " La chérie lui sourit et l'on y va. Au lit évidemment.
J'avais une amie qui me disait : " Crois-moi Jessie y'a qu'une chose de vraie dans la vie ; le lit. " J'avais un ex qui me disait : " Crois-moi Jessie rien ne vaut un bon coup de tringlette. Je lui répondais : " Parle pour toi." Il n'y mettait pas les formes et il me faisait mal.
Avec Sébastien le rituel est désormais bien rôdé. On sait que l'on va se mettre à poil, mais l'on se vêt quand même. Ce sont les jeux de l'amour. On se met donc en tenue de nuit, lui en pyjama, oui il pratique le pyjama, et moi la nuisette sur le slip et le soutien-gorge histoire d'attiser les désirs. Et la cérémonie commence.
Nous déclarons ouverte la énième nuit des turpitudes obligées. L'on se livre à une lente approche, ses mains cherchent mes seins, et il finit par dégrafer le soutien-gorge, et moi je lui mets carrément la main dans le pantalon de pyjama, j'y rencontre son arme déjà braquée ou son dur obélisque. Et tandis que mes doigts dénudent et caressent son gland baveux, il glisse sa main dans mon slip, ses doigts fourragent dans mes poils pubiens, puis viennent glisser sur ma vulve qu'un coulis de plaisir commence à inonder. Coulis. D'autres de mes comparses disent ; " fluide " . Je dois reconnaître que malgré mes pratiques extérieures, dans ce contexte de temps libre et non tarifé, je suis très sensible à ce jeu d'effleurements, de caresses, de baisers mouillés. Mes fesses se serrent, mes seins se gonflent, mes pointes se dressent, mon corps se tend.
Mais un être normalement constitué ne peut tenir longtemps et nos tripotages toujours plus audacieux finissent par rompre les digues de la bien-pensance chrétienne et soudain Sébastien me lâche la chatte, saisit son feu, s'arque, tressaute, gémit. Rosa, rosa, rosam, rosae, rosae, rosa. J'ai compris. Alors j'arrache d'un coup le drap, je perçois le grand corps de Sébastien dans la pénombre et contemple ravie la lave phosphorescente surgie de sa queue qui coule entre ses doigts.
Hélas comme la plupart des mecs, il a un retour à la réalité bien pathétique et lamentable. Il ferme les yeux, inspire et expire bruyamment, récupère son souffle et après une longue pause tranquille il se lève d'un coup de rein et se tenant le haricot petitpataponne vers la salle d'eau. L'eau du lavabo coule à flots, puis il réapparaît le paquet pitoyable pendillochant, un morceau de moû qui répugnerait même à un chat. Il se penche sur moi, me pose sur le front un baiser d'enfant qui honteux d'une grosse bêtise commise veut se faire pardonner et se glisse près de moi hanche contre hanche. Et la fièvre d'il y a un quart d'heure n'est plus que le triste flop du samedi soir.
Alors j'ai un serrement de coeur, je n'éprouve aucun sentiment pour ce Sébastien Villepou, pour ce corps aux grandes jambes poilues, pour cette bouche à l'haleine de bise aigre qui ne connaît pas les fraîcheurs neutres du Colgate Plax-multiprotection, pour ses aisselles luxuriantes et vinaigrées qui n'ont pas été éduquées au déodorant peau sensible sans alcool, sans sel d'aluminium avec vingt-quatre heures d'efficacité. Il ne me demande même pas si j'ai joui. Ce n'est pas qu'il ne s'en soucie pas, c'est un tendre mais un tendre rudimentaire, à chaque exultation il croit avoir péché et devient inerte. Il me coupe mes effets. Mais il pourrait au moins avoir une attention. Il n'a pas encore appris.
Alors oui j'ai hâte de retrouver mes vieux pervers souvent plus attentifs qui croient m'honorer mais m'agacent avec leurs délicatesses d'antan.
Pourtant Sébastien et moi on remettra ça le samedi soir.
µµµ
19042013.