JESSIE . Chapitre 7

Jp Scriblerus

Résumé : Sébastien aime Jessie, étudiante déglinguée, que sa belle-mère pressentie Arlette Villepou semble accepter cependant.

Chapitre 7

Charles que penses-tu de Jessie ?

     En ce dimanche soir, au terme de ce week-end Villepousien comme elle qualifie ceux qui se concluent par le déjeûner poulet-frites-salade-éclair-au-café auquel elle est invitée une fois par mois avec Sébastien, Jessie a rejoint son studio à Nantes.

       Sébastien est dans le train le ramenant à Paris.

     Les Villepou font la vaisselle, l'une nettoie, l'autre essuie. Mais " laisse égouter ! " s'énerve Arlette ".. tu trempes les torchons inutilement ". " Jamais contente " chante Alain Souchon.

     Sur une réflexion comme celle-là Charles Villepou a déjà exprès balancé plus d'une assiette contre les murs. Qu'importe ce sont des assiettes achetées dix centimes d'euros l'unité dans les vide-greniers.

     - Charles que penses-tu de Jessie ?

    - Rien Arlette, elle m'apparaît plus préoccupée de son look que de ses études, et puis et puis c'est une véritable allumeuse...

    - Elle réussit puisque tu t'y brûles et que tu ne cesses de la déshabiller du regard, avait-elle au moins une petite culotte aujourd'hui, je n'ai pas bien vu..

     - Tu peux parler ! toi-même tu t'es fait piéger, toi Arlette la catho qui communie le dimanche …

   -   Comme toi Charles !

   -   En tout état de cause c'est une vicieuse et elle ne mérite pas Sébastien. Pourtant ses parents m'ont l'air bien...

  -   Ils nous regardent quand même de haut, Charles.

  -   Ce sont des communistes, les communistes n'aiment pas les bourgeois, mais ils savent y faire entre camarades du Parti et en ont plein les poches, ils savent y faire ces sournois et constituer leur patrimoine …

  -   Charles je vais te dire, elle ne m'a jamais inspiré, je la sens mal, elle me déplaît, je suis d'accord avec toi, elle m'a l'air d'une Marie couche-toi là, elle est dangereuse cette fille... J'ai peur qu'un jour elle se fasse mettre un polichinelle dans le tiroir par Sébastien...

  -  Ou par un autre... mais alors pourquoi lui as-tu demandé de t'appeler " Arlette "...

  -  Pour pouvoir la gérer un jour, je l'apprivoise ... Enfin l'on aurait dû ce week-end, mais très rapidement il faut refaire un point avec Sébastien, et reparler sérieusement des fiançailles de septembre. Je compte sur toi Charles pour mettre les points sur les i.

  -   Quels points sur les i Arlette ?

  - Déjà prendre Sébastien à part et lui demander s'il aime vraiment cette fille et s'il tient à ces fiançailles, le mettre de nouveau en garde contre un piège de Jessie qui le mettrait devant le fait accompli qui me hante et lui imposerait une paternité à laquelle j'en suis certaine il n'a pas même réfléchi, une fois encore elle est garce cette fille..

                                                                  µ

     Dans le train, Sébastien Villepou somnole, se repassant le film du week-end, son esprit soliloque, ressasse. Je l'aime cette Jessie, on couche ensemble un week-end par mois. Coucher est une manière de parler, l'on se touche mais l'on ne consomme pas. Moi catho, elle communiste, anarchiste, mais lettrée, conciliante et bien faite.

       Nous sommes convenus que nous ne consommerions que lorsque nous serions mariés. Mais commençons par le commencement, nos fiançailles qui doivent avoir lieu en septembre. Mais Bon Dieu, vais-je tenir, c'est quand même une belle allumeuse, j'aime pas que mon père la reluque comme il le fait, je suis gêné et j'ai peur, et ma mère avec son numéro de balayette ce dimanche, quand même !...

     Ces perspectives de fiançailles sont majeures pour moi. Qu'elle accepte ce process me plaît car cela signifie que l'amour prévaut sur nos dissensions philosophiques, moi je les appelle comme ça nos cultures politiques et religieuses respectives, et je dis même que l'amour transcende et ces différences et le désir.

      Et puis c'est une lettrée, et Dieu en l'occurrence sait combien je l'aime et moi je sais qu'elle m'aime sinon pourquoi s'encombrerait-elle du lourd appareil de nos croyances et traditions qui lui sont pour elle et sa famille, surannées, anti-sociales et qui selon eux asservissent l'homme.

      Mais après tout peut-être n'aimons nous que les caresses, étreintes et baisers que nous nous donnons... et puis mince, à chaque jour suffit sa peine et demain est un autre jour.

                                                     µµµ

21042013 .

A Suivre.

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