JESSIE . Chapitre 38

Jp Scriblerus

Résumé des chapitres précédents : Sébastien Villepou rompt avec Jessie, Charles le père de Sébastien couche avec Jessie, Charlène la nouvelle amie de Séb ne sait pas s'il elle doit lui faire confiance

!!!

LECTURE DECONSEILLEE aux moins de 50 ans

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Chapitre 38

Au pays de de Jessie.

     Jessie ce même dimanche à Nantes décida de lever le pied et de passer à autre chose, sa fin d'année universitaire la sollicitait et son commerce vénal connaissait quelque relâchement.

   Mais elle voulut souffler un peu, mettre entre parenthèses ce qu'elle dénommait la mafia des Villepou, se changer les idées et s'attacha à faire de nouvelles conquêtes sur le web.

   Elle ouvrit même un blog dans la catégorie " adulte " qu'elle intitula : " Simplement, le désir d'être simplement ". Le descriptif en était le suivant : " Bienvenue dans mon jardin reflet de mes rêves, de mes désirs, de mes fantasmes. J'aime les mots, les vôtres, les miens, j'aime les corps, les vôtres les miens, aimons nos corps les uns les autres comme Dieu les aime, je suis une femme, une femelle la femme de tous les instincts, venez-à-moi tous mes petites et petits, grandes et grands vicieux ".

   Puis elle suscita plusieurs rencontres sur webcam avec des filles, des femmes et des hommes pour des séquences de masturbation. Elle eut ainsi au terme de sa journée dans sa besace de diane du porno-web, trois hommes dont deux qu'elle fit éjaculer, dont un qu'elle fit mettre à quatre pattes qui écarta sa raie et lui montra son anus.

    Elle eut deux jeunes filles qui se limèrent d'un doigt d'albâtre long et fin avec un art consommé de l'érotisme, elle en trembla éperdument et en vint à l'orgasme. Elle fit même l'affaire avec un femme qui lui pianota qu'elle était grand-mère et qui se pénétra le vagin, jusqu'aux bagues de ses doigts.

   Elle la vit se tendre, l'entendit gémir, la vit se pâmer de plaisir et succomba d'elle-même à un deuxième orgasme.

   Jessie fut heureuse de cet enchaînement de plaisirs tous âges confondus sur la carte de Tendre revue et corrigée pour en faire le nouveau jardin d'Eden dans lequel au détour des bosquets, sous l'ombre épaisse des frondaisons, sur la tendresse des herbes vertes, des bergers et des bergères le sexe érigé ou ouvert, le sexe ardent, les seins tendus, la lèvre minaudant, la croupe oscillante, la langue vénéneuse, l'oeillade maléfique, la main affolante, les doigts aux touchers multiples, libres, sans prises de tête, se guettaient, se prenaient, s'étreignaient, se culbutaient, lutinaient dans une luxure pleine et entière, heureuse, accomplie, assumée et divine.

     Et c'est dans cette parenthèse qu'elle mit au point un rendez-vous nature pour le jour de l'Ascension, un jeudi deux juin deux mille onze, avec Philippe Lebolduque l'un de ses pratiquants.

   Par chance et par bonheur il faisait beau. Le rendez-vous aurait lieu tôt le matin afin de bénéficier des brumes douces de juin au rond-point des coquelicots le long du ruisseau " La Chézine."

    Ce vieux-là, divorcé, célibataire depuis de longues années était un triste parce que toujours écartelé entre ses principes de vie, sa religion et ses vices. Il se posait mille questions, se promettait mille redditions, mille pénitences puis finissait par tout lâcher, et alors se livrait à ses vices sans pudeur, sans tabou, avec délectation, mais aussi comme une forme de suicide.

    Ce vieux là était un triste sympathique dont le profil présentait quelques analogies avec celui de Charles Villepou. Philippe Lebolduque pensait comme Montherlant, lorsque celui-ci écrivait dans " La petite infante de Castille " que l'homme ayant succombé à la femme, l'homme souhaitait s'en venger pour la punir du péché de chair dans lequel elle l'avait fait tomber.

    Bien qu'il l'agaçât souvent, Jessie aimait bien cet être torturé, un peu à la manière de Charles Villepou . L'autre atout de Lebolduque était qu'il la rémunérait bien.

    Et s'il avait la flaccidité des chairs défaites de son âge, il avait des douceurs prévenantes et des parfums subtilement somptueux et ensorcelants. Il savait embrasser, étreindre, sans insistances, s'essayant même à susciter chez Jessie une tendresse qui eût rendu la relation plus vraie, plus liée, plus sensuelle.

   Mais il savait s'esquiver avec tact. Pourtant pour lui, se venger de Jessie qui lui faisait payer non pas ses charmes mais son vice, et ne lui en abandonnait que les pathétiques amertumes, ç'eut été la conquérir, la faire sienne et il savait que c'était non pas une chimère mais impossible.

    Alors parfois considérant cette impossibilité il avait des sueurs dans leurs étreintes et quand il prenait le visage de Jessie entre ses deux mains et la fixait, il se disait qu'il aurait la force de lui broyer les cervicales. Et Jessie dans ces instants de fixation et serrements prenait peur. Philippe Lebolduque avait le charme suranné d'un vieux beau en perdition taraudé par de killeuses pensées.

                                                    *

   Il est huit heures en ce jeudi de l'Ascension. Un couple marche au bord de " la Chézine " dans la tièdeur de l'air, épaule contre épaule, main dans la main. Il se meut dans une douce ouate d'été qui caresse l'âme et éveille les sensualités assoupies. Jessie a beaucoup hésité avant d'accepter cette promenade champètre avec Philippe Lebolduque.

    C'est une première et pourtant ces dernières semaines en France quelques joggueuses de tous âges ont été assassinées. Certes elle connaît Philippe Lebolduque, le pratique régulièrement, et jamais celui-ci n'a manifesté de brutalité, d'autant que c'est un fervent des approches câlines et des retours en tendresses, pourtant il a ces moments de crispation hagarde qu'elle perçoit.

     Et connaît-on bien ses partenaires, peut-on s'y fier ? Réfléchissant sur ces agressions elle se disait que lorsque l'homme est mû par ses impulsions elles le décérèbrent totalement, et qu'alors, aucun appel à la raison n'a de prise sur ces instincts lâchés par une bestialité recouvrée.

     Il lui avait donné l'enveloppe avec ses deux cents euros, le prix de sa prestation. C'est cher aujourd'hui mais elle lui a consenti un extra, une matinée. C'est " un extérieur. " Il lui fit sauter et franchir la Chézine là où elle n'est plus qu'un ruisselet, et ils se retrouvèrent dans un grand champ aux herbes hautes mouillées des rosées matitudinales qu'ils traversèrent pour parvenir au pied d'un côteau densément boisé, et là sur un espace d'herbes abrité Philippe dit à Jessie : “ Mets-toi nue Jessie. Je veux te voir aujourd'hui dans ta plénitude et t'effleurer toute et chacune de tes parties, tes seins, tes fesses, ma langue léchant chaque grain de ta peau...”

     Elle lui caressa la joue. Il fallait apprivoiser la bête potentielle. Philippe Lebolduque avait cinquante-huit ans, tiens le même âge que Charles Villepou. Même si c'était un " Manières tendres " elle le percevait comme un pervers qui la monnayait.

    L'injonction qu'il formulait était nouvelle, inhabituelle. Elle l'attribua au charme bucolique du lieu qui d'ailleurs la désarmait un peu, et au format nouveau de leur rencontre. Un frisson de plaisir pourtant inquiet et montant se mit à l'envahir dans le prolongement de cette invitation téméraire. Elle ôta son t-shirt et la pointe de ses seins banda. Elle fit glisser la jupe et se retrouva en string. Elle vit le pantalon de Philippe Lebolduque s'animer, elle commença à faire glisser le string et sa touffe jaillit. Philippe s'agita. Elle se fit sévère et lui lança : " Et toi, allez mets toi à poil sinon je remets ma jupe, puis je te branlerai ."

   Egrillard la voix rauque il lui ricana ; " Et toi tu boiras mon jus pour une fois !" " Ah non dit-elle, déconcertée par la dureté du ton qu'il prenait soudain, pas question, tu le sais. " Philippe ne broncha pas et l'attira contre lui, il voulut l'embrasser, elle détourna son visage. Philippe Lebolduque alors sembla se faire une raison s'apaisa, lui baisa les seins, lui baisa le ventre. Rassurée elle se laissa faire, elle pivotait doucement sur elle même, il lui baisa les fesses, il lui lécha le clitoris, elle écarta un peu les cuisses, il lui baisa la vulve.

     Jessie était troublée, se tendit toute, jeta les bras en arrière, s'offrant. Elle mouillait. Elle l'approcha, lui saisit le sexe, longue tige curve et ardente. Il l'enlaça, l'enserra, lui coiffa les fesses de ses mains prenantes. Alors elle s'amollit, s'abandonna dans ses bras, ils fléchirent, et s'effondrèrent sur l'herbe. Elle écarta les cuisses, et de ses doigts elle écarta ses lèvres, ouvrit sa vulve. " Viens ! " lui souffla t-elle. Il l'étreignit, fit glisser son sexe, vint en elle doucement, elle se pâma, il l'explora, il exulta, l'emplit. Leurs hennissements et halètements retentirent et se confondirent, et ils restèrent nus, imbriqués, expirants dans les herbes hautes et moëlleuses sous le soleil qui les chauffait.

     Après l'émoi il la reprit et la ramena davantage contre son ventre, lui pétrissant les fesses. Elle se donnait à lui dans l'instant, il était son sexe-friend. Et Philippe Lebolduque qui n'avait que les défauts de son nom et de son âge se récita un extrait du poème de Patrice de la tour du Pin, Ne tremblez pas il faut fermer les yeux d'abord, il faut vous jeter doucement dans l'herbe haute, il faut que je délivre vos cheveux que j'ôte, l'agrafe qui maintient ce voile sur ce corps.

   Ils sommeillèrent et mirent du temps à émerger sous la chaleur du soleil déjà haut et chaud. Philippe Lebolduque qui avait en ces moments perdu l'âge de son état-civil et recouvré quelque pudeur d'âme aida Jessie à se revêtir et ils repartirent.

   Jessie se demanda si elle ne devait pas restituer à Philippe Lebolduque les billets de cette passe champêtre considérant la magie heureuse des moments qu'elle venait de vivre. Elle se raidit.

   Dans ce type de relation un principe devait demeurer intangible, les états d'âme précisément ne devaient pas exister, et sur le fond leur relation n'était bien qu'une relation sexuelle, et rien d'autre ne pouvait être imaginable n'en déplaise aux sentiments nouveaux qu'elle pressentait chez Lebolduque à son égard.

     Elle s'irrita de se perdre en de semblables réflexions commençant à se reprocher d'avoir été trop tendre et consentante dans cet accouplement somme toute bien sage mais bien réel et paradoxalement reprochant à Lebolduque de n'avoir pas su ou oser être plus possessif, plus brutal, de n'avoir pas su en un mot la violer.

      Mais ce qu'elle ne savait pas c'est que lui alors sans un sursaut de sa volonté avait été ce matin-là à deux mains de l'étrangler.

     Cette fille lui était entrée dans la peau mais rien ne pressait.

                                            µµµ

09052013 .

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A suivre

     Et l'été arriva.

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