JESSIE . Chapitre 44

Jp Scriblerus

Résumé des chapitres précédents : Tandis que chacun essaie de reprendre le cours d'une vie classique Charles Villepou est ravagé par la trahison qu'il a commise en couchant avec l'ex de son fils.

Chapitre 44

Différends à la Porte du Paradis

    Quand le lundi arriva, quand Charles s'apprêta pour se rendre à son rendez-vous avec le Père Patrice il vit Arlette s'apprêter aussi et émettre la crainte qu'ils fussent en retard.

   -  Comment ça en retard ! fit Charles Villepou, mais c'est à trois cents mètres, je serai à l'heure. Et puis c'est mon problème !

   -   Tu as éteint l'électricité dans la salle d'eau...

   -  Mais, mais ne me dis pas que tu viens avec moi !

  -  C'est ce qui était convenu !

  -  Ce n'est pas ce qui a été convenu, ce qui a été convenu c'est un échange en tête-à-tête mais pas avec toi.

 -  Charles c'est notre couple qui est en jeu, le Père Patrice, c'est la parole de Dieu et nous nous sommes unis devant Dieu, c'est Dieu qui doit nous parler à tous deux ensemble.

   Il va nous écouter, il va nous répondre, et t'apaiser, mais que fais-tu tu te déshabilles !

 -  Vas-y seule, moi je n'y vais pas.

 - Toi mon vieux tu ne sens pas bon, tu nous couves quelque chose de grave, oui j'y vais, je le dois. Je nous le dois !

   Arlette Villepou se présenta seule à la porte du presbytère.

 -  Madame Villepou ! ah madame Villepou ! c'est vous ... !

 -  Monsieur Villepou devait venir avec moi, mais il s'y est refusé.

 - Madame Villepou il était convenu suite à notre échange d'hier et après que vous nous avez quittés que c'est bien lui qui au principal sollicitait l'entretien en tête-à-tête avec moi.

 - Ce n'est pas comme cela que je l'avais compris mon Père. Toujours est-il qu'il voulait je le présume s'entretenir avec vous de choses qui depuis des semaines le perturbent profondément et que je ne connais pas.

   Je les subodore, je les appréhende d'autant qu'elles concernent évidemment notre couple et pas lui seulement, et puis nous avons eu un avant-été si catastrophique ...

 -  Certes, certes madame Villepou mais un prêtre, n'est ni un psychiâtre, ni un psychanalyste, il n'est que le représentant de Dieu.

   Ce que Charles souhaite c'est à travers le médiateur que je suis, le transmetteur, l'intercesseur, parler directement à Dieu, et point n'est besoin de témoin. Vous ne pouvez vous interposer entre Dieu et votre époux.

   Laissez-le venir, laissez-nous, c'est une question de bon sens et de confiance, ensuite nous verrons... .

  -  Mon père si vous le prenez ainsi je ne vous garderai ni comme directeur de conscience, ni comme confesseur, c'est Dieu qui nous a unis, donc entre époux tout doit être dit les yeux dans les yeux, les cartes sur la table, avec la mise à plat éventuelle et totale que ça implique.

  - C'est votre choix madame, les prêtres c'est comme les avocats ou les psys, lorsque l'on estime qu'ils ne nous sont pas compatibles et qu'ils n'adhèrent pas à notre système de défense ou à notre type de foi, ou qu'ils ne partagent pas notre profil on en prend un autre .

 -  Mon père vous me navrez ! je vous le dis comme je le pense, et si je croise Monseigneur...

 -  Vous m'offensez madame, mais si cela vous agrée allez-y croisez, croisez, croisez monseigneur, vous avez une mentalité du siècle dernier, mais qui vous en empêcherait !

    Je n'ai d'ailleurs jamais baisé l'anneau pastoral de monseigneur et je m'honore d'apprendre que vous serez la première à vanter les mérites d'un prêtre qui ne l'a encore jamais rencontré, ou plus précisément qu'il n'a jamais rencontré, dont il ne s'est jamais soucié.

    Quand elle fut de retour chez elle, Arlette Villepou lança à son mari : " Le curé t'attend." Il lui répondit : " Je ne suis pas ton chien et je ne suis pas à tes ordres. Je n'irai pas. J'imagine que tu lui as fait un de tes numéros dont tu as le secret."

  -  Tu supposes ce que tu veux, mais ce curé là il me débecte, c'est un sale petit con, je le dénonce à l'évêque à la première occasion.

 -  Collabo comme ton père !

 -  Hein !  ?

 - Non rien ! je rigole.

 -     Et ton père à toi qui a traversé la ville entre deux gendarmes pour aller faire le service du travail obligatoire en Allemagne, ah l'histoire je la connais par coeur.

 -   Tiens j'y vais tu m'as redonné le moral, fit Charles Villepou.

                                            µµµ

13052013 .

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A Suivre

     La Confession de Charles Villepou

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