JESSIE . Chapitre 48

Jp Scriblerus

Résumé des chapitres précédents : Brinqueballé par les amours mortes de Jessie et de Sébastien Villepou, son père qui a couché avec Jessie cherche les voies de son salut. Mais Jessie menace.

Chapitre 48

La serviette jaune.

   Jessie Cassegrain fit fort. Elle n'avait plus le choix.

     Ce fut ce samedi 17 septembre. Sébastien devait être sur Nantes. Treize heures sonnaient à la chapelle des Franciscains tandis que le jingle annonçant le journal télévisé que présentait Marie Drucker que Charles Villepou n'aimait pas arguant du fait qu'elle était juive, retentissait.

    Charles Villepou n'avait rien contre les juifs mais il disait qu'il ne comprenait pas pourquoi ils étaient un problème et qu'il mourrait idiot de ne pas savoir ce qu'est un juif. Ah ! parce que c'étaient eux qui avaient crucifié Jésus ... ah !

     Les Villepou en étaient au dessert, avec comme toujours autour de la table ronde le père face à l'écran du téléviseur, Arlette à sa droite et Sébastien à sa gauche. C'était Charles Villepou qui donnait à table le " la " de la parole.

     On ne parle à table que pour s'instruire, tel était son apophtegme. Il considérait par ailleurs même si lui ne s'en privait pas que mieux valait éteindre le téléviseur que de parler dessus, sinon l'on aboutissait à une cacophonie généralisée, que l'on entendait tout sans n'écouter rien. Mais Arlette voulait manier à la fois la fourchette et les infos.

   Un jour Jessie fit une proposition. " Et si l'on prenait le repas avant ou après les informations, on pourrait même ne pas allumer la télévision, ce serait une question de bon sens et de convivialité " avait-elle suggéré.

    " C'est une très bonne idée mon amie que j'ai déjà soumise à ma marâtre ! " avait dit Villepou. " Mais Jessie a toujours de bonnes idées ", renchérit Arlette Villepou, moqueuse. Mais ça " C'était avant ! " On en resta là et rien ne changea.

   Oui Jessie n'avait que des bonnes idées. Ce fut Charles Villepou qui lui ouvrit la porte, mâchant encore et s'essuyant les lèvres avec sa serviette jaune qu'il traînait toujours avec lui, ne la rangeant jamais au grand dam d'Arlette.

     La serviette jaune était l'emblème de Charles Villepou, celui de sa famille. Chez les Villepou jadis chacun avait sa serviette jaune que l'on roulait dans son rouleau. Aujourd'hui encore la serviette qui avait tenu au fil des décennies semblait avoir conservé tout son éclat bouton d'or d'origine c'est à dire son éclat d'il y a cinquante, soixante-ans même.

   Arlette Villepou née Sanlesou vomissait cette serviette. Que ne vomissait-elle pas procédant de sa belle-mère, rageant de ne pouvoir la jeter craignant une réaction brutale de Charles l'époux qui en faisait une sorte de talisman, de doudou et de défense, illustration et sauvegarde de sa mère morte qu'Arlette continuait quotidiennement de vouer aux gémonies.

     Jessie était devant lui. " Ah ! Jessie !' s'exclama t-il. Elle le plomba de ses yeux noirs. " Nous finissons de déjeuner ", mais il ne l'invita pas à entrer, figé par la surprise. " Pas grave " répondit-elle j'attendrai et elle entra.

     Devant cette détermination Charles Villepou ne put que s'effacer et refermer la porte derrière elle. Il allait lui demander quel bon vent l'amenait quand Arlette Vilepou parut à son tour, elle aussi une serviette à la main. Rouge. La serviette.

   -  Oh mais je vous en prie, finissez, finissez !

   Sébastien conforme à son flegmatisme ordinaire était resté à table, finissant son dessert tout en réfléchissant sur la manière dont il devait répondre à cette intrusion pour le moins impromptue et étrange, dont il avait perçu les échos.

 - J'attendrai, poursuivait Jessie, on dirait que vous m'avez invitée à prendre le café mais que je suis arrivée un peu en avance...

   D'elle-même elle alla s'asseoir dans le canapé du salon.

      Les Villepou la prièrent de les excuser, ils finissaient leur dessert et lui seraient tout ouïe, mais l'estomac de chacun s'était rétracté. Sébastien, lui, avait maintenant terminé son éclair au café et venait s'enquérir de Jessie qui feuilletait un Figaro-Madame.

   -  A quoi joues-tu ?

  -  On dit bonjour d'abord lorsque l'on est bien élevé .

 -  Jessie suffit !

     Les Villepou furent de retour, chacun s'installa dans les fauteuils et Arlette se proposa pour aller préparer un café.

    Jessie portait encore un t-shirt qui moulait ses seins gonflés aux mamelon sombres et aux pointes érigées. Le père et le fils Villepou pressentaient quelque mauvais coup de sa part. Arlette Villepou avait un sombre pressentiment. L'atmosphère se tendit soudain. Une peur lourde et angoissante les étreignait.

                                              µµµ

16052013 .

  A Suivre

      L'annonce faite par Jessie

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