JESSIE . Chapitre 16

Jp Scriblerus

Résumé des chapitres précédents : Sébastien Villepou achève son déménagement avec l'aide du Concierge portugais qui naguère a essayé de violer Jessie la déglinguée, l'ex de Sébastien.

Chapitre 16

Le faux retour de l'enfant prodigue.

   Ce fut Charles Villepou qui ouvrit et se trouva face à son fils. Il aperçut en retrait, derrière lui pointant son muffle de hyène humant l'air ambiant, à l'affût, Roberto le concierge, petit noiraud, l'oeil fouineur et la lippe goguenarde.

   Deux gros sacs poubelles noirs se tassaient à leurs pieds. Je te présente le concierge de l'immeuble de Jessie, Roberto Alvaro-Gomez Da Silva. Charles Villepou ne broncha pas. " Voilà j'ai tout déménagé, il y a encore des sacs en bas, il y a une armoire encore chez elle mais je laisse tomber, si tu pouvais descendre nous aider Roberto est pressé ".

   Arlette Villepou apparut, ses doigts fourrageant dans ses cheveux, et ajustant sa robe de chambre. Que t'arrive t-il encore, qui est ce monsieur, que sont ces sacs ! j'emménage maman j'ai quitté le studio de Jessie. Et tu prends notre appartement pour une déchetterie, pour un garde-meuble ! Redescends tout ça à la cave, Charles descends avec lui, puis on fera le point, c'est qui ce monsieur.

      Elle s'adressait directement à son fils et lui parlait comme à l'adolescent qu'il fut, qui le redevenait dans son esprit et qu'elle se devait compte tenu de ses impérities amoureuses reprendre en main.

   Sébastien resta figé sur le palier sous la rafale d'admonestations et d'injonctions. Devant un tiers, devant un étranger, il était traité par sa mère comme un grand dadais, un mollasson vélléitaire, qu'elle mettait sous tutelle.

     Avec les filles c'était pareil. Sébastien leur était une caution sociale, morale, mais sans charisme ni autorité naturelle, selon lui, si elles le supportaient c'est parce qu'aussi elles pouvaient le trimballer et s'en jouer . Alvaro-Gomez Da Silva bien que vexé par l'accueil méprisant des Villepou, qui en fait l'ignorait superbement, appréciait ce règlement de compte en famille sur un palier.

   Il n'en avait pas tant demandé et ce fut une fois encore Arlette Villepou qui rompit la sidération et la gêne collectives.

   -   Sébastien tu fais ce que tu as à faire mais vite, tu vois avec ton père et tu viens nous rejoindre.

     Oui maman ricana en son for intérieur le portugais.

   -   On mange à midi, ton père aime bien être à l'heure pour les informations de treize heures. Et puis j'ai prévu des nouilles al diente, donc sois à l'heure.

   " Foyers clos je vous hais ! " se lamentait andré Gide. Charles n'avait pas pipé mot. Tout ça le contrariait douloureusement, mille questionnements l'accablaient, les démarches qu'il convenait de faire pour annuler les préparatifs des fiançailles, et commencer d'abord par l'annulation du voyage de Sébastien, tandis qu'Arlette, elle, se souciait de l'acompte versé pour ce voyage, la rupture de deux individus lambda valait-elle cas de force majeure.

     Charles Villepou lui poursuivait le train de ses pensées pêle-mêle, et cette fille aux seins lourds et que son fils soi-disant aimait mais avec laquelle il rompait de manière imprévue, cette fille qui lui avait mis le feu aux sangs, lui le père, lui inspirant des fantasmes nouveaux auxquels il n'aurait pas accédé par lui-même, sa femme n'étant en matière de sexe qu'une cousette de bénitier et n'ayant des pratiques que les pratiques convenues et ménagères, bonne fille, mais juste ce qu'il fallait, pour laquelle le Kama-Soutra était de l'hébreu, mais qui mouillait quand même quand Charles Villepou réussissait à lui faire regarder des vidéos pornographiques, cette fille qui le tentait, et le mettait en érection dans ses rêves, tout ça tombait à l'eau, sans même évoquer leurs vacances d'été à moyen terme, tout ça d'un coup le tourmentait grave.

     Sébastien et Alvaro-Gomez se mirent les sacs à l'épaule. Alvaro-Gomez était déconfit et cette fois courroucé de n'avoir pas été invité à rentrer chez les Villepou pour mater un tant soit peu l'intérieur de ces gens-là. Ils redescendirent à la cave.

   Sébastien brûla soudain d'une envie irrépressible de tout planter là, de tourner les talons, de repartir dès ce samedi après-midi pour Paris, pour retrouver Charlène et s'épancher sur son sein. Il était midi et demi. Il laissa Roberto Alvaro-Gomez repartir, remonta, s'enferma dans sa chambre, ressortit habillé, un sac à la main, fusa devant le père et la mère pantois claqua la porte derrière lui, et descendit en cavalcade les escaliers.

     Les nouilles n'étaient plus qu'une pâte mijotant encore dans leurs bulles de jus laiteux.

     Tout partait en vrille.

                                                          µµµ

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25042013 

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A Suivre

     Mais où fuit Sébastien Villepou, que devient Charlène ?

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