JESSIE . Chapitre 19

Jp Scriblerus

Résumé des chapitres précédents : Sébastien Villepou, délaissant son ex Jessie la déglinguée, remonte à Paris pour retrouver Charlène qui a repris le train pour Nantes.

Chapitre 19

Charlène Fleury rencontre les parents Villepou.

   Sébastien rentra chez lui à pied, désespéré, crevé, voûté, engoncé, les mains dans les poches, sous le faix de ces péripéties et de ses pensées.

   Alors que les contours de son avenir s'esquissait, qu'il avait un emploi dans un pays de trois millions de chômeurs, un amour, une perspective de voyages, voici que tout s'effondrait, enfin pas tout, enfin pas complètement, l'amour encore, un jour, mais quand ? mais l'amour …

   Dans sa nuit insomnieuse Sébastien Villepou roulait mille questions, que faisait en cet instant Charlène à Nantes, où était-elle, où couchait-elle ? que faisait Jessie ?

   Dire qu'il pourrait être là-bas, à Nantes, dans son studio à elle Jessie, ils s'aimeraient, s'enivrant de caresses torrides. Charlène et Jessie tournaient dans sa tête et le rendaient malade.

   Il s'était mis au lit sans dîner avec France Info, tandis qu'au même moment à quatre-cents kilomètres de là, Charlène Fleury ne parvenait pas à trouver le sommeil dans le lit d'ami de l'appartement de Charles et Arlette Villepou au quatrième étage du numéro cinq de la rue Emile Zola.

     C'est une impulsion qui l'avait littéralement propulsée vers le train pour Nantes. Elle s'était imaginée les tourments de Sébastien Villepou et concomitamment le désir glauque de découvrir qui était cette Jessie dont Sébastien s'était complu à lui conter le physique sensuel, l'avait mordue.

   Sébastien ne lui avait pas donné son adresse de Nantes, comme elle n'avait pas davantage l'adresse précise du studio de Sébastien à Paris, dans le quartier de la Bastille. Mais elle avait pris l'adresse de Sébastien qui résidait officiellement chez ses parents à Nantes sur l'un des chèques qu'il lui donnait lorsqu'il payait ses courses à Monoprix.

   Il était vingt-trois heures lorsqu'elle sonna chez les Villepou. " C'est qui " ? fit une voix aigre et mauvaise à l'interphone, elle ne pouvait décemment dire que c'était le plombier.

   Charlène tremble, mais pourquoi ne suis-je pas allée à l'hôtel. Parfois l'on ne réféchit plus, l'on ne veut plus réfléchir, quand les nuages s'amoncellent et tonnent, quand le flot tempétueux mugit, hurle, vous bouscule, vous désarticule.

   Au mieux vous espérez qu'une vague plus puissante que les autres vienne vous échouer sur le haut de plage afin qu'une autre ne vienne pas vous y happer et vous rejeter à la mer, et qu'ainsi vous puissiez reprendre votre souffle, vous sécher, vous relever et croire que rien n'est fini encore.

   Au pire la vague vous aspirera dans la spirale de la solution finale.

   Certes Charlène ne traversait pas une intempérie aussi lourde, aussi tonitruante, mais elle lui était pour le moins inattendue, tombant dans sa vie de fille échaudée par une succession d'amours déçus, elle avait ressenti ces derniers temps Sébastien Villepou comme une épaule malgré l'attache qu'il lui avait dite, sa perspective, et malgré son déni de sentiment amoureux vis à vis d'elle.

   Et c'est ainsi qu'elle se trouvait à devoir répondre à cette voix qui l'interpellait à nouveau dans l'interphone. " Je suis une amie de Sébastien. "

     Il y eut un silence puis : " Quatrième étage sur le palier à droite, pas d'ascenseur." La porte s'ouvrit, elle entra dans le hall, quatrième étage sur le palier à droite. Quand elle se présenta sur le palier Charles Villepou était dans l'embrasure en robe d'intérieur, grise. " Charlène Fleury. "

   Charles Villepou l'invita à entrer, entrez donc mademoiselle, elle se retrouva dans le salon où Arlette Villepou une main sur le dossier du canapé la toisa.

   -   Excusez-moi je suis complètement idiote, je vais aller à l'hôtel, je ne comprends même pas pourquoi je suis ici, je voulais juste voir Sébastien, juste lui dire bonjour d'abord, et je serais repartie, mais je vais repartir tout de suite, si Sébastien n'est pas là.

   " Sébastien n'est pas là. " fit Arlette Vilepou pincée ". Charlène eut froid, il est avec l'autre, pensa t-elle. " Il est remonté à Paris " reprit Arlette Villepou, " et j'ajoute pas dans un bel état, mais vous qui êtes-vous ? ":

   -  Moi je descends du train de Paris, juste une amie, une simple amie, mais... mais il fallait que je le vois.

   -   Si rapidement, il y avait une urgence ? questionna Arlette Villepou qui d'emblée pensa que cette fille était enceinte de son fils ce qui expliquait alors sa rupture avec Jessie et cette intrusion incongrue.

   -    Non pas vraiment mais nous avions un différend grave, il est tard, je repartirai au premier train demain matin. Merci.

   Mais la lassitude, la tristesse et la douceur de Charlène apaisèrent la tension palpable et détendirent les Villepou qui semblaient se recomposer après ce tumulte de la journée qui les avait anéantis. Décidément les soirs se suivaient et se ressemblaient en terme d'intrusions surprises. Charles intervint : " Asseyez-vous mademoiselle quelques minutes, voulez-vous un jus de fruit, une tisane ? ".

     " La chambre d'ami est toujours prête. " fit Arlette Villepou.

    Il ne déplaisait pas soudain à Arlette de reprendre la main sur Sébastien et peut-être que cette fille en était le moyen, pour le reste demain était un autre jour.

   Sébastien à Paris ! Elle à Nantes, à quoi jouaient-ils ! elle n'en pouvait plus de penser, elle s'était laissée cueillir par les Villepou et ne sachant plus comment en sortir cette nuit là, à cette heure-là, épuisée, répugnant de devoir se mettre en quête d'un hôtel dans une ville qu'elle ne connaissait pas, elle avait succombé au lit d'ami.

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25042013

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A Suivre

    Et pendant ce temps là, Jessie ...

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