JESSIE . Chapitre 20
Jp Scriblerus
Chapitre 20
Charles Villepou, la cible de Jessie Cassegrain
Dans cette même nuit de samedi 7 au dimanche 8 mai deux mille onze à Nantes, Jessie se faisait des plans cam sur le web et programmait de nouveaux rendez-vous avec ses vieux pervers, un alcool fort ou une drogue comme une autre. Ses vieux pervers …
Mais parfois Jessie se disait qu'après tout elle était leur bonne soeur, apaisant leur fin de vie, les maternant dans le cocon illusionniste des plaisirs furtifs.
Soudain une idée lui revint qui avait jailli au terme de son altercation avec Sébastien. Séduire, corrompre, faire tomber Charles Villepou le père de Sébastien, lui l'homme qui trompe son monde par son allure droite, altière, mais qui trop souvent de son regard accrochait les seins et la croupe de Jessie, s'attirant les foudres de sa femme.
Il n'avait pas dû manquer d'observer que certain samedi lorsqu'elle venait chez eux, elle ne portait par jeu qu'un string. Jessie ne détestait pas Charles, que son histoire, sa culture, sa religion, ses principes, son honnêteté avaient façonné et qui l'intriguait un peu, mais la chair sera toujours la chair, la pomme sera toujours la pomme, Eve toujours Eve, et Lucifer l'ange déchu n'est pas mort.
Jessie avait la certitude que Charles Villepou était mûr pour qu'elle l'entraîne et qu'il la suive dans l'enfer du vice, qu'il était d'ailleurs peut-être soucieux de connaître et de vivre. Jessie inspira un grand coup, c'était abject, infernal, mais séduisant, et cela la réjouissait, quel coup à faire à Arlette et à Sébastien. Quelle revanche si elle réussissait. Il en aurait à faire des breaks Sébastien parce que ça se saurait, ça finit toujours par se savoir ces choses-là.
Quant à son prétendu break du moment, celui qui avait tout déclenché, son break de mon cul ricana t-elle. Je suis certaine qu'il a une meuf et celle-là aussi je l'aurai, je l'aurai, ils y passeront tous, quant au père, pas de chance vieux tu ne le mérites pas, mais c'est toi le plus vulnérable.
D'ailleurs elle l'attaquerait Villepou le père dès le lendemain de ce week-end de fous, dès lundi, battre la fer tant qu'il est chaud.
Charles Villepou rendit Jessie songeuse un instant, elle avait bien perçu un malaise entre Arlette et lui depuis qu'elle fréquentait les Villepou. La Arlette était une psycho- rigide, sans doute un peu bornée, mais Charles n'aimait pas les histoires encore moins devant les tiers, bien que le peu de fois où elle l'avait vu réagir, sa répartie avait été souvent d'une cruauté sans appel recadrant Arlette qui en rougissait tant elle savait la vérité de ce qu'il lui assenait.
T'inquiéte Charles ! toi d'abord, excuses, mais après c'est elle qui passera à la casserole, je te vengerai... Charles Villepou avait ses habitudes. Jessie établissait déjà son plan, sa stratégie.
Tous les jours Charles Villepou prenait un apéritif à midi et demi à la brasserie du centre-bourg de Rézé-les-Nantes située à quelques six cents mètres de son lieu de travail, à l'enseigne : “ Le Café Rouge " au grand dam d' Arlette qui n'admettait pas cette privauté, cette prétention d'autonomie qui lui rongeait l'estomac.
Elle ne supportait pas que son époux prît hors de chez eux et tous les jours l'apéritif et l'imaginait susceptible de devenir un alcoolique mondain. N'avait-il pas souvent des montées de rougeurs au visage, signe caractéristique selon elle d'un abus d'alcool... Rentre à la maison plutôt que de manger à ta cantine et tu y prendras ton apéritif. Tu as calculé ce que tu nous coûtes par semaine en apéritifs ! … et ton personnel devant lequel tu as une tenue, une responsabilité à préserver, une réputation à soutenir, qu'en pense t-il, il y en a bien qui traînent dans ton bistrot !.
" Rassure-toi chérie, quand je prends mon apéritif je ne roule pas sous la table en sortant " lui avait-il dit. Elle avait failli le gifler. Charles Villepou n'avait rien d'un alcoolique mondain, certes il prenait son apéritif tous les jours, mais ne buvait qu'un quart de rouge au déjeuner lorsqu'il prenait ses repas à l'extérieur. Chez lui il ne buvait que de l'eau ne s'accordant sous contrôle d'Arlette Villepou qu'un apéritif les samedis et dimanches midi.
Il buvait son apéritif tous les jours et à l'extérieur parce c'était sa manière d'affirmer sa liberté et de régler pacifiquement ses comptes avec Arlette. Elle était obstinément obtuse, le réprimant pour tout, le dépréciant aux yeux de la famille, le maudissant parce qu'il n'était capable ni de plomberie, ni d'électricité, ni de maçonnerie, ni de menuiserie, ni de peinture comme son père à elle. Et prétextant qu'il serait inapte à manier un outil, elle se refusait à lui en acheter. La vérité était qu'elle était pingre comme une cohorte de pingouins. Ainsi se refusait-elle aussi à faire venir des artisans et quand la nécessité faisait loi elle s'évertuait à faire appel à la connaissance d'une connaissance travaillant au noir, et la maison se dégradait et Charles le voyait et ne le supportait pas.
Dans la cave en terre battue, le salpètre des murs gonflés par l'humidité se désagrégeait, tombait, l'électricité n'était pas aux normes, ça grésillait dans les interrupteurs. Les peintures des porte-fenêtres avaient disparu après des années d'intempéries, laissant apparaître le gris du bois qui commençait à pourrir, les volets rouillés se dégondaient.
Elle savait mais ne voyait rien, ne voulait rien entendre, et lorsque Charles abordait le sujet elle entrait la tête dans les épaules, se bouchait les oreilles, courait changer de pièce. Elle avait décidé une fois pour toutes que la maison était " très bien comme ça."
Alors il avait sa manière à lui de lui faire payer la facture des déprédations morales et psychiques qu'il estimait subir. Quant à être un alcoolique mondain il en était loin et savait le lui dire avec colère quand les reproches lui pesaient trop, que son père à elle avait été durant toute une époque de sa vie un véritable alcoolique.
C'est ainsi que Charles Villepou avançait dans sa vie s'écorchant aux rocailles de son quotidien de couple, qu'avaient adouci jusqu'alors l'éducation et la réussite de Sébastien.
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26042013 .
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A Suivre
Et Charlène que devient-elle qui passe cette nuit chez les Villepou tandis que Jessie fomente ses plans maléfiques ?
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