JESSIE . Chapitre 9
Jp Scriblerus
Chapitre 9. Charlène
Un lever de paupière.
Charlène a le coeur lourd. Elle réprime les sanglots qui remontent. Charlène est hôtesse de caisse au Monoprix de la Bastille, à Paris.
C'est là que Sébastien Villepou qui plusieurs fois par semaine y fait ses courses l' y a rencontrée, cette grande fille longue, la coupe garçonne, cheveu de jais, le visage émacié, l'oeil noir, la lèvre mince, une Inès de la Fressange, calibre standard.
Il l'avait repérée depuis quelque temps. C'est un soir de mars qu'il fit plus particulièrement attention à elle. En lui tendant son ticket de caisse, elle avait relevé la tête et lui avait souri et peu à peu ce sourire revenait à lui, l'interpellait. Désormais il la cherchait.
Dès qu'il l'apercevait il roulait son chariot vers sa caisse et y déversait sur le tapis roulant, sa baguette de pain, son litre de lait, sa bouteille d'eau, son sachet de brioche, son paquet de chips, sa boîte d'oeufs et sa boîte de raviolis. Evidemment à force de forcer la paupière de Charlène, celle-ci avait failli, et son premier sourire qui n'avait été que commercial devenait plus attentif. Une fois Charlène rosit.
Alors il y vint de plus en plus souvent. Il lui manquait toujours un petit quelque chose, une tablette de chocolat, un litre d'huile, et si elle n'était pas là alors il allait remettre le litre d'huile dans le rayon.
Mais un lundi soir il lui dit penché sur l'écriture de son chèque, je vous invite au cinéma, au Majestic Bastille ils passent " Le diable s'habille en Prada " avec Meryl Streep, il y a une séance à dix-neuf heures trente. En s'attardant sur la vérification du chèque elle lui dit : " Je finis à vingt-heures trente ". La queue pressait, il emballa ses aliments, et il lui dit d'un regard et dans un souffle: " Je reviens demain mardi vers dix-sept heures ". Elle comptabilisait déjà les marchandises du client suivant .
Sébastien revint le lendemain vers les dix-sept heures, à la même caisse, le chariot bien rempli pour avoir le temps en sortant les victuailles de fixer les modalités du rendez-vous avec Charlène. Mais Charlène était aux hôtesses de caisse absentes. Il refit toutes les caisses avec son chariot. Il suspecta un mauvais coup de la part de Charlène. Il le lui avait bien dit qu'il reviendrait aujourd'hui, pourquoi n'avait-elle rien dit si elle savait qu'elle serait absente ? Vexé il partit abandonner le chariot dans une allée. Quel con, quel grand naïf était-il ! elle pouvait être en couple après tout, une fille comme ça ! Il savourait d'avoir planté son chariot avec tout le chargement dans une allée, ça lui faisait du bien, c'était ridicule, idiot, mais ça lui faisait du bien. Le chariot seul, figé en pleine allée aurait l'air aussi con que lui, il ne serait pas seul à l'être, objets inanimés avez-vous donc une âme. Mais bien sûr.
" Qu'avez-vous fait de votre chariot ? " Il tourna la tête. Elle était presque l'épaule contre la sienne, ses yeux presque dans les siens, ses lèvres si proches, il rayonna : " Vous n'étiez pas à votre caisse ! ".
- Je n'y suis pas, mais je suis là, ne faites pas le bête allez le chercher. Je ne travaille pas le mardi je n'ai pas eu le réflexe de vous le dire, et vous m'aviez dit aujourd'hui vers dix-sept heures.
Elle était sublime cette fille. " Si vous êtes toujours d'accord pour aller toujours au cinéma, allons-y ! " Ils s'y fixèrent l'heure du rendez-vous et s'y retrouvèrent. Ils y furent bien. Sébastien ne vit qu'à peine à l'écran les grands airs tourbillonnants en femme toujours très affairée de Meryl Streep, flamboyante, et pour cause.
Charlène avait tranquillement, ingénuement enlevé l'une après l'autre ses boucles d'oreille et vint caler sa joue contre la sienne. La surprise de cette tendresse soudaine le prit au dépourvu, les yeux fermés elle lui tendit ses lèvres, il lui tendit les siennes sans s'en rendre compte. Après la séance, ils allèrent prendre un pot " Au Bastille's Pub " .
Et ce fut-là, après la séance, ce mardi soir de mai qu'après que Charlène lui eut dit une récente rupture que Sébastien se dévoya et confessa à Charlène, l'existence de Jessie sa petite amie, son amour et leurs fiançailles. Charlène enleva sa main de celle de Sébastien qui la lui avait prise.
La confession de Sébastien lui fait froid et la désenchanta après ses propres propos confidents. L'heure avançait, elle dit : “ Je vais rentrer. " Il se proposa de l'accompagner, elle rentrait en bus. Il monta dans le bus avec elle. “ Voulez-vous que nous nous revoyions ? " lui dit Sébastien. " Mais si vous êtes fiancé, sans doute est-ce inutile de se revoir ! j'aurais passé un bon moment, oui je suis un peu déçue, mais bon ! ".
- Oh mais je ne suis pas encore fiancé.
- Pas encore mais quand même sérieusement engagé, vous avez dit qu'elle est belle et sensuelle et que vous l'aimez, vous es hommes vous voudriez boire à toutes les sources à la fois … ".
Ils étaient maintenant au pied de l'immeuble, Sébastien réprima un soupir. " Comme vous voulez " . Charlène lui prit la main. " Je suis folle mais alors soit ! à mardi prochain, vous sonnerez à la porte de l'immeuble, je descendrai." La porte se referma derrière elle.
Pourquoi avait-il confessé de manière aussi imbécile la préparation de ses fiançailles avec Jessie étudiante en lettres, ah c'était parce qu'elle lui avait dit brièvement ses liaisons plus ou moins longues et ses ruptures douloureuses, concluant par son statut: " Et je ne suis qu'une hôtesse de caisse."
Mais le mardi suivant, cet autre mardi soir d'avril Charlène en le quittant ne s'est pas retournée, comme ce soir de la semaine dernière là où il l'avait accompagnée au pied de son immeuble et où elle avait souhaité le revoir malgré qu'il lui avait dit ses futurs fiançailles avec Jessie. Ils ne se fixèrent pas un nouveau rendez-vous.
En effet, ce soir là, il n'avait su que lui redire avec une complaisance osée et coupable ses fornications avec Jessie, puis qu'il lui fallait voir clair, puis qu'il ne croyait pas vraiment l'aimer elle Charlène mais qu'il inclinait vers elle et qu'avec elle il se sentait en grande confiance.
Et dire qu'elle le lui avait laisser dire toutes ces turpitudes ! et après un tel indécent voire grossier déballage, aller dire à une fille qui vous a abandonné ses lèvres qu'elle demeurera votre grande amie, quels mépris et humiliation.
Vendredi prochain il descendait à Nantes. Sébastien Villepou soupira encore, et s'enfouit sous son drap. L semaine prochaine serait un autre jour.
µµµ
22042013 .
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A Suivre
La rupture avec Charlène est-elle acquise, comment Charles Villepou va t-il se comporter avec Jessie de retour à Nantes ce Week-end ?
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Puceau et niais ? pauvre garçon !!! Pour séduire une femme, ne jamais évoquer "l'autre".
· Il y a plus de 10 ans ·C'est le B.a-ba, mode d'emploi leçon N° 1.
akhesa
Vous le lui direz et ferez son éducation, je n'ai aucune prise sur ce jeune homme un peu coincé, candide, ce qui est certes surprenant en ce Siècle dissolu ...
· Il y a plus de 10 ans ·Jp Scriblerus
Sans être dissolue, je ne me sens pas le talent de déniaiseuse ... j'aime un peu plus de répondant à mes ardeurs ;-)
· Il y a plus de 10 ans ·akhesa