JESSIE . chapitre 22 .
Jp Scriblerus
Chapitre 22 .
Les parents de Charlène.
Lorsque que la porte fut fermée Charlène éprouva un lourd sentiment de lassitude. En la quittant ce soir Sébastien n'avait rien dit, rien.
Certes Elle et lui venaient de vivre cet après-midi singulier, joli, mais qui n'éclairait pas l'avenir et Sébastien n'avait rien dit, rien, qui dise ainsi que sa rupture avec Jessie était sans retour, c'est ce que percevait Charlène. Sébastien Villepou et ses semis de je t'aime. Je t'aime. Je t'aime. Je crois que je t'aimais un peu. Je crois que je t'aime un peu disait-il à l'une et à l'autre.
Cette fascination des je t'aime, qui grisent ceux qui les disent, les écrivent et ceux qui les entendent, les écoutent et y croient.
Charlène s'abandonnait au flux des images, des rencontres, des bribes de conversations de ce week-end invraisemblable, à ces semis de mots aléatoires qui ouvraient tous les possibles, qui permettaient toutes les illusions, toutes les espérances, à ces déclarations flamboyantes mais stéréotypées, universellement et éternellement bafouées mais éternellement renouvelées et qui lui avaient été déjà si cruelles.
Charlène songeait, songeait à ses parents, ses parents adoptifs, cette femme et cet homme qui l'avaient constamment entourée d'une affection discrète, qui avaient toujours le souci de ses interrogations et de ses recherches quant à ses parents biologiques, quant à son identité intrinsèque,
Charlène songeait, songeait à ses parents adoptifs Joseph et Henriette Fleury qui ne se considéraient que comme des parents accompagnants, mais non propriétaires de Charlène, certes indéfectiblement présents et douloureusement aimants, mais prêts à tout moment à dénouer ce qui n'était qu'une forme de lien de tendresse humaine pour laisser Charlène libre d'entreprendre un éventuel retour vers ses parents naturels, et qu'ils ne s'autoriseraient jamais de juger.
Charlène le savait, en était intimement heureuse, leur en était infiniment reconnaissante.
Les Fleury étaient un couple banal, atone, silencieux que l'on ne repère pas, qui se confond avec le paysage urbain avec les murs du quartier et qui brode en interne entre ses quatre murs son canevas de vie professionnelle et privée, sobrement amoureuse, ou tendre et tranquille.
Très souvent Charlène les surprenait dans l'une de leurs petites intimités de couple, Joseph tendant les lèvres sur le front d'Henriette qui alors fermait les yeux. Elle percevait cet instant qu'elle leur dérobait de manière impromptue, malgré elle, comme l'une de ces formes d'enlacements ou d'étreintes amoureux valant mieux que tout mélangisme effréné de lèvres, de langues, ou que tout collage des corps.
Mais parce qu'aussi, peut-être, Henriette et Joseph malgré leur cinquantaine encore seyante avaient passé l'âge des appels effervescents. Mais elle n'était pas non plus dans le secret de leur alcôve. Eh puis qu'importait, ça ne regardait qu'eux, quant à définir cette forme d'action de grâce qu'était ce baiser sur un front tendu Charlène s'interrogeait.
Qu'était-ce ? De l'amour, de la tendresse, une symbiose, un amour fusionnel, une force de l'habitude, un tic compulsif, un leurre, un faux-semblant, la méthode Coué, un artifice, une relation factice et aménagée, un compromis, le réalisme d'une existence quasi consommée ? bon, oui, enfin ça ne regardait qu'eux.
Parfois avant que Charlène ait eu le temps de s'esquiver Joseph surprenait sa présence alors que ses lèvres portaient l'onction sur le front d'Henriette mais il l'oubliait tout aussi vite, tout à celle-ci qui en retour s'écartait, le regardait avec un doux sourire, et glissait un doigt sur sa joue.
Non il n'y avait pas de mensonge dans cet échange, qui était un grain d'amour pur de l'instant. Un regard, un sourire, un doigt sur une joue, la perfection d'un pas de-deux dans le ballet de Coppélia.
Charlène songeait.
µµµ
28042013 .
.
A Suivre
Jessie retrouve Charles Villepou le père de Sébastien et lui propose un deal .
.
"Non il n'y avait pas de mensonge dans cet échange, qui était un grain d'amour pur de l'instant. "
· Il y a plus de 10 ans ·Très beau... finalement l'Amour n'a pas besoin de grandes envolées lyriques ..
akhesa
bonjour madame Akhesa, j'apprécie votre passage ...
· Il y a plus de 10 ans ·Jp Scriblerus