Jeu mortel

franekbalboa

Après des semaines, ça y était, le prototype du jeu était en effet au point. Les quelques défauts mineurs étaient réglés et les tests étaient des succès. Les concepteurs décidèrent de présenter le fameux jeu à un célèbre salon du jeu vidéo auquel ils avaient été conviés suite à une rencontre avec un grand groupe de la branche.

Après l'installation et une petite démonstration par l'un des initiateurs de l'idée, des gens enthousiastes se mirent à essayer la machine. Le principe etait une modélisation virtuelle d'un univers dans lequel était plongé le joueur, sans danger évidemment. Il s'agissait d'un champ de bataille moyenâgeux duquel on devait simplement battre le chef adverse. A la fin de la partie, il retrouvait son corps, et pouvait sortir du jeu. 

14h00, une femme entre dans le jeu et démarre la partie.

Les premiers adversaires sont faciles à éliminer, puis après quelques minutes, elle se sent oppressée, comme si le jeu avait changé. Elle entend un rugissement au loin, des cris, un officier lui donne du fil à retordre, mais elle le vainc, puis, elle repart selon les ordres du leader affronter une autre troupe où elle se fait brutalement repousser. Elle avait pris à peine deux coups, mais son œil ne s'ouvrait plus et son bras répondait à peine. Elle entend alors un message sinistre:

"Tu n'en sortiras pas vivante."

Simple, terrifiant. Quelque chose n'allait pas, la difficulté n'allait pas crescendo, mais augmentait de manière trop importante pour que ce fut voulu.

Dehors, le programmeur vit immédiatement que quelque chose n'allait pas, d'abord la barre de vie de la jeune femme avait baissé bien trop vite en ayant pris à peine deux coups. Ensuite elle saignait. Il appela immédiatement celui qui s'était occupé des niveaux de difficultés, il échangea rapidement avec et ce qu'il lui dit fut terrifiant, le jeu avait été piraté avec une difficulté extrême, la femme pouvait désormais perdre la vie.

Il fit signe à celui qui avait été le cobaye dans toutes les difficultés du jeu, ils se comprirent sans un mot. Le garçon se mit en place pour y entrer et le programmeur força son arrivée sur place. Il entra dans le jeu et fila, le programmeur lui avait mis un signal pour retrouver la femme. Dans le même temps il lui avait demandé de battre en retraite et de laisser l'IA s'occuper des adversaires. Le début de bataille était de toutes façons équilibré, il ne se passerait rien.

Le garçon arriva bientôt dans le camp où la femme était, au même moment une troupe de cavaliers défonça l'un des murs et entra en force dans celui-ci, le jeune homme vit quelques chevaux qui attendaient en s'abreuvant. Il en monta un et fonça en direction des cavaliers. Armé d'une énorme vouge, il fit de terribles dégâts dans leurs arrières.

Surpris, ils se dispersèrent, le camp ne subit que de minimes dommages.

Le garçon retrouva alors la femme au milieu d'une tente détruite, terrifiée et tremblante.

"Ça va ?"

Elle ne dit pas un mot mais acquiesça simplement. Que se passait-il ?

Le garçon lui prit la main et la fit monter à cheval derrière lui. Son attitude laissait voir quelqu'un de fort, et elle se laissa guider.

"Je vais avoir besoin que tu t'occupes des types qui s'approchent par l'arrière. Je m'occupe du reste, on va d'abord trouver de quoi te soigner"

Il fonçait droit sur les adversaires ! Terrifiée, elle suivit quand même l'homme, et envoya d'énormes coups sur les adversaires qui approchaient par l'arrière et les flancs.

Ils arrivèrent dans un camp où le garçon intima l'ordre d'aller et venir en cognant sans s'arrêter, puis il sauta après avoir confié les rennes à la femme.

Elle allait et venait alors qu'il affrontait pléthore d'adversaires dans un déluge de lames. Après de très longues minutes, il finit par se débarrasser du dernier. Il lui fit signe de venir, elle vint près de lui et descendit du cheval.

Il la fit entrer dans une tente où il la pansa et la fit manger et boire. Elle sentit une énergie incroyable la traverser. Il en fit de même. Au dehors, la foule était subjuguée par ce qui se passait, l'accès au jeu avait été interdit, et l'endroit avait été bouclé par les forces de l'ordre qui interrogeaient chaque personne avant de les laisser sortir.

"Bon, fini le repos, il faut qu'on file, ce camp va bientôt être attaqué par nos alliés.

-Mais ils le savent qu'ils sont nos alliés non ?

-Eux oui, mais les onagres balancent des blocs de pierre qui eux, ne le savent pas."

Un frisson parcourut le corps de la femme. Il la prit par la main et la jeta sur le cheval, il s'empara d'un autre destrier un peu plus loin puis ils chevauchèrent côte à côte.

Il l'informa qu'ils devaient aller aider une des troupes qui devrait commencer à être en difficulté, elle le suivit. Effectivement, en arrivant elle vit des hommes acculés menés par une guerrière impressionnante qui ne se laissait pas faire mais peinait à tenir.

Leur charge fit basculer l'escarmouche. La guerrière rallia ses hommes et tous éliminèrent conjointement leurs adversaires.

L'homme et la femme allaient et venaient sur le champ de bataille, assistant les troupes en difficulté. Le garçon connaissait parfaitement le jeu, il savait où le soutien était nécessaire.

Après une bonne heure, ils retournèrent au camp, et mangèrent de nouveau.

"Le plus dur vient. T'es prête ?

-Oui."

Tremblante mais un peu plus confiante, elle sortit derrière lui, il se remit à dos de monture, elle en fit de même. Soudain une voix jaillit des airs:

"Ça va le faire ?

-'Va bien falloir.

-Tu l'as jamais battu...

-J'ai dit: 'va bien falloir !"

La femme se demandait alors ce que ce garçon qui connaissait parfaitement le jeu n' avait pu battre...

Elle le vit alors. Un homme terrifiant au visage masqué était assailli de toute part, il gardait un accès suffisamment peu large pour être défendu par une poignée d'hommes...

Son visage était à moitié bandé, son seul œil visible laissait apparaître une folie meurtrière, elle en fut terrifiée rien qu'à le voir de loin.

"Bon, je vais m'occuper de lui, essaie de trouver la guerrière qu'on a sauvé en premier, c'est elle qui doit battre leur chef. Ce type est monstrueux mais reste un sous fifre. Pas de question idiote, merci."

Elle hocha la tête, et ne trembla pas malgré la terreur qui l'habitait à ce moment. Elle fila pour chercher la guerrière. Lui descendit du cheval et envoya un terrible coup de vouge qui trancha 7 soldats ennemis. La foule qui se passait pour regarder le jeu était atterrée de ce qu'elle voyait.

Le programmeur parla de nouveau:

"Tu peux le faire vieux.

-Je sais. J'ai progressé mine de rien."

Le garçon se tourna vers la foula avec un immense sourire. Ses yeux gris montraient une farouche détermination. Il leva sa vouge et rallia les soldats dispersés autour de lui. Dans le salon, un tonnerre d'encouragement retentit. Le programmeur avait laissé ouvert le micro et le garçon de sentit poussé par cette foule.

Il tonna:

"DESCEND DE TON CHEVAL, VIENS MONTRER CE QUE TU VAUX, MINABLE !"

L'officier adverse fixa le garçon du regard. Le simple duel les yeux dans les yeux était incroyable. 

Ils avançaient calmement, l'un vers l'autre. Les soldats avaient formé un cercle délimitant une sorte d'arène autour d'eux. Arrivé à environ 3 mètres l'un de l'autre, ils se mirent en posture de combat. 

Après quelques secondes, les coups partirent à une vitesse phénoménale. Les deux adversaires étaient prodigieux, tous retenaient leur souffle. Un silence de cathédrale de la foule, seul le bruit des armes s'entrechoquant était audible. 

Après une passe folle de dizaines de coups, le garçon se jeta sous son adversaire en glissant, il prit un énorme coup sur l'épaule qui le sonna, mais il garda suffisamment de lucidité pour envoyer un coup terrible à la jambe de son adversaire. Il tomba mais se releva. Le garçon tituba en se relevant également. Les deux adversaires étaient lourdement touchés... 

De son côté la femme avait trouvé la guerrière, ils étaient tous montés à cheval avec sa troupe. Ils chargeaient désormais le camp ennemi à toute allure, balayant toutes les troupes sur leur passage. La guerrière cria de lever les boucliers, ce que fit la jeune femme. Une salve de flèches les toucha alors qu'ils accélérèrent l'allure. Percutant la troupe d'archers, ils balayèrent rapidement toute opposition en se dirigeant vers le QG ennemi. 

À leur arrivée le chef ennemi appela à l'aide. 

Du côté du garçon, l'officier titubait mais commença à tenter un repli. Le garçon frappa et fit valser son opposant. Malgré sa blessure à l'épaule, il savait qu'il devait retenir l'officier.

Du côté de la femme, le combat se déroulait assez bien. Épaulée par la guerrière, elles éliminaient les gardes les uns après les autres. 

Le garçon avait fort à faire, son vis-à-vis étant déterminé à rejoindre son chef. Il frappait fort et les mains du jeune homme souffraient, du côté du garçon, il envoyait des coups avec une puissance digne des meilleurs. Il rivalisait étonnamment facilement avec ce monstre qu'il avait face à lui. 

Il sauta pour porter le coup de grâce mais son adversaire l'empala sur sa hallebarde. Il envoya un coup de sa vouge qui assomma l'officier. 

Les filles avaient presque atteint l'objectif. 

"Prépare les secours je vais avoir besoin de soins vieux…"

Le programmeur dehors était terrifié et appela l'équipe de secours. Le garçon avait été transpercé de part en part, pouvait-il survivre..?

Malgré la hallebarde lui traversant le torse, il envoyait d'énormes coups de vouge, l'immense officier vacillant sous l'acharnement du garçon. Il se releva, le sang coulant abondamment, avançant tel un démon vers l'officier. 

Les deux femmes arrivèrent face au chef qui supplia pour sa vie, la guerrière furieuse explosa et attaqua, l'homme riposta, et ce fut une explosion de lames, la guerrière et la femme terminèrent le niveau. 

Elle sentit son corps retourner vers la réalité, une explosion d'applaudissements la tira de son euphorie. Puis des hurlements, elle tourna la tête et vit le garçon couvert de sang, elle hurla et perdit connaissance. 

Elle se réveilla quelques heures après, à l'hôpital, secouée de ce qu'elle avait vu et vécu, un officier de police à ses côtés qui l'attendait pour la questionner. 

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