J'me complais dans ma dérive

J'me complais dans ma dérive.

Je n'sais pas trop pourquoi d'ailleurs, mais je ne me vois plus prendre la bonne voie, je n'me vois plus remonter la pente. J'me vois faire des conneries, j'me vois sans but, sans objectif. J'suis juste là à vouloir transmettre des sentiments, à vouloir laisser une trace de tout mon travail. Je pense le noir, je m'habille noir, le noir remplit ma tête. La déprime et le blues inspire maints écrivains. Peut-être même d'ailleurs que les meilleurs parviennent à écrire autre chose que ceci. Ce n'est pas mon cas aujourd'hui, je ne fais peut-être pas encore partie de ces foutues plumes renommées.

Je me complais dans ma dérive.

Que nous est-il arrivé ? J'ai dit non à ce système depuis tellement longtemps et pourtant je ne peux m'empêcher de vivre avec, c'est comme une évidence. On nous a plongés dans un monde dégueulasse. Je n'suis même pas capable de trouver ne serait-ce qu'une once de beauté venant de la part du haut. On nous fout des taxes à tir l'argot et on se retrouve comme des cons à être tous semblables. Faire les meilleures études pour trouver le meilleur emploi et finir riche. Mais tant que t'aimes ce que tu fais, c'est le plus important qu'ils disent, mais est-ce que ça suffit vraiment ? Quand on veut vivre d'amour et d'eau fraiche on fait comment ? Qui a caché le mode d'emploi ? J'en ai besoin, s'il vous plaît ça urge.

Je suis la contradiction même, je suis l'entre deux lignes parallèles. On nous bride nos rêves en nous faisant croire qu'on peut les réaliser coûte que coûte mais est-ce qu'on ne s'en prive pas nous-même au final ? Comment réagirait une maman qui donnerait tout pour son gosse qui, celui-ci, l'abandonnerait du jour au lendemain ? 
J'me pose trop de questions tout le temps, et je me retrouve à étaler ces questionnements à tout le monde alors que personne n'en connaît les réponses. On va me dire de profiter de ma vie, de tout lâcher si c'est ce que je désire vraiment et que, de toute façon, ma mère accepterait mon choix si elle m'aime vraiment. Mais moi est ce que je l'aime assez pour tout lâcher ?

J'fais partie de ces enfants déchus qui deviennent majeurs mais qui ne veulent plus grandir. J'fais partie de ces enfants déchus qui passent leur vie à fumer et à se retourner le crâne. J'me détruis beaucoup de neurones trop souvent, et alors ? C'est quoi l'but ? C'est quoi les conséquences ? J'vais me retrouver dans vingt ans une seringue dans l'bras si je n'suis pas encore dans le caniveau. J'ai une de ces belles estimes de moi-même c'est dingue.

Aujourd'hui le ciel est gris, le soleil s'cache, c'est comme si ça avait une conséquence directe sur mon humeur. C'est comme si le soleil me donne le sourire et que la brume me file un blues à en glacer l'sang. Je n'sais pas pourquoi, je n'sais plus pourquoi. Je n'ai pas une vie parfaite bien qu'on m'en donne une version idéale mais si seulement ils savaient. Personne ne sait, personne ne sait rien. Pas même les dieux, personne ne sait rien, qui est-on ? Personne, tout s'explique. J'me retrouve à écrire des maux déplacés pour quelqu'un comme moi. Effectivement, avec une situation économique aisée et une vie aux allures plus qu'acceptables j'parviens encore à me plaindre. On m'a dit qu'on appelait ça le spleen des écrivains, un peu comme Baudelaire l'incompris. J'me contredis moi-même, je n'comprends même plus le sens de ce que je dis même si je le dis bel et bien. Baudelaire se disait artiste à part entière alors qu'il n'était uniquement considéré comme risible à son époque. Tout ça à cause des gens et de leurs jugements à deux francs. Baudelaire était l'incompris, il le disait lui-même. Et la preuve que l'humain est stupide c'est qu'aujourd'hui on regrette qu'il soit mort.

Aujourd'hui on voudrait voir revivre nos artistes préférés, Gainsbourg, Brel, Baudelaire, Victor Hugo, Janis Joplin et j'en passe un paquet.

Aujourd'hui on voudrait tous être heureux. J'suis altruiste avec mon cœur qui se décime mais qui tient toujours le coup. J'ai toujours cherché à rendre mes parents fiers et je n'ai jamais réussi. J'suis peut-être plus intelligente que la moyenne, mais qu'est-ce que je m'en fous de l'école. J'aimerais tellement qu'on me reconnaisse simplement en tant que personne et non en tant que bulletin, attitude, comment j'suis fringuée ou encore ce que j'écoute comme sons. Chacun est différent et c'est tellement plus beau comme ça. Pourquoi chercher à faire un idéal que jamais personne n'atteindra ? Pourquoi dicter aux gens ce qu'ils doivent écouter et ce qu'ils doivent détester ? Pourquoi dénigrer quelqu'un qu'on croise dans la rue juste parce qu'il ne rentre pas dans le moule ? Qu'est-ce que la folie dans un monde de fous ? Mieux encore, le fou n'est-il pas plus raisonné que l'homme renommé comme sage ? On s'fait dicter notre vie par des gens vénales, par un système capitaliste et on y prend goût dès qu'on est capable de considérer l'argent. On est obligé d'avoir un paquet de fric pour s'en sortir. Dans le cas contraire on va crever, aussi simplement que ça. On ne connait pas le soutien aujourd'hui. On pense avoir des amis sans savoir ce qu'est la réelle amitié. J'ai encore une meilleure question pour toi, pourquoi on s'entête à se faire du mal ?

J'me complais dans ma dérive, j'aime me voir tituber en me disant que ça ira mieux demain alors que ça ne va jamais mieux le lendemain. J'ai fini par accepter et m'dire que la vie c'est de la merde. Alors un jour j'me lèverai et ce jour-là j'prendrais mon courage à deux mains, même plus qu'à deux mains. J'partirai en quête de bonheur. J'ferais le tour du monde s'il le faut, et j'trouverai mon utopie, c'est l'unique espoir qui laisse encore ce brasier s'enflammer au fin fond de mes entrailles. Un jour j'm'en sortirai et j'arrêterai de me complaire dans mes dérives, parce qu'il n'y en a malheureusement pas qu'une seule.