Johnny H. contre François H.

floriane

Contribution au concours : provoquez deux icônes en duel. Les mots ou expressions en italique sont des titres de chansons de Johnny Hallyday.

Debout au comptoir d'un bar parisien, Johnny Hallyday allume une clope à l'aide d'un briquet-tempête. Allumer le feu. Il aspire une première bouffée et souffle la fumée avec bonheur.

Un homme, petit et trapu, boudiné dans son costume, entre et s'approche :

-Salut Charlie ! dit le nouveau venu à la jolie serveuse, la fille aux cheveux clairs. Elle lui rend son salut.

Le petit, court sur pattes,  approche un tabouret vers lui et, avec peine, s'y installe.  Il pousse un soupir à fendre l'âme.

-Elle est terrible ! se plaint-il en desserrant sa cravate.

-Qui ça ? demande la serveuse.

-La France, tiens ! dit-il comme si cela coulait de source. Servez-moi un café.

-Crème ?

-Non, noir. Parce que noir c'est noir, dit-il avec humour.

Johnny  grimace. Il se croit drôle celui-là.

Le petit plisse son nez, dérangé par l'odeur âcre de la cigarette. Il se tourne, mécontent, vers son voisin de comptoir. Celui-ci est nonchalant, bourru, fier dans son cuir brillant.

-Il est interdit de fumer dans les lieux publics depuis 2007 ! braille-t-il.

-Ah ! Les politiques et leurs lois de merde ! répond le fumeur, d'une voix enrouée, presque mafieuse. La clop, c'est bon.

-C'est que ça m'indispose, ajoute le nain.

-N'avez pas la rock'n'roll attitude, vous ! répond Johnny. Z'êtes coincé ! Tenez, je vous la donne, ajoute-t-il en lui tendant la clope à moitié fumée.

-Je vous en prie, chez Monsieur, s'énerve le petit. Savez-vous à qui vous vous adressez ?

-Jésus-Christ sans la barbe ? propose Johnny en haussant les épaules, moqueur.

 Le petit, irrité par l'impolitesse de cet homme à la peau  tannée, style biker,  lui jette un regard lourd de fureur.

-Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ? râle Johnny.

-Rien, rien. Désolé. Je voulais juste parler un peu. Faire la causette. J'ai besoin d'un ami.

-Et moi je voudrais tellement fumer tranquille ! Ne pas être emmerdé par un nain fringué comme un premier ministre.

À cet instant, un téléphone sonne. Le petit boudiné se redresse sur son tabouret, manquant de chavirer quand il se rend compte que c'est justement le sien. Il remonte ses lunettes sur le bout de son nez, prend son mobile et regarde le prénom affiché sur l'écran.

Johnny lance :

-Votre femme ?

Le petiot secoue la tête tout en hésitant à répondre.

-Une maîtresse ? poursuit Johnny.

Le nain rougit. Johnny éclate d'un rire éraillé, complètement ahuri.

-Une maîtresse ! Une de ces Gabrielle ou Marie, qui se pare de la blouse de l'infirmière pour illuminer vos nuits ? Ah ah ! Je ne vous imaginais pas dans le rôle de l'étalon…

Le petit homme triture son bouton à la joue et finit par prendre l'appel :

-Ah, Julie, c'est toi ! Oui, oui, j'arrive de suite. Je suis encore à l'Elysée là…. Je file prendre mon scooter et je te rejoins…oui, je te promets…bisou.

Le petit replet raccroche.

Johnny, qui rit sous cape, éteint sa cigarette en la lâchant dans la tasse de café de son voisin. Sans un au revoir, il quitte le comptoir et le bar.

François H., resté seul, se met à soupirer :

-Eh bein ! Vive la France !

 

Aubin Floriane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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