jouissance vengeresse
Nestor Barth
je publie en quatre fois ( sur deux semaines ) ce texte afin de recueillir votre avis et en particulier celui d'Hélène dont j'apprécie particulièrement les propos. Mais à tous, j'adore la critique dans tous les domaines, alors n'hésitez pas. C'est bien cela le but de WLW ?
Jouissance vengeresse
Ne cherchez pas de similitude avec des faits réels, car les personnages sont
fictifs et toute ressemblance est fortuite.
Ce jour là, j'aurais mieux fait de rester couché !
Un drame peut intervenir à tout moment. Celui que je vais raconter et qui m'est arrivé a commencé comme ça.
Je suis concentré sur la conduite, les deux mains bien accrochées au volant. Cette route de montagne à la sortie de Grasse, la belle route Napoléon, est très sinueuse, étroite, scabreuse par endroit ; parfois la place est étroite pour se croiser. Je ne comprends pas que certains conducteurs doublent parfois sans visibilité. Cela me donne la chair de poule. Je ne serais pas étonné de voir l'un de ces bolides dans un accident au détour d'un virage. Un accident sur une telle route, avec des ravins de plusieurs centaines de mètres tantôt à droite, tantôt à gauche, cela me fait froid dans le dos et aussi un peu pour les trois femmes que j'emmène avec moi. Je ne suis pas sûr qu'elles apprécieraient de faire un vol plané. Quoique ?
Trois copines, enfin deux. La troisième je ne la connais que depuis peu.
Rosette et Danielle sont mes amies depuis longtemps. on se respecte, on s'aime bien. Nous avons pris l'habitude de voyager ensemble. Cela fait des années. On s'entend bien. Le troisième passager est leur copine. C'est Libelle et avec une nouvelle personne, il faut s'adapter. S'observer prend du temps, s'apprécier n'est pas évident. Il faut ménager son langage et peut-on seulement plaisanter ? Est-elle susceptible ? Faut voir. Libelle connait mes deux amies depuis peu et je ne sais pas encore si elles ont bien fait de me la présenter et de l'imposer pour faire ce voyage avec nous. Vous allez juger par vous-même.
Le matin d'assez bonne heure nous avons donc entamé notre périple et très vite les langues se sont déliées. Rosette qui l'a bien pendue a commencé la litanie de ses souvenirs de petite fille et de ceux de sa carrière. Beaucoup d'histoires piquantes qui la font rire à gorge déployée mais aussi quelques souvenirs de malheurs dont on ne peut la faire sortir.
Ça lui occupe l'âme.
Danielle à son tour, bouillant de prendre la parole, se venge de l'injustice de son présent en besognant l'avenir au fond d'elle même. Justes et lâches qu'elles sont tout au fond d'elles mêmes.
Rosette est veuve depuis récemment après s'être séparée de son mari depuis longtemps tout en restant prévenante jusqu'à sa mort.
Danielle s'est mariée deux fois et s'est trompée deux fois. Je sens qu'elle ferait bien une troisième expérience rien que pour voir et essayer surtout de ne pas finir vaincue. Peut-être par vengeance d'elle même ou par défi.
Elles m'ont plus ou moins raconté leur vie plusieurs fois, ce fut toujours la même histoire. C''est clair. Un mari, des enfants, des disputes, la séparation brutale ou programmée. La vie, ses difficultés. Comme d'habitude. On passe tous par là.
Libelle, elle, ne parle pas beaucoup. Elle semble discrète à moins qu'elle ne soit timide. J'ai remarqué quand je regarde dans le rétroviseur, elle me fixe. Qu'est-ce qu'elle peut bien avoir dans la tête à ce moment là ? Même, j'ai pu déceler comme un léger rictus sur les lèvres, sardonique ? Je sais que parfois l'expression ne suit pas la pensée et peut même la trahir, alors je dessine un sourire et son regard s'éclipse.
Cela fait plus de deux heures qu'on roule. 24 Juin, belle et chaude journée en perspective.
Nous apprécions la chance de pouvoir passer huit jours ensemble en montagne dans un club que l'agence nous a décrit être un endroit de rêve.
Alors en attendant de rejoindre cette destination dont chaque minute passée nous rapproche avec de plus en plus d'excitation, et dans le but de satisfaire au mieux le plaisir de chacun pendant ce voyage, je propose :
--- Un café ou bien un coup de rosé avec du saucisson ?
La réaction a été immédiate. Elles m'ont applaudi.
Libelle prend un déca noisette. Rosette un café normal allongé d'eau. Danielle, je m'en doutais y va pour le rosé et le saucisson. Non il n'y a que des rillettes. Très bien fait-elle. C'est encore mieux. Et je la suis. Un régal et rien que le fait d'avoir roulé deux heures, l'appétit est émoustillé.
--- Ça fait vraiment routier ton rosé, qu'elle dit Rosette à Danielle, et tu bois trop à 10 heures du matin ! T'aurais jamais fait ça devant ton mari !
Le ton est sec en lançant cette boutade. La réaction est brutale :
--- Mêle-toi de ce qui te regarde et si ça me plait, pourquoi faut-il que je fasse ce que toi tu veux, comme toujours. Et mon mari, il a fait ce qu'il a voulu en me quittant avec ma meilleure amie ? Alors merde !
--- Avec deux verres tu vas nous raconter ta vie.
--- Et alors tu l'a pas raconté ta vie toi, pendant deux heures ce matin ?
--- Oh Oh les filles, fait Libelle, on est en vacance ! Pourquoi faire tout un plat pour ce qui n'en vaut pas la peine. Arrêtez s'il vous plait. On est bien et
chacun fait ce qu'il veut. C'est tout.
Je surenchéris pour approuver :
--- Sur cette bonne parole, dis-je en levant mon verre, à votre santé et que ce voyage soit un succès et nous profite à tous.
J'ai apprécié la manière de Libelle d'étouffer l'affaire d'autant qu'elle l'a fait
avec douceur, sur un ton vraiment conciliant avec un sourire aux deux chattes en furie, ce qui les a calmées d'emblée. Spectaculaire, le résultat. Elles ont quitté le bistrot en se tenant le bras pour rejoindre l'auto.
Je me demande si Rosette n'a pas provoqué son amie pour qu'elle crache encore devant tout le monde qu'elle a été abandonnée par son mari juste pour montrer qu'elle, elle a su se sacrifier.
. Chez une femme il faut toujours savoir pourquoi elle pose une question, ce n'est jamais sans une bonne raison au deuxième degré. Prêcher le faux pour s'assurer qu'elle ne se fourvoie pas. Personnellement je trouve ça superbe d'hypocrisie.
On roulait depuis un moment :
--- Je ne savais pas que ton mari t'a laissée pour une autre femme, attaque Libelle. C'est pas mon mari qui aurait fait ça. Je ne l'aurais pas supporté et de toute façon je me suis toujours arrangé pour que ça n'arrive jamais. C'est moi qui le repoussait et plus je le faisais plus il était doux avec moi. C'est pourtant l'enfance de l'art. Non ? Tu ne sais pas ça ?
--- Si ma belle, cependant ton mari est bien mort quand même, reprend Danielle avec un peu de hauteur en regardant le parapet devant le précipice
qui lui passe devant le nez, et avec une pointe de dédain, ajoute :
--- Il t'a quitté et pour toujours.
Pour ne pas être en reste, ni s'avouer vaincue :
--- Par ce que tu crois que le tien, bien en vie, va revenir vers toi un jour ?
Tu te fais de grosses illusions ma vieille. La différence avec toi, c'est que
moi je regrette cet homme, ce qui n'est pas ton cas. Moi je n'ai pas subi un échec et c'est pour cela que j'ai recommencé avec un autre mais je n'ai pas voulu me remarier avec celui là, c'est vrai. J'ai eu peur.
--- Et il est mort aussi, d'après ce que tu as dit ! Celui-là aussi. Pour moi ce
sont deux échecs. Jamais deux sans trois.
--- Il n'y aura pas un troisième.
--- Qu'est-ce que tu en sais.
J'écoutais tout ça d'une oreille distraite en restant fixé sur la route qui n'en finit pas de tourner, de monter des cols et de les descendre. On en est au troisième col. 2250 Mètres. La fraicheur.
Libelle a donc eu deux maris et ils sont morts. Tiens !
Oui c'est Ma Hélène ! Merci mais attendez la suite dans la semaine. Merci d'avoir lu. J'apprécie beaucoup cette marque de fidélité. Vraiment merci.
· Il y a plus de 11 ans ·Nestor Barth
Cher Nestor,
· Il y a plus de 11 ans ·Est-ce moi la Hélène?
Bon peu importe, il y a plus d'un ane qui s'appelle Martin.
J'en retire que les femmes entre elles ne sont pas tendres.
Que chacun voit midi à sa porte.
Que la vie à deux n'est pas évidente.
Tout se dire est indispensable, il faudrait tout dire avant de se marier, mais on ne le fait pas parce qu'on est amoureux. Et on se casse la gueule.
La vie à deux est difficile.
Beau texte.
Hélène
Helene Bartholin