JOUNRNAL D'UN CLANDESTIN 11
Victor Khagan
JOURNAL D'UN SURVIVANT CLANDESTIN (11)
LE PLUS VIEUX MÉTIER DU MONDE, C'EST LA GUERRE !!!
Dans les différents et affolants articles qui sortent actuellement alentour de la prostitution dont la plupart crient haro sur le baudet (entendez les femmes), même certaines femmes viennent en une de journaux avec des textes au préjudice de leurs congénères (i.e. les femmes). Que si les femmes sont putes par nature ou par fonction ou même par mariage !
Mais oui, les femelles animales subissent aussi la domination machiste et sont soumises sexuellement. Et faire l'amour est aussi un acte essentiellement animal. Il n'empêche que nous sommes des êtres humains et que nous lui donnons une autre dimension…
La guerre et la puissance physique entretenue et exercées des mâles, oui, c'est déjà un comportement animal, les éthologues vous le diront. Rien d'étonnant donc à ce que l'espèce, devenant très lentement humaine, soit conditionnée dans ces mêmes comportements.
Mais nous savons, toutes et tous, quelle sensibilité peuvent manifester les animaux et les femelles n'avaient pas de raison d'en être dépourvues. La domination et l'appropriation du sexe faible n'est pas un trait relatif à l'espèce humaine et sa prostitution ne l'est pas non plus. Et, s'il nous a fallu parcourir ces milliers de siècles pour nous poser la question, ce n'est sinon que la mégalomanie machiste qui a pu la bloquer jusqu'ici dans sa dictature sur la femme et sur l'enfant, une dictature savamment élaborée à partir de la violence physique et de son régime de terreur.
Quel beau jeu ont certains hypocrites à aller chercher « au cœur de l'Histoire » les célébrations des concubines, les paraboles des femmes pécheresses, les symboles d'Èves portant sur leurs épaules la responsabilité de l'impureté des rapports humains !
Bien sûr que les femmes ont appris, au long des millénaires, à survivre en fonction de l'environnement patriarcal qui s'est savamment élaboré, aiguisant ses couteaux et ses lois misogynes !
Les mâles devaient vaincre ou mourir et ils adoraient se battre. Les femelles devaient tout tenter elle aussi : savoir se vendre pour rester en vie ou pour protéger la vie de leur progéniture. Les femelles et les femmes aiment copuler autant que les hommes plus ou moins brutaux avec lesquels elles en trouvaient l'occasion et en retiraient une relative protection.
Rien n'a changé. Sauf que les machos aux idées simplistes continuent de traiter les femmes de putes et, désormais incapables de comprendre leur complexité vitale, exigent leur soumission sans réserve, dans leur mégalomanie de héros de BD. La confiance règne, c'est le moins qu'on puisse dire !
Le patriarcat a fondé les religions, les pires lois sociales concernant les femmes, toutes héritières d'Eve, fautives en leur nature profonde d'instrument du diable, tentatrices du pauvre homme pur et intègre, sauveur de l'Humanité à son image …d'Homme.
UN STATUT D'INVISIBLES !!!
Par ce biais, par le pouvoir des dieux qu'il s'est attribué, il a un temps convaincu la femme qu'elle était abandonnée de la création puisque dieu porte la barbe… Alors, celle-ci s'est inclinée, elle a accepté la loi et elle en a convaincu ses filles et a fait de ses fils de futurs dieux qui ne devraient ni faire la vaisselle ni recoudre leurs boutons. Les autres, de fil en aiguilles, ont institué des tribunaux qui brûleraient les femmes sur les bûchers pour des mots ou pour des soupes; qui les condamneraient, pour infidélités, à des morts indignes; qui leur donneraient le statut de marchandises à vendre ou à louer; qui en feraient des objets de trocs; qui les ravaleraient au niveau de richesses échangeables mais, comme humaines, corvéables à merci.
Nombreuses de ces malheureuses ont appris à survivre à n'importe quel prix, elles ont appris d'eux le cynisme et elles sont devenues expertes à se jouer de l'espèce masculine pour se sauver de la disette, et on les a appelées les courtisanes. Et dès lors, tous les mots attribués aux femmes sont devenus pour notre fière Humanité, des mots péjoratifs, synonymes de veulerie, synonymes de bêtise, synonymes de vénalité : tout était bon pour les rabaisser. L'Homme, lui, s'en grandissait en mesure inversement proportionnelle : il devenait l'ingénieur organisant la planète, le bon médecin capable des miracles de la science, le magistrat régnant sur les destinées des gueux, l'écrivain visionnaire qui lancerait les grandes idées politiques, le roi qui déciderait selon son humeur de massacrer des millions de familles.
L'Humanité se divisait dès lors en genres qui se regarderaient en chiens de faïence et qui n'attendraient que le moment opportun pour s'attaquer férocement, se vomir face à face ou se poignarder dans le dos.
Pourtant, depuis les siècles des Lumières, certains Humanistes ont voulu cesser de croire à ces postulats et, peu à peu, des penseurs ont désiré restituer aux femmes la sensibilité qu'elles n'avaient jamais perdue. Ils libéraient ainsi l'expression du bon sens populaire qui n'avait jamais oublié lui, que les femmes étaient des êtres non de Dieu mais des personnes à part entière avec d'énormes talents, une infinie générosité mais aussi et surtout, beaucoup plus que l'homme, une dignité et une détermination dont seuls des hommes mauvais étaient capables, hormis quelques vrais héros.
Car l'homme bon est faible et méprisé par le machiste viril qui l'associe immédiatement à la femmelette. L'homme, le vrai, doit être sans contemplations et dépourvu de sentiments. L'homme, le vrai, ne doit être sensible qu'aux sept dits péchés capitaux : la gourmandise, la paresse, l'envie, la luxure, la colère, l'orgueil, l'avarice. Il doit se battre pour son honneur et, à ce titre, massacrer des femmes et des enfants ou les soumettre en esclavage.
Tout commerce est bon pour l'homme sans scrupules, qui serait sinon affaires de femmelettes. Les femmes sont faites pour la sensualité de l'amour et le repos du guerrier. Seules les religions font semblant d'honorer la femme en tant que mère.
DES MAUX INVISIBLES !!!
Mais, au milieu de tout cela, les femmes ont souffert les plus indicibles statuts, les plus atroces humiliations, les pires rejets. L'homme néanmoins, dans son égolatrie, ne peut imaginer qu'un être humain (tiens ?) puisse souffrir davantage que lui : la femme en sera la responsable ! On la punira donc pour cela avec toute la cruauté nécessaire et on l'en méprisera davantage comme indigne d'avoir jamais été aimée, ni même d'ailleurs regardée autrement que « pour se la faire ». Tomber amoureux ne peut se conjuguer qu'au féminin et lorsque le cas se donne chez un homme, sa génétique lui commande souvent de l'assassiner pour s'en libérer. A moins qu'elle ne se donne à lui de suite et lui permette ainsi de courir au-devant d'autres femelles à chasser.
Si par le plus grand des hasards, cette fille est habile au lit, elle deviendra alors une Marie-couche-toi-là, une nymphomane ou une mangeuse d'hommes. L'homme viril aime la vierge qui ne saura rien qu'il ne lui ait enseigné lui-même. Lui qui aura expérimenté en temps de guerre sur des prisonnières de couleurs ou via l'un ou l'autre droit de cuissage, chez les putes, par exemple !
Certains de ces machos seront malheureux en amour, enfin, en mariage. Ils traiteront de nouveau leur épouse de pute, lui chercheront un sombre calcul, diront qu'elle est frigide, hystérique, dénaturée, surtout si elle tombe dans la mélancolie. Ils en divorceront, qu'elle que soit leur religion, sous prétexte de stérilité ou de mariage non consumé. Et ils iront aux putes, de nouveau.
Celles-là, traitées des pires adjectifs et des pires manières, par leurs clients ou par leur proxénète, par les prélats ou par les gendarmes, même par les gamins et par les mères de ceux-ci, ces femmes avec toute leur sensibilité, considérées comme tombées au plus bas, vivent, comme l'immense majorité des femmes de notre Monde une atroce existence.
Les approches sociales modernes nous enseignent qu'elles sont pour 80 à 90% d'entre elles, des survivantes de l'inceste… Ah, oui ! J'avais oublié de vous parler de l'inceste, sous ses différentes formes !! L'inceste ? - Que venez-vous, espèce de gueux, nous entretenir avec ce vocabulaire tabou ?? Quel immonde conversation osez-vous élever jusqu'à nous ? Laissez cela aux psychiatres et autres médecins des fous ! Oubliez vite, vite ces sombres pensées, indignes de conversations du monde… Et, d'ailleurs, quel à propos lui trouvez-vous avec la sombre et diabolique, incontrôlable et misérable nature féminine, responsable de tous les maux de la terre depuis la bible et la boîte de Pandore (encore une femme) ? Si vous connaissiez un peu l'Histoire de Notre Humanité, vous verriez que les femmes sont une plaie et que les familles prometteuses ne le sont que lorsqu'elles ont de beaux et forts garçons !
Les filles, ils faut les marier ou les mettre au couvent où l'on a fort à faire pour tempérer leurs ardeurs vicieuses. C'est bien elles qui s'en échappent pour rejoindre le trottoir où elles aguichent nos jeunes imberbes pour leur soutirer l'argent de leur père. Craignez-les car elles sont sales et transmettent des maladies mortelles et honteuses.
Quelques-unes d'entre elles causent la honte de leur famille aussi en devenant des artistes aux mœurs légères ou même des actrices qui montrent leurs jambes en public. Ces malheureuses n'auront jamais un statut social et ne pourront devenir mères, gâchant ainsi leurs chances de gagner le paradis et le pardon de Dieu.
MAIS QUE DIANTRE : nous sommes au 21° siècle !!
Les choses ont changé et la pilule existe ! Les parents ont évolué depuis cinquante ans… Le croiriez-vous ?
Eh bien, ma foi, très peu. Les quelques avancées sociales que le premier mouvement féministe a gagné dans des luttes terribles, sont remises en question de manière outrageantes en 2012 : les lobbies religieux cherchent à supprimer le droit à l'IVG; le patriarcat, plus féroce que jamais, bataille pour son commerce le plus rentable, celui du trafic des êtres humains; les salaires des femmes au travail est toujours alentour de 20% inférieur à ceux des hommes (sous le prétexte éhonté qu'elles ont des enfants – encore heureux); les maisons pour femmes battues manquent cruellement, autant que les crèches; le féminicide est une réalité quotidienne dans tous les pays de la planète; le vocabulaire féminin continue d'insulter les femmes au jour le jour; les femmes voilées sont violées ou sont forcées d'épouser leur violeur (qui continuera de les violer à la maison)…
Et, le plus beau de tout, lorsque l'on parle d'abolir la prostitution, est qu'on s'attaque aux prostituées au lieu de s'attaquer aux maquereaux, aux clients obsédés à qui on donne la bénédiction, ou aux grands intérêts nationaux et supranationaux impliqués dans les politiques officielles. Les gueux ont été de la chair à canon lorsque les généraux regardaient la bataille de loin, derrière les batteries; aujourd'hui, les beaux châssis féminins (majeurs et mineurs) représentent le plus gros flux financier de Notre Humanité.
Tout cela est tellement bien intégré et orchestré que des femmes elles-mêmes, dans la plus grande confusion culturelle, célèbrent le travail noble des prostituées, défendent virulemment la nécessité de la prostitution sans la moindre empathie, s'en prennent aux féministes courageuses et lucides et, pour être plus convaincantes, crient « nous sommes toutes des putes, même dans notre mariage »
http://www.slate.fr/story/37851/mariage-pute-sexe-contrat#comments
Moi, dans tout cela, qui ait vécu le fantasme de la prostitution durant des années après une longue enfance entre les coups et les agressions sexuelles, moi qui ai vécu dans la confusion de mon identité, incapable de définir et de reconnaître mes sentiments, de me choisir une vie en fonction de capacités détruites par la dictature du machisme et du patriarcat, moi, je sais que les femmes, prostituées ou non, en famille ou non, vivent pour beaucoup dans la même confusion, qu'elles sont hyper sensibles et généreuses. Je sais qu'elles se battent pour une troisième grande vague de féminisme où elles offrent aux hommes d'être égaux devant la loi et face à leur sentiments, pour l'avenir de l'Humanité et de leurs enfants, pour que se brise définitivement la perspective d'un Monde où règne le mal, le fanatisme et le cynisme.
Moi, je sais que les femmes et les hommes souffrent toutes et tous avec plus ou moins de courage de toutes ces réalités affreuses qui déchirent la planète. Je sais que tous les Humains, femmes et hommes, aspirent à une paix et à une justice sociales possibles grâce à l'honnêteté et à la sincérité.
Les féministes modernes ont commencé, elles font le premier pas. La psychologie moderne a démonté et dénoncé les valeurs traditionalistes caduques et les fuites ridicules dans les attitudes peu courageuses et veules que certains lobbies veulent continuer à encourager par mégalomanie et, surtout, par peur du futur !
Mais le futur, il est là dans nos mains, dans l'entente possible aujourd'hui, tout de suite, sans réfléchir davantage qu'à la recherche du dialogue qui délie, qui rassemble, qui dénoue, qui libère, comme le désirent les peuples, comme le désirent les gens, comme le désirent les hommes autant que les femmes.
Nos souffrances sont grandes et, pour la plupart, invisibles : « on ne voit bien qu'avec le cœur ! » (St-Exupéry)
La gent féminine met le cœur en avant, elle met sa loyauté face à toutes les structures qui ont voulu les écraser : car elles sont là, survivantes à toutes les maltraitances, et dignes.
Le patriarcat international et son associé le machisme n'en viendront jamais à bout. Elles continueront de veiller sur l'Enfance car elles savent que « négliger ses enfants est la négation d'une civilisation ». Les femmes font la civilisation, malgré les meurtres, malgré les incestes, malgré les viols, malgré les exploitations faites à leur corps et à leur âme humaine. Car les femmes sont fortes même quand le machisme les tue, les supplicie, les torture. Car les femmes sont plus fortes que les hommes : elles ont la force du cœur, elles sont bloquées dessus.
Elles sont la moitié ou davantage en nombre, elles ont leur place et leur rôle. Elles n'ont pas peur, comme le patriarcat qui empêche le mariage des prêtres ou des homosexuelles/gays.
Elles ne violent pas les enfants et elles savent contrôler leurs désirs sexuels mieux que les machistes qui honorent leur phallus comme le totem de la Vie mais qui n'apprennent vraiment à vivre que déjà inutiles vieillards.
Elles savent la fragilité de l'épanouissement d'un enfant, celui que vous êtes, messieurs et dont vous n'avez pas appris à vous dégager.
Pas tous cependant. C'est pour cela que nous sommes déjà nombreux à nous ranger à leurs côtés, suivant la parole chantée de Louis Aragon « La femme est l'avenir de l'homme ».
Moi, je dirais plutôt « de notre égalité dépendent nos perspectives d'avenir et le bonheur de chacune et de chacun, dans la patience et la compréhension », concept qu'appliquent avec FOI d'innombrables femmes et hommes, travaillant déjà pour L'ÉGALITÉ DES GENRES.
Victor Khagan 2013 (Rebelles homéostasiques)
Oui, c'est un peu comme dans les kibboutz. Mais détrompe-toi, de nombreuses espèces animales restent en couple toute leur vie et c'est notamment fréquent chez les oiseaux mais aussi chez de nombreux mammifères.
· Il y a presque 12 ans ·Victor Khagan
"les femelles animales subissent aussi la domination machiste et sont soumises sexuellement"
· Il y a presque 12 ans ·Cela est vrai, certes, mais les femelles animales ont un très certain avantage sur les femmes humaines ; c'est que chez les animaux, l'on n'a pas inventé le mariage (ni forcé ni choisi d'ailleurs), ni la violence des mâles. Dans la plupart des espèces animales, le mâle ne vient vers la femelle que pour le coït et une fois fait, adieu, et les bébés animaux n'ont pratiquement jamais de père !
Juliet