JOUR DE TENEBRE

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Le ciel est d'un gris de ténèbres, minéral, c'est un ciel des tout premiers jours quand les hommes pareils aux bêtes vivaient au ras du sol.

Je sors de la grotte, le regard hagard, devinant dans les nuages qui s'amoncellent le le devenir des miens et plus loin encore celui de l'humanité. Il y a en moi au début de l'aube cette conscience de l'autre mélangée à celle plus vaste encore d'appartenir à un grand tout.

Je passe mes journées à chasser ou à pécher. Dans le plus infime geste de mon quotidien je tend mon arc comme s'il s'agissait de la corde de ma propre vie, pour assurer ma subsistance et celle de mon clan.

Des noires terres du nord de l'Écosse en passant par la pointe extrême de l'Armorique, puisqu'il faut bien donner un nom aux contrées jusque là inconnues, du pôle sud au pôle opposé mais aussi d'est en ouest, ainsi commence la grande épopée humaine. Je me lève le matin ou l'après midi, renifle bruyamment le feu presque éteins couvant encore sous la tourbe. Cette odeur m'attache au bonheur simple de vivre tout comme l'odeur de la viande que j'espère et qui grillera bientôt sur le feu.

Il vient encore des jours sombres et pluvieux sous lesquels nous restons serrés les uns aux autres comme des naufragés de la première tempête. Nous fixons les flemmes, croyant deviner dans leur danses hypnotiques qu'elles sont la clé de notre devenir.

Je ne me pose pas la question de ma mort, j'ignore ce concept même si j'observe des animaux partis pour la longue nuit. Ils demeurent à même la terre boueuse, le ventre gonflé après quelques jours puis finissent par devenir squelettiques comme mangés de l'intérieur. Mais je ne fais pas encore le rapprochement entre cette fin du mouvement, de la chasse, de la course et la non existence.

Pour moi tout n'est pas aussi clair que la goutte qui tombe de la feuille après la pluie.

AMISDESMOTS

  • Quand on y pense ! Quelle vie ils avaient : le froid, les animaux féroces, et les forces de la nature. C'est comme cela que sont nés les dieux. Ils en avaient peur donc les vénéraient pour attirer leurs bonnes grâces.
    J'ai adoré la guerre du feu, et ce passage est irrésistible !

    · Il y a presque 8 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Ce qui est certain c'est qu'ils ne se posaient pas encore trop de questions, enfin je pense, Il fallait survivre !

      · Il y a presque 8 ans ·
      Louve blanche

      Louve

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