Journal aléatoire d'un alcoolique en sevrage

lafaille

Jour n°8

La promenade d'hier me fut bénéfique, aujourd'hui j'ai faim. L'air frais remplit l'espace qui me sépare d'un verre, et me donne bonne mine. Je retrouve la clarté du visage juvénile, mais la mélancolie, elle, s'accroche. Comme Fout-Le-Camp, elle ne me quitte pas d'une semelle. Même lorsque je dors, je suis mélancolique. Elle ne me laisse aucun repos alors que Fout-Le-Camp, lui, lorsqu'il dort, lorsqu'il mange, lorsqu'il gambade dans les rues, libre, il me laisse reprendre mon souffle court. Donc le chien et la mélancolie, rien à voir, je ne sais pas ce qui m'a pris de penser ainsi, pauvre chien ! Fidèle à toutes épreuves, même dans les pires moments. Surtout.

Mélancolie et lucidité, une mélancolie lucide, une lucidité mélancolique, peu importe, je serai capable de tout pour leur échapper à ces fidèles. C'est donc ça, la fidélité. C'est elle qui m'a conduit à les comparer avec Fout-Le-Camp. Mes pensées s'embrouillent dans la faim, je dois manger. Besoin impératif avant toutes choses. Comme je n'aime pas me sentir à ce point animal. Pourtant, il est temps de l'admettre, je ne suis rien de plus. Plus rien à manger, je dois sortir. Je mettrai deux heures à franchir le seuil de la porte. Sans Fout-Le-Camp qui comprend qu'il ne sortira pas maintenant avec moi, dégoûté. J'arrive mon chien, j'arrive, je suis sorti du magasin.









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