Journée de la femme

le_gallicaire_fantaisiste

La journée de la femme - Science et Fiction

Les hommes affreusement imbus d'eux-mêmes aliènent les femmes, leurs assènent des coups graves puis dangereux, puis mortels.

De tout temps...

Ainsi la journée de la femme permettra dans les temps futurs à la lecture des meilleures pages de Science Fiction et au moins pour une journée entière, de passer à travers les coups.


En contre-champs la mentalité des femmes est saines, car les femmes sont plus douces, plus raisonnables, d'une âme pétrie, constituée d'une bonne pâte à pains, et c'est là, tous ces pains, la somme de toutes réunies.


Une contre toutes et toutes contre une.


Car sauve, des coups portés par toutes les autres, celle-là, la rescapée, qui cherche quelque part où se glisser et se dissimuler à l'abri, n'y parvient pas et fini lynchée d'abord, non par les hommes, mais par toutes ses pareilles.


L'ennemi mortel d'une femme est une autre femme.


L'absence de solidarité, de complicité, de compassion, de fraternité dans la communauté des sexes féminins produit une déflagration assourdissante. Elle rend sourde au-delà de la profondeur des étoiles. Et puis ensuite elle crie aux oreilles des hommes : suis-je moi véritablement le renégat qui mène la galère en terre des tortures?


Quelques fois c'est aussi le silence de la déchirure d'un coup de poignard, affectueusement dira-t-on, par égard pour la grâce, la femme tue violemment de toute la douceur de sa force.


Maryvallonne passait un grand oral hier pour intégrer les forces municipales de la Gaming Place d'Amiens.


Pour la circonstance, l'octo-mandarin avait choisi de réunir trois sages de concertation en interface communicante.


Il s'agissait de Blondine Rabacca projetée majeure dans la décalco-sphère politique, de John Owen le dubitatif absent de l'espace dévolu et de Zirko Vallart plus attentif aux tenants et aux aboutissant de l'histoire bien que lâchant vite la bride et la prise pour laisser place aux langueurs calmes et monotones.


Blondine Rabacca, la peau du visage vidée de son eau comme une pomme flétrie par le temps déjà évacué par les canaux derrière elle , avait toute cette eau qui lui suintait maintenant à l'intérieur de la tête.


La nausée, l'envie de vomir et la toile d'une ombre de plus en plus épaisse envahissant le réseau de ses veines, glaçaient son sang déjà fermenté.


Visiblement quelque chose la rendait mal à l'aise, contrariait ses projections dans l'instant présent.


Elle se déchiquetait l'intérieur de la chair avec ses ongles noirs saisie d'une frustration qui ne boudait pas sa lâcheté. Ses yeux bleus s'écoeuraient d'une couleur délavée.


Elle dégaina ses gants, puis un à un tous les couteaux de désossage qu'elle avait scrupuleusement décidé d'apporter avec elle en prévision du massacre. Elle les étala gentiment sur la table, de l'air tranquille d'une gentille petite fille qui n'a absolument rien programmé de ce qui va arriver mais toutefois si précautionneusement, si méthodiquement et le sourire narquois habillé d'une condescendance si peu masquée que tout son plan grossièrement dessiné sur le tableau juste derrière elle et exposé devant les yeux de Maryvallonne qui le regardait, n'échappa pas davantage ni à John Owen, ni à Zirko Vallart.

Ni l'un ni l'autre n'eurent d'ailleurs à s'y associer. Le diable fait femme hiérarchique n'a pas besoin de consulter ou sans se préoccuper vraiment de la réponse qui lui est fait et qui n'importe pas davantage.

Elle marchait devant eux, et de loin, loin devant eux. Ils ne la rattrapèrent jamais. Elle agrippa son gant au premier couteau de chasseur de classe basse, posé à droite de sa main gauche. Elle recula deux fois en arrière frapper son dos sur le dossier de sa chaise, puis elle fonça balancer son large thorax d'armoire normande haute et avide de tout dévorer, vers l'avant cette fois et de toute la force de sa colère intérieure putride.

Pourquoi tout cela ?

Pour rien peut-être, tout simplement pour rien. Parce qu'une femme n'en supporte pas une autre, parce qu'une femme attaque dans la rage et la précision et si naturellement précieuse qu'elle est, et douce, et bonne, et pétrie de tant de bonnes intentions et toujours uniquement pour l'octo-mandarin, d'une conscience si parfaite encore, toute dévouée aussi à l'unique cause de l'octo-mandarin qui ici n'avait même pas un bras pour se défendre lui-même de plus, puisqu'il n'assistait pas, qu'elle faisait elle office, en lieu et place.

Pauvre mandarin, quelle chance qu'une telle, comme Blondine Rabacca, prenne tant à cœur ses intérêts les plus superficiels et les moins officiellement retranscrits sur les tables en s'attachant à l'esprit et à la lettre.

Il lui restait cinq minutes devant elle et faisant face à Maryvallonne, elle lui trancha alors la gorge avant de recroiser ses bras et remettre bien son dos contre sa chaise non sans continuer de bouillir et persister dans cet état. La mort n'est pas encore suffisante pour Blondine Rabacca.

Fin de la journée de la femme.

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