Joyeux anniversaire

mywritings65

Salut Dimi,

Ça fait longtemps, hein? Ma journée a commencé de manière tout à fait banale, et puis, en regardant mon GSM, j'ai pu constater que nous sommes le 12 octobre. Et plus la journée passe, plus mon moral baisse.

Aujourd'hui, tu aurais eu 21 ans. J'aurais pu te dire que désormais, tu peux boire de l'alcool un peu partout dans le monde, si pas le monde entier. Mais la vie en a décidé autrement.

Je pense beaucoup à toi. J'en ai un peu honte parce que je ne pensais jamais à toi quand tu étais encore… en vie. J'imaginais souvent mes réactions si un jour on venait à me dire que toi ou ta soeur mourrait. Ces annonces virtuelles ne me faisaient ni chaud ni froid. Je restais impassible. A cette époque, je n'aurais jamais pu imaginer la réaction qui m'a envahie il y aura bientôt trois ans. En effet, je suis restée impassible lorsque ma mère m'a annoncé la nouvelle. Mais une fois qu'elle est sortie de ma chambre… je refusais d'accepter ce que je venais d'entendre. Ca m'a fait tellement mal…

Depuis ton décès, je suis très sensible à la mort. Dans les films et séries, ce genre de scène me met dans tous mes états. Je pleurs comme lors de ce fameux weekend de janvier. C'est comme si je revivais sans cesse ce terrible moment…

Mais il n'y a pas que ça qui me rend mal. Je ne sais pas si j'ai enfin accepté le fait d'avoir doublé… Je crois que ça me fait encore mal. Puis je réalise seulement maintenant les événements de ces derniers jours. Je pense que je ne me permettais pas d'avoir peur, de voir peut-être la gravité de cette opération. Quand on m'a dit que tonton allait beaucoup mieux, j'ai été envahie d'un immense soulagement ! Et j'aurais jamais pensé que ça m'affectait tant…

Et en plus de tout ça, je vais passer un troisième anniversaire sans parrain. J'ai beau me dire qu'il m'a perdue, que j'en ai rien à faire, ça me fait terriblement mal. Je ne comprends pas son comportement, si on lui a fait quelque chose, quelle est sa logique… Il m'est devenu si étranger…

Mais aujourd'hui c'est ton anniversaire, alors je ne vais pas te bassiner les oreilles avec ça. En ce lundi 12 octobre 2015, il fait beau. C'est un temps idéal pour se promener.

Je regrette d'avoir oublié ces journées passées ensemble… Je me souviens seulement que l'on jouait aux figurines de soldat dans ta chambre, de la fois où Emilie et toi vous êtes disputés et que ton père a voulu que je choisisse un camp pour rester dans l'une de vos chambres, de la fois où nous avons joué à ton circuit de voiture électrique (tu m'engueulais tellement quand mes voitures déviaient dans les virages que ça m'est resté…), et de la fois où on prenait nos vélos pour des motos… C'est tout. Ah ! Et je me souviens aussi de la dernière fois que nous nous sommes vus, à l'enterrement de tante Jeanne, en 2009. On s'est revus une première fois avant de partir à l'église et… c'était comme si on se rencontrait pour la première fois. On se découvrait mutuellement. Après l'enterrement, lors du petit apéro, on se lançait des regards. Tu pouffais avec ta soeur et ton père, moi je faisais de même avec ma soeur. J'ai envie de croire que l'on regrettait tous les deux… Mais je ne le saurai jamais.

Je suis désolée d'avoir débordé de haine envers ta mère et toi après ton décès. Je sais que ce n'est pas de votre faute. Je ne pense pas que ce soit de la mienne non plus. Je suis seulement désolée de ne pas être partie avant toi. Je suis plus vieille que toi, j'étais censée partir avant.

Enfin, je vais arrêter avec ça aussi. Ça ne te ramènera pas et… je te l'ai déjà assez répété.

J'espère que tu es heureux là où tu es désormais…

Joyeux anniversaire, Dimi. 

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