Justifications et gamifications
nesem
Assis sur le siège d'un avion longue distance
Ses jambes dansants et se balançant car trop courtes
Elle faisait du coloriage pour aider le temps à passer
Évitant les angoisses en cas d'éventuelles turbulences.
De temps à autre, elle levait les yeux vers sa fenêtre
Pour y contempler les horizons, le ciel
Comme s'ils posaient pour elle
S'interrogeant sur les couleurs qu'elle allait remettre sur sa page.
Des figures apparaissaient et disparaissaient sur sa feuille
A mesure que l'on avançait parmi les nuages.
Son imaginaire la projetait sur des toboggans arc-en-ciel
Elle dessinait des amis, des bateaux, des oiseaux, des hélicoptères…
Des feux d'artifices et des bombes !
Des chiens, des chats, des ours blanc-coca cola, peu de gens et beaucoup de monde..
Elle dessinait des enfants couchés par terre, des pères à genoux
Petite peintre aux sentiments et interprétations épileptiques
Sa main s'agitait à en trouer le papier
Ses yeux fixaient les interrogations à en choquer les vérités.
Si si, dites-le, elle avait un côté Benjamin Button déridé
Corps jeune mais âme vieillissante à sauver..
Puisqu'elle entendait chaque jour les gens parler,
Puisqu'elle entendait ces voix informatiques
Et remarquait brillamment les « mots » de son cerveau non saturé
Puisque des « push » Le Figaro lui révélaient la mort de centaines de personnes dans les pays aux noms comportants des « i »
En même temps que les noms des politiciens dont le métier était d'occuper les esprits..
Alors qu'elle jouait à faire des gâteaux sur son jeu en application tablette iPad
Elle se disait que la vie était grave, mais pas si grave que si ses parents se trouvaient au chomâge..
Son esprit déconcentré changeait alors de chaîne
Un enfant ne devait traiter ce type d'incompréhensibles scènes
Et puis elle risquerait de finir chez le psy à prouver son bonheur et sa « normalité »
Progressivement sa frustration expérimentait une métamorphose des sens
Plus le vol se consommait plus le monde en bas perdait de ses couleurs
Plus elle usait de ses feutres, plus elle buvait la faune, la flore, la chair, le sang, les joies et les horreurs
Et pourtant elle connaissait les rires, les sourires, les respires sereines et les sommeilles tranquilles
Mais contrairement à ses cours de mathématiques ou de français
Les humains semblaient avancer sur des codes et formules sans arrêt revus et renouvelés
Des principes ! il en fallait..
Mais tout et son contraire semblait pouvoir se justifier.. alors à quoi bon comprendre ! plutôt observer et réagir, manipuler.. les problèmes, les objectifs et les solutions.
Elle dessina alors une balançoire et des notes de musique entrant dans l'oreille d'un petit garçon..
Qui se tenait debout.. à côté.
Il semblait hésiter.. ou encore ne pas connaître cet objet..
Ou plutôt même.. s'en méfier…
Alors que derrière un autre gamin plus décidé… mais pas forcément plus malin,
Courait au loin pour venir le devancer !
Elle s'arrêta alors de créer un instant pour regarder ce que les images à leur tour avaient à lui proposer
Elle vit le tableau d'un jeu, le scénario d'un film en cours, résumé en un carré
Où les perdants et les gagnants étaient tous deux innocents et dangereux
Elle décida de modifier l'expression de ces enfants
Mais tel une chirurgie esthétique,
Leurs visages retouchés n'en devenaient que moins authentiques
Elle voulait les faire sourire, les récupérer
Mais à chaque coup de crayon, ils devenaient un peu plus Dorian Gray
Heureux, insolents, imprévisibles, gentils, méchants, peureux, souffrants..
Il était hors de question qu'à son tour elle descende jouer
Ce dessin était tout bon à recommencer.
Canon ! :)
· Il y a plus de 9 ans ·Nicolas Paillusseau
Écriture sacrément jolie !!!!!!!
· Il y a plus de 10 ans ·J'vais mettre ce texte en coup de cœur et le relire inspiré.
Merci 8)))
fefe