Juvenilia

Iris Mink

C'est une étroite baignoire encastrée,

Dans un mur gris où sont peintes des ruines

Derrière l'épais rideau de pourpre et d'épines

Rêve la naïade loin de son Astrée

En des flots bouillonnants elle se tortille

Comme ceux des fœtus, ses yeux sont clos

A travers la mousse, d'or ses cheveux brillent

Du monde lui parviennent les échos

Elle soupire se languit, somnolant

parmi les parfums d'ambre et de fleurs

Ses songes s'élèvent en de lourdes vapeurs

Dans l'eau chaude elle s'oublie doucement

Les derniers pétales d'une rose légère

Trouble l'onde tranquille en s'y posant

Comme des baisers ils s'y reste un instant

Puis coulent en se froissant comme ses paupières.

Puisses-tu rêver éternellement

Insouciante nymphe en ton cocon

La mousse recouvre tes bras blancs

D'un voile plus fin que tes cheveux blonds

Candide larve, libellule sans ailes

Reste donc en ta virginal antre vermeille 

Belle enfance ne quitte pas cette enveloppe charnelle. 



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