J'veux pas finir chez McDo!
Lisa Azorin
Natif tchèque, diplômé de l'Ecole qui va bien, réservé aux moins de 25 ans avec bac +5 et attestant de cinq années d'expérience à un poste similaire, goût prononcé pour la vie des collectivités, passion pour l'assurance et les fonds de pension, rémunération sur les bénéfices générés par l'article (à négocier)…
Avant, pour remplir les critères d'une offre d'emploi, il fallait juste faire preuve d'un "vif intérêt" pour le domaine d'activité de l'entreprise – mais a priori, ça correspondait au métier auquel tu te destinais – avoir quelques compétences informatiques (maîtriser Word pour l'essentiel, éventuellement PowerPoint) et de super hobbies (lecture, sport, cinéma pour le top 3). Maintenant, si tu remplis trois des critères de l'annonce, c'est déjà le top. Il faut savoir photoshoper/indesigner/prolexiser. Pâte à modeler et séries télé se sont hissées au rang des intérêts personnels les plus branchés.
Avant, on prenait un stagiaire pour un stage, un employé pour un emploi. La différence entre les deux, c'était les compétences, à acquérir pour le premier, acquises pour le second. On courait après la première expérience avec un pin's "Je n'ai pas d'expérience PARCE QUE je n'ai pas de boulot PARCE QUE" qui tournait en rond épinglé à sa culotte courte. Maintenant, le stagiaire est le nouvel employé, l'employé le nouveau stagiaire, et les seniors font du bénévolat. On veut des compétences et de l'expérience, mais low cost.
Un pied dans le journalisme, l'autre dans l'édition, j'ai déjà 27 ans, ne suis QUE native française (ce qui ne m'empêche pas d'être opérationnelle en allemand, anglais et italien), n'ai QUE deux diplômes et demi (oui parce qu'au rayon expériences, j'ai celle de l'école qui a fait faillite…), ne maîtrise pas encore TOUS les logiciels de l'univers mais au moins la technique des deux doigts sur Mac, ne rentre pas dans les cases, je sais. OUI MAIS ! Grande nouvelle ! Je suis quand même allée à bonne école : celle de l'expérience. Mes compétences ne sont peut-être pas extra-ordinaires, mais elles sont réelles. Mon envie de travailler aussi. Ma motivation, elle, commence en revanche à flancher dangereusement, à force d'entendre des banalités.
Banalité n°1 : "Tu es freelance ? C'est bien, c'est courageux. Et après, tu comptes faire quoi ? Tu aimerais travailler ?"
Banalité n°2 : "Vous êtes trop expérimentée pour le poste, nous n'avons pas le budget. Ce ne serait pas honnête de notre part de vous prendre."
Banalité n°3 : pas de réponse.
A cela, à ceux-là, ma réponse sera tout aussi banale, banale à pleurer même : j'aimerais travailler, tout simplement, de préférence pas chez McDo…
ps : je n'ai rien contre le dealer de burgers, ce n'est juste pas mon domaine de compétences.
Ca défoule aussi. Merci.
· Il y a environ 10 ans ·Lisa Azorin
C 'est agréable à lire. C 'est bon les tartes dans la gueule. Ca réveille.
· Il y a environ 10 ans ·goodcyrilwriting