keffieh contre escarpins

beng

Présentation du personnage / synopsis

Juchées sur des escarpins Louboutin, de longues jambes interminables ondulent dans le froissement de la soie grège d’une robe fourreau turquoise. Dans le prolongement, une taille subtile, une liane assouplie par de longues heures de yoga. Métissage hérité du lointain Commonwealth, Esha possède une crinière de feu toute britannique auréolée de larges boucles courtes, et de grands yeux en amandes, puits sans fond, rémanence des profondeurs du Gange. Créature hybride des temps modernes, assoiffée d’adrénaline - que seules lui procurent ses missions pour la CIA, mais policée comme le plus pur produit des grandes métropoles.

Fashionista addictive, elle ne saurait manquer un rendez-vous de la mode parisienne, sauf urgence pour mission relevant de l’impossible à accomplir dans les intrigues les plus complexes et les jungles les plus reculées. Sa couverture est son véritable métier : Esha est galeriste et, chasseresse par nature, elle n’a de cesse de découvrir les artistes qui seront la référence de demain dans le petit monde très cruel de l’art contemporain où l’élite s’extasie devant des œuvres qui, la plupart du temps, ne parlent qu’à leur auteur. Ce qui plaît à Esha n’est pas tant l’art en lui-même que l’intuition d’avoir touché du doigt, et anticipé les goûts artistiques de la désormais fameuse « élite politico-médiatique ». Un jeu d’échec dans lequel la demoiselle fait mat et mouche !

Ce soir, c’est au bar du Crillon, à Paris, qu’elle a rendez-vous avec son contact de la CIA. Elle joue tranquillement de ses longues jambes voilées dans le vide, du haut de son tabouret de bar, et, tout à son affaire, s’applique à massacrer la rondelle de citron vert de son Mojito lorsqu’à travers la frange de ses cils, une ombre apparaît. Orange verte d’Hermès. Marlon. Rugueux. Bronzé. Discret. CIA.

- Votre pseudo sera Malika, votre mission sera d’infiltrer les services de renseignement du Pakistan afin de découvrir le lieu de résidence de Ben Laden, que l’on sait caché dans et par ce pays depuis des années. Du gâteau, quoi ! Des questions ? Non, tant mieux, car je ne peux pas vous en dire davantage. C’est une mission au cœur du système, je n’ai que cette information à vous fournir ce soir sauf qu’il ne reste que quelques mois à Obama pour clore ce chapitre désastreux de l’histoire américaine. Il faudra donc  aller vite.

Marlon avait fait son petit numéro sans lui laisser la moindre chance de lui poser une question. Elle avait dégluti, c’est tout. Puis, d’autorité lui prit la main et l’entraîna vers les ascenseurs. Connaissances de longue date. Heureuses retrouvailles.

Lorsqu’elle quitte l’hôtel à 3h du matin et reprend sa Mini Cooper, deux options s’offrent à elle : tout quitter et risquer sa vie pour un gros (gros) chèque de la CIA - qui ne mérite pas que l’on risque sa vie pour elle -, ou passer à côté de l’occasion tant rêvée de mettre fin à ses chimères et se venger d’un homme qui avait lacéré son arbre généalogique.

Well, well, well…

A son arrivée à Islamabad, elle rencontre son contact, un certain Ahmed, agent de la CIA déjà infiltré dans le gouvernement, puisqu’il en est le ministre de la culture. Sa couverture : organiser une exposition au museum X afin de valoriser et faire germer la nouvelle garde artistique du Pakistan. Une des artistes qu’elle sélectionne pour l’exposition est une farouche opposante au régime qui va la mettre en relation avec son réseau d’activistes, dont fait partie un jeune militaire de l’école militaire à deux pas de laquelle se trouve Ben Laden et sa famille.

Sur fond de corruption et de petites et grandes trahisons, Esha se doit d’aller vite et de frapper fort.

Scène érotique

Esha avançait doucement, nu pied sur l’épaisse moquette de la suite de son hôtel d’Islamabad. Les portes-fenêtres largement ouverte sur la place XXX laissaient pénétrer la tiédeur du soir et le léger brouhaha de la vie nocturne de la cité. Dans son sillage, la note herbacée, légèrement entêtante de son parfum, acheva de jeter le trouble sur les sens d’Ahmed, déjà irrités par le frottement continu  du tissu sur le galbe de ses jambes souples.

Elle sentit l’émoi d’Ahmed par cette espèce d’intuition animale qui l’avait toujours caractérisée et vint vers lui en laissant glisser une main le long de sa hanche, dardant son regard noir sur son correspondant, depuis un moment silencieux. Dans l’entrebâillement de sa chemise, la naissance de la clavicule la fit frissonner et elle sentit comme une brume chaude commencer à l’envelopper. Sa respiration se fit imperceptiblement plus ample tandis qu’elle avançait vers lui, prenant le pouvoir sur le désir de cet homme. Elle laissa le silence s’installer entre eux et fit un pas de plus.

Ne pouvant se retenir davantage et obéissant à une impulsion impérieuse, Ahmed, du fauteuil dans lequel il était profondément enfoncé, tendit le bras et enlaça soudain les jambes finement musclées maintenant à sa portée. Glissant ses mains dans la soie, il saisit à pleine main la chair chaude et douce des cuisses d’Esha et l’installa en un mouvement vif à califourchon sur lui. Puis, de ses deux mains, il remonta, de ses fesses cambrées par le désir à sa taille pour emprisonner enfin ses seins tendus vers lui. Il la caressait un peu rudement, empressé, ce qui ne fit qu’augmenter la fièvre d’Esha. Lorsqu’il découvrit sa poitrine, tirant sur le tissus jusqu’à faire poindre les tétons durs à l’air libre, elle ne put réprimer un soupir de contentement en sentant un courant d’air frais caresser sa peau et rejeta  sa tête en arrière, offrant sa gorge tout entière. Ahmed s’appliqua alors à lécher tétons et aréoles, tendres et fermes à la fois. Bouche brûlante à se damner.

Esha se trouvait à présent dans cet état d’excitation intense qu’elle affectionnait et craignait tout à la fois, car il l’avait mené souvent bien au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Elle grogna et agrippa fermement Ahmed par le col de sa chemise et les bascula tous deux dans le vide. Avec agilité, elle entreprit de déboutonner son pantalon. Lorsqu’elle parvint à en sortir le sexe durci et brûlant, elle se pâma et rosit de plaisir. Elle se mit à embrasser et lécher la verge chaude et douce d’Ahmed qui respirait avec difficulté et tentait de contrôler ses mouvements les mains enfouies dans sa chevelure, mais Esha n’était pas femme à se laisser mener facilement. Elle s’offrait cette friandise comme elle l’entendait, puis sentant le désespoir de son partenaire, rampa sur lui, le saisit entre ses mains et le guida jusqu’à elle pour s’empaler sur lui. Tous deux se crispèrent lorsqu’il glissa en elle puis, doucement, leurs respirations se répondirent. Esha ondulait, se frottait, allait et venait, appelant de ses vœux cette vague de plaisir, désirant être submergée, maintenant.

Or… ce n’était pas là le souhait d’Ahmed. Il en avait décidé bien autrement : une troisième, une quatrième mains se mirent à caresser le corps d’Esha. Ahmed, complice de cette intrusion, la maintint contre lui de sorte que son mouvement de surprise n’interrompe pas leur plaisir. Une seconde verge caressait ses fesses, faisant glisser le gland sur ses rondeurs et la raie cambrée vers elle, des mains amies lui parcouraient le dos et la nuque, avant de descendre jusqu’à ses seins et les emprisonner.

Esha, inondée de bonheur, était totalement offerte à ces deux hommes. Leur virilité puissante, mesurée, était une ivresse. Lorsque l’intrus la pénétra, souffle court dans sa nuque, sans difficulté aucune, au creux de ses reins, elle rugit de plaisir et, ne se retenant plus, pleine de ces deux verges superbes, elle remua, s’agrippa, hurla enfin d’exaltation, foudroyée, repue et délicieusement comblée, puis accueillit l’explosion de ses partenaires avec émotion. Essoufflés, cheveux collés au front, le puzzle humain se démembra et s’alanguit sur la moquette moelleuse de la suite…

Scène d’action

­‑ Es-tu sûr de ton contact Ahmed ? Je ne trouve vraiment pas ce lieu propice à…

Sans avoir eu le temps de finir sa phrase, une pluie de balles s’abattit sur eux, en provenance du bâtiment désaffecté de l’autre côté de la rue.

- Merde ! Je le savais !

- Tu me fais chier avec ton instinct infaillible ! Tiens, attrape-ça, lui répondit Ahmed en lui jetant une grenade en pleine course. Esha s’en saisit, se jeta de toute ses forces derrière l’abri de fortune qu’était leur vieille Jeep bringuebalante, puis la dégoupillant de ses dents, la projeta sur sa cible en poussant un cri de rage. Cible touchée. Cible coulée. Yes !!! Enfin, presque…

Une myriade d’éclats de brique retomba sur le sol, créant la pause idéale pour passer à l’action. Lorsqu’ils eurent tous deux regagné leur Jeep, Esha hurla :

- Je roule et toi tu pilonnes !!! Fais-moi sauter tout ça !! On s’occupe du traître dès qu’on sort de ce guêpier !

- T’endors pas, Esha !! Nom de Dieu, fonce !! On n’en est pas là !

Dans un crissement de pneus, la Jeep fait un bond en avant et roule tombeaux ouverts pour sortir du guet-apens, tandis qu’Ahmed se saisissant de sa Kalach se cale à l’arrière de la voiture et fait feu. Esha roule, zigzague, les yeux rivés sur la route poussiéreuse. Dans quelques mètres, ils seront hors de portée des tirs ennemis.

Devant eux soudain une vieille guimbarde toute rouillée, la Jeep tente une embardée, mais s’y accroche. Deux hommes aux visages camouflés dans leur keffieh se jettent sur eux et les extirpent de leur voiture. Rouée de coups, Esha commence à se sentir mal et cette fâcheuse posture lui fait bouillir le sang. Dans un sursaut de lucidité et avant que les coups ne l’envoient dans les étoiles et vers une mort certaine, elle parvient à se saisir de son court poignard.

La rage monte dans ses veines et avec l’énergie du désespoir, plante la lame jusqu’à la garde dans le cou de son ennemi qui écrase ses doigts autour de son cou. Elle suffoque, bleuit, le sang chaud et poisseux coule, gouttes, puis filet visqueux,  sur son visage. Enfin, le corps lourd s’effondre sur elle. Ahmed, à son tour débarrassé de son assaillant la libère et, suffocante, la charge sur son dos puis court dans les ruelles désertées par la nuit et la terreur du mitraillage automatique.

L’aube les trouve pantelants et perdus dans leurs pensées. Ils couraient droit à leur perte avec cette mission. Qui les avait trahis ? Esha ne pouvait s’empêcher de penser que les intérêts de la CIA prenaient un tour nouveau et que son compagnon d’infortune avait la mine bien sombre.

Signaler ce texte