Kho Lanta, coup monté

Jean Claude Blanc

      Kho Lanta, coup monté

 

 

Çà se passe en Malaisie, décor féérique

Plages à perte de vue, la mer, les palmiers

Sont plantés caméras et acteurs bronzés

Deux équipes s’affrontent, pour la gloire décrocher

Le spectateur fidèle, il suit les épopées

Des fiers à bras virtuels, qui se lancent défis

Scénario entendu, écrit avec les pieds

On marche malgré tout, comme si on y était

Voyez un peu la scène, elle est bien gratinée

Sur une île déserte, y’a deux camps qui s’affrontent

C’est comme aux échecs, on choisit sa couleur

Bien malin qui saura, en sortir vainqueur

Episodes sans fin, plein de rebondissements

Si tu loupes un passage, t’y comprendras plus rien

Les ennemis d’hier, sont amis de demain

Dans nos têtes çà s’emmêle, on reste sur notre faim

Animateur sévère, pour remettre un peu d’ordre

Il resitue l’action, les frissons, la finale

Connait sa partition, le bon Monsieur Loyal

Les apprentis trappeurs, sont prêts à s’entretuer

On nous refait le coup, fougueux Indiana Jones

Cette fois pour de vrai, au moins à ce qu’il parait

Parité respectée, de cons, de beaux parleurs

De gonzesses effrontées, silencieuses, empruntées

Cà fait monter la sauce, l’audimat bat son plein

On choisit son champion en râlant dans son coin

Le truc est dévoyé, pas vraiment de surprise

A la fin bienheureux, on regagne son lit

Labo grandeur nature, rats lobotomisés

Image sociétale, on en reprend les tics

Les côtés vicelards, truquages éhontés

On observe à la loupe, toutes nos monomanies

La ficelle un peu grosse, on marche à tous les coups

Messages subliminaux, hallucinent nos gènes

Selon nos réactions, les sociologues planchent

Diagramme compliqué, pour bien nous posséder    

Tandis que certains la saute, eux avalent des insectes

Pour être dans le ton, il faut être à la diète

Ce n’est que pour le fun, nous vendre des émotions

Qu’on nous sert ce show, indigeste, et sans fond

Le mimétisme aidant, chacun trouve son compte

Tellement on est frustré de voluptés faciles

Système de société qui s’auto-élimine

Du côté du vainqueur, on se situe toujours

Héros juste un moment, le temps d’une émission

On rêve d’aventures, illusions à l’appui

Lunettes sur le front, le sourire jusqu’aux dents

On a la tête altière du guerrier téméraire

Çà pète pas bien haut, ces journalières séries

La revanche des faibles, sur la loi du plus fort

Mais les publicitaires, attentifs voyeurs

Profitent de nos manques, pour combler nos envies

L’air de rien on se glisse, dans notre intimité

On extirpe de l’homme ce qu’il a de laideur

Par le biais de ce jeu, qu’on croit inoffensif

On emballe le peuple, sur la piste du cirque

Si t’as la nostalgie du passé sous les armes

Regardes Kho Lanta, ses gugus au cachet

Lors tu retrouveras, jeunesse et énergie

Version édulcorée, du service de jadis

On dirait La Fontaine, mais en plus affadi

Les fameux annonceurs se jouent de tes fantasmes

Ils te tiennent en haleine, au moins jusqu’à la fin

L’histoire se répète, mais tu en redemandes

Exigeant spectateur, me laisse pas abuser

La magie des voyages, les infinis verbiages

Qu’on nous sert sur la toile, le soir après dîner

Ne sont que faire valoir pour flatter les sondages

Petit moment de détente, j’aime jouer sur les mots

A guignol Kho Lanta, je préfère Paul Anka

Bluesman, chanteur de jazz, qu’on a bien oublié

Souvenez-vous « My Way », sa langueur pleine de charme…

JC Blanc                    mai 2012

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