Kiwi track
will-l
Kiwi track
Je regardais par la fenêtre de ma chambre.
La tante de Julie se dressait sur le gazon entre les camping-cars des allemands.
Je m'ennuyais et ne pouvais chasser de mes pensées mes désirs.
Je décidais de lui rendre une visite de courtoisie avec quelques bières en poche.
Sa tête blonde sortit de la tante.
Elle me sourit, je vins m'asseoir face à l'ouverture.
Notre conversation tourna autour de notre condition actuelle ce qui eu pour effet de calmer mes ardeurs très rapidement.
Elle n'était pas vraiment belle et quand elle réprimait quelques sentiments son regard arborait alors quelques lueurs d'apitoiement.
« Des yeux de cocker »
Je ne pouvais m'empêcher de penser en la regardant, quelque chose me dérangeait chez elle.
D'autre part elle n'était pas du tout mon type, une sportive, une besogneuse qui vivotait de son ardeur au travail.
J'étais feignant, n'aspirait qu'au plaisir et vivait à travers mes bouquins, mon imagination, j'aimais cultiver mon esprit et me laissait porter.
Cela paraissait complètement débile à quelqu'un de terre à terre comme Julie, tout comme tous ses sports extrêmes ne m'intéressait que de très loin.
Mais j'avais vu sur ses activités, et au corral, il n'y avait pas vraiment le choix et il faut dire que la facilité de la langue aidait.
Elle était plus vieille, presque trentenaire et moi au début de ma vingtaine, cependant j'étais déjà allé par deux occasions avec des femmes plus âgées qu'elle ne l'était auparavant.
Mais ça ne marchait pas, je n'allais pas plus loin alors qu'elle s'offrait à moi, je ne saurais dire pourquoi, certaines prétendront que le désir des hommes est quelque chose de mécanique mais en vérité cela a sa limite. Peut-être n'est-ce pas considéré comme une façon d'agir virile pour un homme à notre époque où l'on est sensé sortir sa bite comme l'on sort une cigarette, et pourtant merci, je garde mes codes au risque de me faire traiter de puceau ou de personne prude ce qui assurément n'est pas le cas.
Bref une faim grandissante me poussait, mais pas dans la bonne direction.
Une fois que je faisais du stop avec elle, un homme d'une quarantaine d'années s'arrêta, il était au volant d'une Mitsubishi GTO rouge avec des rayures et des ailerons, difficile de faire plus m'as-tu-vu.
Il s'avéra fort jovial et nous emmena en ballade autour d'une ville qu'il connaissait bien.
Nous allions près des lacs, des rivières, et Julie s'émerveillait à chaque nouvel arrêt ponctuant la fin de ses remarques par
« That's very nice, there are more… » Autrement dit à peu près les seuls mots d'anglais qu'elle connaissait. Ce qui avait pour effet de m'agacer alors que n'ayant pas un niveau en langue fort élevé je ne parvenais pas à comprendre comment l'on pouvait encore être si mauvais à l'orée de sa trentaine.
Je mena donc la conversation avec Jeffrey, sur la politique et d'autres choses dont Julie n'avait pas connaissance ou qui ne l'intéressait tout simplement pas, quoique, elle n'en captait probablement pas un traitre mot.
Nous sympathisions.
Jeffrey était gros et laid, il avait de petites lunettes sur un gros nez émoussé par la bibine et sa bouche était tordue, il s'habillait avec mauvais goût, de bermudas et de vieux sweat avec des imprimés de groupes de rock locaux. Pas vraiment le physique d'un golden boy.
Il était pourtant conseiller juridique auprès des banques, il était friqué mais hormis sa voiture il aurait été impossible de dire qui il était.
Il partait souvent d'un petit rire aigu et blaguait sans arrêt.
Je pris son numéro et ne tarda pas à lui rendre visite.
Une fois alors que j'avais lâché Julie et me retrouvais au croisement d'une route, ne sachant pas par où aller pour rentrer, j'eus l'idée de joindre Jeffrey et de passer la soirée avec lui.
Jeffrey arriva au volant de son bolide et nous allions dans la ville de Mount Manganui, un volcan éteint la surplombait.
Elle était bordée de plages et de rochers bruns.
Un énorme cargo était amarré dans le port, Jeffrey expliqua qu'il ferait prochainement le tour de l'ile.
« Comme moi. » pensais-je.
Jef habitait au milieu de la ville à une rue de l'artère principale, toutes les rues étaient perpendiculaires les unes aux autres, à l'américaine.
Nous allions chez lui et commencions à nous enivrer évoquant réciproquement notre vie.
Jeffrey était fasciné par la France et son histoire, je tentais d'expliquer avec mon modeste anglais du mieux que je pouvais et Jeffrey semblait comprendre la plupart de ce que je racontais ce qui me donna un regain de confiance, bien aidé par l'alcool.
Je ne cessais plus de déblatérer quand rentra la colocataire de Jeffrey, une jeune Maorie d'une vingtaine d'années assez attrayante, dégageant une forme de beauté violente.
« Une belle bouche. » pensais-je lubriquement malgré moi. Elle me plaisait clairement.
Je continuais de soliloquer mais cette fois dans le but de l'impressionner et me mis à baratiner, devinant une cible facile.
Jeffrey s'absenta au bout d'un moment pour aller chercher d'autres canettes de bourbon-cola car je les buvais une a une, et recrachais des volutes de fumée, je carburais comme une locomotive et étalais toute ma science avec frénésie.
J'étais debout appuyé sur la baie vitrée, baladant mes bras en tout sens.
Millie était venu s'asseoir sur une chaise à coté de moi.
Elle me regardait par en dessous avec quelque envie, je m'en rendis compte.
Elle avait évoqué son petit ami auparavant qui c'était absenté pour la nuit, étant garde-côte.
Elle prononça alors ces mots.
« Peut-être devrais-je rester avec toi cette nuit. »
Je captais son regard et sentit le désir monter en moi.
Millie me regardait dans le blanc des yeux.
Elle approcha sa chaise et se plaça face à moi sans quitter mon regard, souriant avec malice.
Elle dégrafa mon bouton et fit glisser la fermeture éclair de mon jean puis me prit dans sa bouche.
Elle pressait ses lèvres charnues tout autour, l'excitation me submergeait, je frissonnais. Je la repoussais doucement d'une pression sur l'épaule.
Elle se redressa et releva sa jupe, je l'attirais à moi l'embrassant tout en glissant ma main sur son sexe cyclopéen.
Son souffle se fit plus chaud, à mesure que je la caressais, appuyant doucement sur son pistil qui se gonflait de sang, elle haletait.
Lorsqu'elle fut brulante, elle me glissa quelques mots doucement à l'oreille que je ne compris pas mais dont le sens m'était instinctivement connu, puis elle se retourna, agrippa le dossier de la chaise et se pencha pour se cambrer.
Je caressais ses fesses brunes d'un bel arrondi puis remonta jusqu'à ses larges hanches et la pénétra.
C'était bon, j'oubliais le reste.
Un homme ne peut uniquement se nourrir de spéculations et d'abstractions m'avait dit Jeffrey auparavant alors que je tenais un discours métaphysique quelconque, je ne me rappelais plus au juste, seule cette phrase était restée.
Ce corps était lui bien concret, cela me libérait d'un poids.
Elle gémissait vers le muret donnant sur la rue face à elle, donnant de la voix pour les passants ahuris, les moustiques virevoltaient autour de nous, sentant le sang chaud, ils nous dévoraient tout deux.
Ce fut à ce moment que Jeffrey décida de rentrer.
La porte claqua, je lâchais un dernier coup de reins et me retira.
Millie remonta sa culotte en hâte et se rassit sur la chaise.
Mais nous brulions toujours et Jeffrey ne manqua pas de le remarquer.
Il fit comme si de rien n'était et apporta les drinks.
Il restait quelque chose à finir, la soirée suivit gentiment son cours puis je fis mine de me coucher sur le canapé du salon assez tôt prétextant la fatigue et l'excès de boisson.
Jeffrey alla du même coup rejoindre ses appartements à l'autre bout de la maison.
Je scrutais la porte entrouverte de la chambre de Millie.
Puis dans l'obscurité sa forme se dessina, elle prit ma main et m'emmena.