L.

vatomuro

2.

Lara s'est allongée sur le lit dans le froid de la chambre et la lumière grise et triste d'un matin de fin de novembre.
- Tu n'est pas aller tirer avec eux ? elle m'a demandé.
- Non.
- Qu'est ce qui t'intéresse ?
- Les petits plaisirs de la vie. Le bruit des canons et l'odeur de la poudre n'en font pas partie.

Elle s'est penchée sur moi, je l'ai embrassée. Ma bouche sur sa bouche et une mèche de ses cheveux coincée entre nos lèvres.
Elle s'est mise sur moi, ses jambes repliées de chaque coté de mes flancs, le paradis. L'entrée de son sexe s'est approchée de la pointe du mien. Le sang tambourinait soudain dans toutes mes artères, une force puissante. La chaleur de son être m'a envahit et j'ai cru vaciller tant les frissons étaient enivrants.

Au loin, on entendait les échos de leurs fusils. Moi même sans aller à la chasse je te perdrais un jour Lara.


Le froid de la forêt dans ma trachée. Un mal pour un bien. L'engourdissement de l'hiver qui arrive, le piège qui chaque année se referme sur nous tous, la gueule du loup dans laquelle on se jette tous après chaque automne.

Là, dans l'herbe mouillée par la rosée, mes pieds à peine visible, se démènent dans la gadoue. Autour les arbres silencieux, et les oiseaux et la brume. Je ne l'ai pas sentie approcher, ses bras se sont enlacés autour de ma taille, puis son parfum est arrivée comme un bateau à travers le brouillard. J'ai senti son bassin se caler derrière moi. Ses phalanges se mêler aux miennes.

- À quoi tu pensais? Depuis tout a l'heure t'es planté là.
- À rien. Je me laisse crever par le froid. Après les oiseaux viendront bouffer mon corps. Surtout les corbeaux. ils se passent le mot, ils attendent que ça. Noël avant l'heure.
- Arrête tes conneries. Viens au chaud, y'a un feu dans la cheminée.
- J'arrive...
Sans me retourner, je l'ai écoutée me quitter, le bruits de ses bottes dans les herbes.
je suis resté encore quelques minutes, quelques siècles, seul dehors, avec juste les oiseaux au dessus de moi qui attendaient que je crève, le soleil qui ne comptait pas se lever ce matin parce qu'il voulait aussi que je crève, et le vent qui se foutait bien de ma vie comme de ma mort.

  • Ça saisit, sans serrer trop fort. Comme ces jours où on a les yeux grands, grands ouverts. Merci beaucoup.

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Vie1

    thib

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