La Bibliothèque d'Alexandrie

veroniquethery

Un ado dans l'Alexandrie antique

- Pas tout à fait, me répondit mon nouvel ami. Il y eut, sous l'époque romaine, des guerres civiles. Selon l'historien Strabon, la population était subdivisée en groupes : un premier cercle composé des citoyens d'Alexandrie, puis les « Hellènes » venus d'autres cités : de Grèce, d'Asie Mineure, ainsi que les Juifs. Enfin venait le troisième cercle : celui des Égyptiens, parfois si nombreux qu'il est arrivé que les Grecs décident d'en expulser une partie hors de la ville, afin de les contraindre à retourner cultiver les terres du Delta. Ces groupes ne s'aimaient pas beaucoup, cependant, les émeutes étaient rares sous le règne des Lagides.

- Les Lagides ? J'ai déjà entendu ce mot, mais...

- Ce mot vient de Lagos, le « lièvre »

- Quel rapport ?

- Connais-tu la reine Cléopâtre ? Bien, c'est son ancêtre, Ptolémée Ier Sôter (le « Sauveur »), fils de Lagos, qui a fondé officiellement, en 304, en tant que diadoque...

- Diadoque ???

- Successeur, si tu préfères. Successeur d'Alexandre Le Grand, qui a fondé le dynastie des Ptolémée Lagides.

- Comment vivaient-ils ? Comme des Grecs ou comme des Égyptiens ?

- Oh ! Ils étaient fiers de leurs origines macédoniennes : ils vivaient à la grecque, s'habillaient à la grecque, parlaient le grec -la koinè, langue commune à tous les royaumes hellénistiques- et respectaient les coutumes des Hellènes.

- Si tu le souhaites, je peux te montrer ce qui fit la gloire des Ptolémée et d'Alexandrie.

- Avec plaisir. Mais, qu'est-ce donc ? »

Durant toute cette conversation, nous avions, en effet, marché dans les rues et, tout en parlant, mon hôte m'en avait montré les innombrables richesses. La ville renfermait de superbes emplacements ou jardins publics, et des palais royaux qui occupaient le quart ou même le tiers de son étendue, car chacun des rois, jaloux d'embellir à son tour de quelque nouvel ornement les édifices publics, ne l'était pas moins d'ajouter dans les palais royaux quelques constructions à celles qui existaient déjà. Il m'avait aussi montré le musée : où travaillaient écrivains et savants entretenus au frais de l'état. Alexandrie lui devait sa réputation scientifique et artistique. Le museum faisait partie du palais du roi ; il renfermait une promenade, un lieu garni de sièges, pour les conférences, et une grande salle où les savant prenaient leur repas en commun. Il m'avait aussi nommé un lieu appelé sôma, qui faisait aussi partie du même palais : c'était une enceinte qui renfermait les tombeaux des rois et celui d'Alexandre.

Soudain, un garçon apparut au bout de la rue. Il me jeta un regard étrange, comme s'il me connaissait. Pourtant... Son visage n'avait rien de familier.  Je voulus interroger mon guide, mais il semblait soudainement contrarié. 

- Dimitrios, il est temps pour toi de repartir chez toi.

- Mais...

- Ne discute pas ! Tu reviendras bientôt, ne t'inquiète pas !

Un instant après, sans savoir comment ce prodige était possible, je me retrouvais dans ma salle de classe. Et là, étonnamment, tout paraissait normal. Tout, sauf un être ! Mon professeur de Latin n'était plus le même... Une autre personne avait pris sa place et j'étais, semble-t-il, le seul à m'en apercevoir...


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