La boîte à musique

Corinne Pelletier

Quand le lexique musical s'invite dans le métro

Tous les jours, c'est la même chanson, je remonte la boite à musique, qui selon la gamme, émet plus ou moins de crissement, mais toujours une alarme pour nous prévenir, majeur ou mineur que nous sommes, que le ballet va commencer.
Le chef d'orchestre, Octave, va imposer sa cadence et lire sa partition en espérant ne pas faire de fausse note. 3-4... Le tempo est donné. D'abord piano, puis allant crescendo jusqu'à l'allégro pour finir piano, piano à chaque auditorium.
Auditorium où se joue le temps d'une très courte pause, le jeu des chaises musicales. C'est à celui ou celle qui tiendra le mieux la corde et qui en deux temps trois mouvements gagnera son assise aux places de duo, trio ou quatuor. Laissant ainsi hors de sa portée la douce mélodie du Kolé Séré. Philippe, Lavil te remercie d'avoir donné à ses transports en commun son hymne officiel ! Mais c'est loin d'être un hymne à la joie.
D'accord ou pas d'accord, les pauvres danseurs que nous sommes, dodelinons à l'unisson, les pieds bien rivés au sol. La clé pour ne pas désenchanter, c'est de caler son do au mur (vitré) du son, ou de dégainer une croche ou mieux une double croche dans les airs pour tenir la barre haute.
A ce jeu, l'un des petits rats de cet opéra s'agace et me toise : "Flûte! Encore ut-il fallu que je fusse grande pour me hisser haut (Santiano)." Ce à a quoi, j'Aufray un hug en signe de compassion.
On ne joue pas dans le même registre que l'on ait une voix de tête ou voix de poitrine. Ainsi en est écrite la partition de la vie. "C'est la vie, pas le paradis." 
Et le paradis tient en peu de chose. L'acoustique étant ce qu'elle dans cette boîte à musique, il est de bon ton de ne pas pousser les décibels plus que nécessaires. Même si la musique est bonne (bonne, bonne, bonne...) elle ne se donne pas à qui veut ne pas l'entendre. A bon entendeur, salut... 
Salut l'artiste, aussi, qui s'invite à bord et pense nous enchanter en piaffant tout ce qu'il sait de La vie en rose. C'est plutôt En rouge et noir que je fulmine. "Je réclame un peu de tendresse" pour mes oreilles. Est-ce trop demander ?
Tout comme demander que mes oreilles soient épargnées des sonneries de téléphones et des conversations qui suivront, est-ce seulement  possible ?
C'est pourtant si fa-si-la-ré-duire au silence un téléphone. Comme le chante Zazie, dans le métro ou ailleurs : "Ça sonne, téléphone, mais je fais la sourde oreille, je ne réponds pas, ça sert à quoi ? " 

Ça sert à quoi, me direz-vous ? A rendre le voyage plus doux dans cette boîte à musique. 



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