La bonne vitrine

divina-bonitas

Témoignage

Je fus longtemps commerçante dans un quartier "hot", une zone urbaine défavorisée, sensible... La seule de la rue à oser m'y loger. Personne ne croyait que j'y ferai recette, encore moins l'agent immobilier, persuadé que je lui rendrais les clefs au bout de quelques mois après avoir bouffé le fond. Mis à part un grossiste qui commerçait discrètement sous les néons d'un local obscur, des bars de nuit et un pub échangiste, il n'y avait que ma boutique.


La nuit quelques coups de feu étaient parfois échangés.


Le jour quelques bandes y zonaient, rodant, fumant des pétards, s'invectivant, furetaient, trafiquaient...essayaient de me piquer je ne sais quoi sans y arriver. J'avais mis une marmotte siffleuse de 20cm de haut marchant à piles, laquelle me prévenait de toute arrivée. Alerte minimaliste en ayant surpris plus d'un, surtout quand il me voyait arriver en plein travail, scie circulaire en marche.


Mon premier local était situé en contrebas du trottoir. Il possédait des fenêtres doublées de contre-volets en bon acier plein et des portes blindées. C'était un ancien atelier de soieries magnifique dans lequel je m'étais tout de suite sentie comme à la maison.


Le second quelques mètres plus loin présentait une configuration à l'ancienne: bas pleins et haut vitré + rideaux de fer.


Dans les deux cas l'assureur l'exigeait.


J'avais lu dans un bouquin de feng-shui que pour préserver la bonne marche des affaires, il fallait éviter les vitrines jusqu'au sol.


Tout ça pour dire ma compassion aux commerçants qui se sont fait casser leurs vitrines et piller leur fond de commerce ces derniers WE. Mais un conseil pour eux: louez des locaux qui ont des murs bien pleins en bas sur au moins un tiers de la hauteur sans vous faire piéger par de fausses idées de vitrages immenses pseudo luxueuses et n'oubliez pas d'installer des rideaux de fer bien huilés. Sur un métal huilé, un autre métal dérape. En cas de nécessité remontez des murs costauds sur un mètre de haut. Le regard des clients n'en sera pas obstrué en journée et il est toujours plus compliqué pour des malandrins chargés de sauter un muret que de marcher à plat. Un rideau de fer évite les convoitises. Un bon petit commerce se passe de signes ostentatoires de richesse. Relire "Calixte ou la vie lyonnaise" en cas de besoin.


Les fausses bonnes idées architecturales de vitrines géantes de ces dernières années éclairées comme des sapins de Noël...en plus c'est cher tous ces éclairages et ça pollue le ciel nocturne.







  • tout est dit ! on crève du clinquant, du toc de l'instantané

    · Il y a plus de 5 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • Et beaucoup de petits commerçants sont aussi mal conseillés...y compris par les agents immobiliers qui leur louent plus cher des locaux "en vue", d'angle, clinquants itou...alors qu'un peu de connaissances de bon sens et en feng-Shui fait fuir les trucs d'angle, les grands boulevards, les quais ventés, le bruit, les courants d'air...pour moi un petit commerce pour qu'il fonctionne doit être intime et humble, sans étalages farfelus et ostentatoires.

      · Il y a plus de 5 ans ·
      Img 1518

      divina-bonitas

Signaler ce texte