La brume

yahn


Tu me dis que tu pars
et m'écris que tu reviens,
tu étais vaguement quelque part,
tu étais vachement bien,
mais tu reviens.
Et je ne me sens plus le droit
même de te réveiller,
la mer se calme dehors je crois
et j'essaye de rêver,
oui mais à quoi ?


Je sais bien que tes plaies
sont des lames.
Oui je sais que tes plaies
sont des lames.


Les mots s'en vont,
les gestes passent,
les mots s'y font,
mais y'a des instants qui me glacent.
Comme toujours on s'enfonce
dans quelques autres fanges,
d'autres gestes sans réponse,
qui se perdent et ça nous arrange,
enfin je crois.


Car tu sais que tes plaies
font notre âme,
oui tu sais que tes plaies
sont nos trames.


Mais il n'y a plus de trace,
ne souffle que le vent,
pour qui s'est perdu dans l'espace,
sans en avoir le temps.
Et je ne comprends pas comment,
on peut ouvrir les yeux,
sur un soleil levant
et n'y voir que du feu.


Alors je me souviens
d'autres nuits où la peur
te prend comme un chemin,
où c'est toi qui me retiens,
tu te souviens ?
Nos berges envahies par la brume,
tu sais que même les falaises se consument
sous les embruns,
et le vide peut être un lieu commun,
oui le vide peut être un lieu commun.


Et y'a des fleurs, tu sais, qui poussent pas très loin.
Oui y'a des fleurs pas très loin,
et je ne vois plus pourquoi ces lames,
non je ne comprends plus pourquoi ces drames.


Alors je t'en prie, viens voir les fleurs,
elles perdent quelques pétales, mais ont aussi un coeur.
Oui je t'en prie, viens voir les fleurs,
un coeur.

© 1995


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