La brume blanche et bleue

parismrs

J'me suis vite dit qu'il fallait que j'emmagasine tout, toi, ton menton fourré dans ton écharpe, la force de cet instant. Là-bas, dans le bout du ciel, ils ont lâché les premières étincelles, ça a pété fort, elles ont fendu l'ombre, t'as regardé au loin, la tête penchée dans l'air, tendue dans la nuit comme si tu rêvais, t'avalais l'horizon ambré, la ville fractionnée sous les jets de lumière, moi j'avalais les éclats rouges qui passaient au-dessus de ta tête, ton visage réverbère et tes joues qui ricochaient la pluie de pétard lancée depuis un bout de nuit.

  Tu ne m'avais jamais semblé aussi triste, aussi vrai. T'étais sous le feu d'artifice comme t'étais dans ma vie, par à-coups, comme un truc joli par moments, comme une putain de boule dans ma gorge.

 Je sentais retomber sur toi la brume blanche et bleue que soufflent les poètes et les fous et les seuls.

  

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